La production de maïs français de 11,8 millions de tonnes est fortement concurrencée par les autres céréales fourragères et surtout par les quantités inégalées de maïs disponibles sur le marché mondial.
Il y a un score dont les producteurs français de maïs se seraient bien passés. La campagne de 2016 s’inscrit dans la lignée de 2015 mais en pire ! La récolte française de maïs est, cette année, à la fois faible en quantité (11,8 million de tonnes) et difficile à écouler. Les débouchés sont en effet réduits. Le maïs français est en compétition avec les quantités significatives de blé fourrager disponibles en France et sur le marché européen. Et comme aucune taxe à l’importation n’est appliquée sur le marché européen, compte tenu du niveau des cours actuels, les maïs ukrainiens concurrencent aisément les grains français. Or les productions américaine et ukrainienne sont particulièrement abondantes et au printemps prochain, des récoltes argentine et brésilienne importantes, sont attendues.
« Toutefois, une petite opportunité à l’export est cependant à saisir en cette fin d’année en raison des problèmes logistiques rencontrés aux Etats Unis et en Ukraine, analyse Alexandre Boy d’Agritel. Mais au début de l’année prochaine, la concurrence des maïs importés pèsera plus lourdement sur le marché européen et concurrencera l’offre française. »
En effet, toujours selon Alexandre Boy d’Agritel, le gouvernement ukrainien a réduit les capacités d’acheminement des céréales par camions. Obsolètes, les infrastructures routières ukrainiennes se détériorent très vite sous le poids excessif des camions surchargés.
Aux Etats-Unis, la priorité est la livraison de soja. La forte demande de la Chine et accessoirement des autres pays importateurs, obligent les ports à charger en priorité les cargos en graines de soja et à restreindre l’affrètement en maïs faute de quais disponibles ; ce qui réduit l’offre disponible et peut créer quelques tensions sur les cours.
Cette année, la production mondiale de maïs a augmenté de 65 millions de tonnes par rapport à 2015 pour atteindre 1,035 milliard de tonnes tandis que celle de l’Union européenne plafonne à 58,5 millions de tonnes (Mt). Outre la France, la production a significativement baissé en Bulgarie, en Roumanie mais elle a augmenté en Pologne et elle s’est maintenue dans les autres pays d’Europe centrale.
Les bonnes récoltes de maïs vont stimuler la consommation mondiale (+ 54 Mt) et vont atténuer, par contrecoup, l’augmentation des stocks. Mais la campagne prochaine commencera avec des stocks de report supérieurs de 23 Mt en maïs et en blé par rapport à l’an passé, ce qui pénalisera encore les producteurs en termes de prix, sauf accident climatique à l’entrée de la nouvelle campagne.
Toutefois, sur les 221 Mt de stocks de report de maïs attendus, seul la moitié est disponible puisque la Chine en détient plus de 100 millions de tonnes. Aussi, l’importance des stocks mondiaux de maïs est à relativiser (ils ne représentent pas plus de 14 % de la production mondiale hors Chine).
Alexandre Boy souligne aussi la forte résistance, depuis deux ans, des agriculteurs ukrainiens et russes face à la dégradation des conditions de leurs échanges commerciaux : les dévaluations du rouble et de la hryvnia (monnaie ukrainienne) ont renchéri les coûts des intrants importés mais accru les prix des grains payés aux producteurs. De plus, les bonnes conditions climatiques ont compensé le renchérissement du prix des fertilisants.
« En Argentine, le nouveau régime politique libère les capacités de production et d’exportation des céréaliers, ce qui conduira à un accroissement des mises en marché pour le maïs. Et au Brésil, les conditions climatiques vont semble t-il revenir la normale et permettre d’augmenter la production », ajoute l’expert.
Dans ces conditions, la France fait vraiment pâle figure face à ces marchés d’abondance. Les maïsiculteurs ont encore cumulé cette année les malchances : semis dans des conditions trop humides puis sécheresse estivale ; autant de facteurs qui ont pénalisé leurs récoltes.
Contrairement à 2009, la parité de l’euro ne pénalise pas davantage les cours européens déjà faibles. Mais selon Alexandre Boy, l’élection de Donald Trump, le nouveau président américain, pourrait modifier les parités monétaires et faire évoluer dans un sens ou dans l’autre les prix des grains.
En savoir plus : http://www.igc.int/downloads/gmrsummary/gmrsummf.pdf (rapport du conseil international des céréales) ; http://www.franceagrimer.fr/content/download/47730/457421/file/pres_conj_CSC_121016_V2.pdf (rapport du conseil spécialisé céréales de France Agrimer) ; http://www.franceagrimer.fr/content/download/48068/460874/file/Bilans1617_Envoi_161109.pdf (bilan prévisionnel des maïs).