Malgré une production de blé tendre en baisse, l’Argentine pourrait fortement concurrencer les blés français sur les marchés africains dès la prochaine campagne.
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L’Argentine a tout juste débuté sa récolte de blé tendre dans la région de « Nucleo norte ». Après avoir connu des aléas climatiques, notamment une humidité excessive ces dernières semaines, les estimations de production varient entre 16,3 et 17,5 Mt selon les sources. La production de blé argentin serait donc en baisse de 1 à 2 Mt par rapport à la campagne 2016/17.
Sur la seconde partie de campagne, les experts s’attendent à une forte présence de l’Argentine en Algérie, en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est. Et pour cause, depuis la libéralisation du marché d’export argentin, en décembre 2015, les exportations de blé tendre vont bon train (figure 1). En 2016/17, le pays a même battu son record d’exportation, atteignant 11,2 Mt. La campagne 2017/18 devrait suivre le même chemin, avec des exportations qui pourraient varier entre 10,5 à 11,5 Mt.
Figure 1 : évolution des exportations de blé tendre argentins (en milliers de tonnes)
Source : Stratégie Grains, décembre 2017
Le principal client de l’Argentine est le Brésil, qui a importé plus de 4,5 Mt sur la campagne précédente. Pour 2017/18, l’Argentine pourrait y livrer près de 5 Mt. Avec un disponible exportable d’au moins 10,5 Mt, il reste encore au pays 5,5 Mt de blé à livrer en dehors du Brésil (figure 2). Cela pourrait se faire sur les marchés privilégiés du blé français, et notamment en Algérie et en Afrique de l’Ouest. D’ores et déjà 300 kt de blés argentins ont été chargés pour l’Algérie ainsi que 140 kt vers l’Afrique de l’Ouest, dont 90 kt vers le Sénégal. Et cela avec du blé de l’ancienne campagne.
Figure 2 : répartition des exportations de blé tendre argentins en fonction des destinations – hors Brésil (en milliers de tonnes)
Source : Stratégie Grains, décembre 2017
L’Argentine, également un producteur important de maïs et de soja, doit gérer au mieux son stockage entre les différentes productions agricoles. Afin de faire la place avant l’arrivée du maïs en mars et du soja en avril, les organismes stockeurs font tout pour « dégager » au plus vite le blé tendre. Ainsi ils vendent de manière anticipée sur le marché, ce qui explique pourquoi au 8 novembre, les achats de la campagne 2017/18 avaient déjà atteint 4,6 Mt alors que la moisson vient à peine de commencer… Les exportateurs sont donc dans les starting-blocks ! Et comme les achats massifs du Brésil se déroulent surtout à partir du mois d’avril, on peut s’attendre à ce que ces volumes se retrouvent en Asie, en Afrique du Nord et de l’Ouest.
Si la production est conjoncturellement en baisse pour 2017/18 à cause d’aléas climatiques, elle devrait augmenter de manière plus structurelle. Les producteurs argentins reviennent du « tout soja » en réintroduisant des rotations voire de l’élevage dans les terres les moins propices. Qui plus est, avec la libéralisation du marché export en décembre 2015, qui redonne de la visibilité aux exportateurs, les producteurs sont de nouveaux attirés par la céréale.
Ces deux facteurs nous font dire que le blé argentin devrait de nouveau se faire très présent en Afrique du Nord et l’Ouest, comme ce fut déjà le cas avant 2012. Le blé français va devoir à nouveau affronter cette origine.