En 2018, plus de 1,5 million d’hectares seront cultivés en bio contre 1million fin 2015, soit une progression supérieure de 50 % en trois ans. Selon la Fnab, les producteurs ont toujours eu un temps d’avance sur le marché, l’essentiel étant de garder la main sur les filières de commercialisation.
L’agriculture biologique fait de plus en plus d’adeptes. En Bretagne, une réunion d’information d’éleveurs tentés par la conversion à l’agriculture biologique a fait le plein en mars dernier. En cette période de crise sans fin, qui n’épargne aucune filière, de plus en plus d’agriculteurs conventionnels voient une opportunité de sécuriser leurs marges, aujourd’hui au plus bas, en s’engageant dans l’agriculture biologique. L’appétit des consommateurs pour des produits alimentaires et l’organisation des filières offrent de sérieuses perspectives de développement en mettant les producteurs à l’abri de l’effondrement des prix agricoles.
A la fin de 2016, la surface agricole engagée dans l’agriculture biologique aura crû d’au moins 50 % pour dépasser le seuil de 1,5 million d’hectares labélisés « AB » d’ici 2019. Mais comme un hectare en cultures conventionnelles engagé en bio est moins productif, la production agricole biologique représentera un volume proportionnellement moins élevé. Probablement à hauteur de 35 %.
Question : au rythme auquel s’opèrent les conversions à l’agriculture biologique, le marché des produits bio est-il en mesure d’absorber l’augmentation de la production agricole attendue au cours des trois prochaines années ?
« Les marges de progression sont grandes. Il ne faut pas hésiter à prendre un temps d’avance sur la conversion, a déclaré Dominique Marion, président de la Fnab (fédération nationale de l’agriculture biologique) de 2009 à 2012. Nous sommes persuadés que la consommation va augmenter au même rythme. Mais nous, producteurs bios, tenons à rester des acteurs des filières et à favoriser la contractualisation tripartite. Nous ne voulons pas reproduire les erreurs d’organisation de filières dont sont victimes les agriculteurs conventionnels. »
« Certes nous ne sommes pas évidemment à l’abri d’une surproduction, comme par exemple en lait 2005, mais le contexte a bien changé depuis », ajoute-t-il.
La Fnab compte sur un coup de pouce législatif pour doper la demande en fixant à 20 % la part de produits servis issus de l’agriculture biologique dans la restauration collective.
Parallèlement, les agriculteurs biologiques « historiques » prennent conscience que leur secteur d’activité prend une dimension très économique. Ils constatent une différence entre les nouveaux convertis à l’agriculture biologique, plus enclins à proposer des systèmes bio industrialisés et les « anciens » qui associent leur mode de production à un choix de vie.
Au niveau européen, la possibilité de voir apparaître une filière biologique considérée ainsi différente de ce qu’elle avait été imaginée initialement apparaît plausible pour bon nombre d’opérateurs présents lors de l’assemblée générale de la Fnab.
Tout au long de l’année 2015, les ventes ont augmenté dans tous les circuits de distribution et ont atteint 5,5 milliards euros, soit une hausse de 30 % par rapport à 2012. Or la surface agricole cultivée en bio n’a progressé au cours de la même période que de 18 %. Les marges de développement de la production agricole biologique en France sont donc importantes.
L’équilibre du marché est actuellement assuré par des importations de produits déficitaires sur le marché français, en provenance de pays tiers.
Evolution du nombre d’opérateurs et des surfaces engagés en bio de 1995 à 2015
* premières estimations
Source : agence Bio / OC
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