Une journée d’information d’une association d’agriculteurs donne l’opportunité de percevoir comment ce sujet sur le numérique est présenté aux hommes du terrain, quant à ses implications dans l’agriculture.
L’association Défisol a accueilli récemment près d’Evreux (Eure) plus d’une centaine de participants à sa journée annuelle autour du thème de la révolution numérique dans l’agriculture de précision. Devant cette assemblée constituée d’agriculteurs, d’éditeurs de logiciels et d’équipementiers, Charles Duval, chef de projet « agriculture de précision » pour Défisol, a synthétisé l’état de la révolution numérique en 2016, éclairant sur cette vague qui semble vouloir se déferler sur notre agriculture.
En anglais, le terme Data signifie « informations », au sens de « données ». Dans le numérique, cela réclame des octets, ou de la capacité d’espace pour recueillir ces donnés. Aujourd’hui, ces informations rythment notre quotidien via nos ordinateurs, nos Smartphones, nos cartes bancaires, nos tracteurs et leurs équipements associés. Dans notre société moderne, l’immense majorité des gens sont familiers à ces informations véhiculées par ces appareils, et depuis plus de trente ans dans certains cas.
La nouveauté réside surtout dans le mode d’échange des informations. Le big data consiste en un recueil de données, lesquelles sont croisées, pour fournir de nouvelles informations issues de ce « raisonnement ». Il en résulte un foisonnement qu’a résumé ainsi Charles Duval « entre 2010 et 2015, on a généré autant d’informations que dans les cinquante années précédentes ».
L’intérêt consiste à croiser les informations, de les analyser pour voir ce qu’elles vont révéler. De nombreux secteurs économiques les utilisent et en particulier des géants tels Google. A partir de vos recherches, Google analyse votre navigation et vous délivre des publicités de produits correspondant à vos aspirations. C’est cela la valeur de l’information ! Vous avez généré des informations, Google les a exploitées !
Imaginez un modèle météorologique qui vous dirait « pas de pluie durant 15 jours ». Votre suivi cultural permet de savoir que votre culture est à un stade critique pour son alimentation en eau. Les tensiomètres présents sur la parcelle vous montrent une réserve utile au plus bas. Vous vous hâtez de mettre en route votre installation d’irrigation pour éviter une perte de rendement… Maintenant, imaginez que tout cela soit automatisé via une plateforme web et des applications connectées qui vont collecter les informations et les traiter pour déclencher automatiquement l’irrigation. Isolées les unes des autres, chacune des informations a peu d’intérêt, mais mises en commun et traitées, elles ont une réelle valeur ajoutée !
Un exemple concret d’application, datant d’il y a deux ans. John Deere et BASF se sont alors associés dans le domaine des applications pour créer une plateforme de gestion complète. « Plutôt que de combiner des outils existants, nous concentrerons nos efforts de recherche et de développement sur des solutions novatrices répondant intuitivement aux besoins des agriculteurs dans toutes les étapes du cycle de production », déclarait ainsi à l’époque Christoph Wigger, vice-président Sales & Marketing région 2 de John Deere.
La course est donc lancée dans les grandes compagnies. Elles vont proposer une panoplie de services pour aider l’agriculteur dans son processus de production et, au passage, lui vendre des solutions technologiques innovantes.
La voie la plus présente en France semble être le partenariat entre les firmes avec des solutions où chacun se concentre sur son cœur de métier. Massey Ferguson et son projet Fuse, mais aussi Trimble avec la Connected Farm se sont clairement affichés dans cet environnement, qui a le mérite de laisser l’agriculteur maître de son exploitation.
En savoir plus : http://www.defisol.fr/index.php?option=com_content&view=category&layout=blog&id=12&Itemid=38 (programme de la journée du 4 février de Défisol) ; https://www.deere.fr/fr_FR/our_company/news_and_media/press_releases/2013/agriculture/dec/12_2013_basf_1.page (partenariat John Deere – BASF) ; http://www.agcotechnologies.com/news/article/agco-takes-open-approach-to-meet-customer-needs (le projet AGCO Fuse) ; https://www.connectedfarm.com/fr (Trimble et Connected farm).
vrai si on remet les clés de l’exploitation à un système de type boite noire! mais ce n’est pas l’esprit des acteurs de DEFISOL qui veulent justement savoir ce qui se passe dedans!
Se pose immédiatement la question : à qui appartiennent les données ? constructeur ? agriculteur ? Prestataire ?
et pour que faire ?
Un exemple : une célèbre marque de matériel agricole (plutôt verte…) « maintient » plusieurs centaines voire plusieurs milliers de moissonneuses batteuses dans le monde et collecte en temps réel tout un tas de données qui vont de l’état de la machine, à son bon fonctionnement en passant par le rendement instantané.
Le constructeur dispose donc en consolidé, en temps réel et bien avant tout le monde, de données sur le rendement des cultures !
Je laisse votre imagination faire le reste…
La propriété des données est évidement cruciale et probablement un des enjeux majeurs des années à venir; Source de revenu complémentaire ?
A quand des CUMA data ?
@JPK
C’est peut etre evident pour toi, mais peux tu elaborer?
Quels sont les risques pour les agriculteurs si les donnees sont collectees par ces entreprises?
(Desole pas d’accent sur mon clavier…)
Bonjour Clément
Celui qui possède le premier les informations sur les volumes et les quantités récoltées peut intervenir sur les marchés par exemple, en couverture ou , surtout, en position.
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Se méfier des applications de type « automatique » où l’agriculteur confierait sa gestion et une confiance absolue à un robot. Il faut conserver l’autonomie dans les décisions pour garder une place à l’intuition et à l’improvisation. Il existe toujours des singularités spatio-temporelles.