Du 4 au 7 juillet, la commune de Le Dorat, en Haute-Vienne, va multiplier sa population par 20 voire par 30. Les 1686 habitants comptabilisés au dernier recensement de 2016 vont ainsi voir débarquer entre 30 et 50 000 visiteurs pour le championnat du monde de tonte de moutons. Une grande première en France.
Pour être précis, cette compétition, pour la première fois organisée en France, a commencé dès ce 1er juillet avec l’accueil des délégations à Limoges. Après deux journées de visites diverses pour faire découvrir le terroir local, la compétition débute ce 4 juillet. Et là, tout change pour Le Dorat, à 50 kilomètres au nord de Limoges.
Cette petite commune n’attire pour le moment des visiteurs que pour son site culturel, notamment sa collégiale. Et aussi avec son hippodrome, ouvert seulement trois journées par an à des réunions hippiques PMU, le 14 juillet et le 15 août, et depuis peu également le 16 juin… Et c’est tout ! Pour aller à Le Dorat, il faut connaître, avoir envie de France profonde et rurale, de se ressourcer…
L’histoire est donc belle de voir cette commune devenir capitale mondiale pendant quelques jours. D’autant qu’elle n’est pas due au hasard ! Toute une équipe s’est mobilisée depuis plusieurs années pour obtenir cette organisation, inédite en France, jusqu’alors partagée entre la Nouvelle-Zélande ou l’Irlande, l’Australie ou la Grande-Bretagne, comme réservée aux pays anglophones. Au moment où la viande ovine connait une crise sans précédent en France, les moutons français s’apprêtent à défier leurs homologues néo-zélandais, non pas sur les étals où la partie serait inégale, mais pour leur laine.
34 pays des 5 continents participent à ce championnat du monde. Ils seront plus de 300 compétiteurs avec 5000 moutons accueillis par 500 bénévoles grâce aussi au soutien de 76 partenaires… Et donc 30 à 50 000 visiteurs, et on ne parle pas d’autres moutons, des éleveurs alentour, qui participeront à la fête.
Cette fête, elle a été voulue pour mettre en avant une activité, la tonte, qui à la fois participe au bien-être animal (un mouton non tondu l’été peut avoir un coup de chaleur, d’autant que sa laine peut abriter des parasites), est un véritable sport qui réclame capacités physiques et technicité de la part des tondeurs, et aussi une valorisation de l’élevage à travers la laine.
Les organisateurs, l’AMTM (association pour le mondial de tonte de moutons), derrière leur président Christophe Riffaud (tondeur lui-même), font de ce 18e championnat du monde de tonte de moutons une grande fête de la ruralité et de l’agriculture. Au-delà de la compétition par elle-même (retransmise en direct sur leur chaine YouTube), déjà spectaculaire en soi avec trois épreuves – la tonte à la machine, celle aux ciseaux, et le tri de la laine – l’organisation a en effet prévu, sur 7 hectares, quatre villages (partenaires, exposants, artisans, producteurs), des expositions de races ovines, mais aussi porcines, équines, bovines, des démonstrations en tout genre (avec des chiens de troupeau notamment, mais aussi des bûcherons, des chevaux de trait…), et bien sûr une restauration pour apprécier la finalité de tout ce savoir-faire. Egalement des animations musicales et culturelles… Et même une cérémonie de clôture qui promet !
Et si vous faisiez partie de ces milliers de visiteurs ?
Note : la majeure partie des informations de cet article sont issues du dossier de presse de l’organisation, particulièrement fourni, qui explique aussi la filière laine et donne moult autres détails sur les différentes activités.
Ci-dessous, vidéo d’archives (Téléthon 2016) impressionnante de tonte de moutons.
En savoir plus : https://www.facebook.com/AMTM.LeDorat2019 (page Facebook de la candidature de Le Dorat aux championnats du monde de tonte de moutons) ; @AmtmLeDorat (compte Twitter) ; http://www.mondialdetonte-france2019.com (site internet officiel de la compétition).
Les photos ci-dessous (tri de la laine d’abord puis une scène du championnat de France de tonte) sont fournies par les organisateurs, l’AMTM. La première photo est signée Phoebus Communication. 
Par Antoine Jeandey
Journaliste professionnel depuis 1987. Rédacteur en chef de WikiAgri depuis sa création, en janvier 2012. Par ailleurs élu, adjoint au maire de Chaudon (commune rurale d'Eure-et-Loir, 1700 habitants). Co-auteur (avec Camille Beaurain) de "Tu m'as laissée en vie - Suicide paysan, veuve à 24 ans" paru au Cherche Midi éditeur. 
