cover blank wikiagri

La stratégie d’importations de l’Arabie Saoudite en pleine mutation

Grand pays importateur de céréales, l’Arabie Saoudite se tourne de plus en plus vers les aliments composés pour nourrir son cheptel. Ses besoins en blé, orge et maïs vont être amenés à changer progressivement dès la prochaine campagne.

–stop–

L’Arabie Saoudite est un grand pays importateur de céréales : 8,1 millions de tonnes d’orge en 2016-17 (ce qui en fait le premier importateur mondial), 3,7 Mt de maïs et 3,6 Mt de blé tendre. Et pour cause, la production est quasi inexistante, le gouvernement saoudien ayant peu à peu interdit les productions de céréales pour conserver les réserves d’eau du pays.

Il y a une dizaine d’années, la production saoudienne de céréales avoisinait encore 3 Mt. Aujourd’hui le blé est surtout importé pour la fabrication de pain alors que l’orge et le maïs sont à destination de l’alimentation animale. Mais la situation pourrait évoluer dans les années à venir.

Une production d’aliments composés de plus en plus importante

80 % de l’orge importée est destinée aux animaux sous forme brute, elle ne subit pas de transformation. Ce sont principalement les moutons, les chameaux, les chèvres et plus rarement les vaches qui se nourrissent d’orge. La production avicole n’est que peu consommatrice puisqu’elle utilise à peine 5 % des volumes importés.

Or les importations d’orge diminuent depuis les deux dernières campagnes sans diminution du cheptel (figure 1). En cause : l’augmentation de la fabrication d’aliments composés à base de maïs, auquel peut être ajouté, dans de plus faible proportion, du blé fourrager et du sorgho, mais pas d’orge. Et les éleveurs du pays sont de plus en plus convaincus par l’intérêt des aliments composés, plus riches et mieux digérés par le bétail.

Figure 1 : évolution des importations d’orge et de maïs en Arabie Saoudite (en millions de tonnes) – Source : USDA


Le Royaume dispose actuellement d’une capacité de fabrication d’aliments composés de 7,7 Mt, utilisée à 61 %. La plus grosse entreprise du pays, Arasco, possède à elle seule une capacité de 4 Mt. Selon le ministère de l’Agriculture, la demande devrait passer à près de 15 Mt d’ici la fin de l’année 2018 car le pays va interdire d’ici là la production de fourrage.

Des importations qui évoluent en conséquence

Les importations d’orge, réalisées entièrement par la Sago (acheteur étatique), continuent tout de même d’être conséquentes ; l’USDA les prévoit à 10 Mt pour cette campagne 2017/18, contre 10,5 Mt l’an dernier. La France est l’un des principaux fournisseurs du royaume (860 kt en 2016/17), derrière l’Ukraine (2.3 Mt), la Russie (1.2 Mt) et l’Argentine (900 kt).

L’Arabie Saoudite est le premier débouché de l’orge française, par conséquent une baisse globale de ses importations pourrait avoir un impact non négligeable sur la répartition des exportations.

Les importations de maïs sont à l’inverse en forte hausse : elles ont doublé en 6 ans, passant de 2 Mt lors de la campagne 2010/11 à 4 Mt en 2016/17. Cette tendance devrait se poursuivre pour accompagner la hausse de fabrication d’aliments, notamment destinés à la volaille pour laquelle le maïs représente 60 % de l’aliment. Ce sont les Américains, les Argentins et les Brésiliens qui devraient bénéficier de cette hausse.

Pour le moment, le blé fourrager ne représente qu’une très faible part des importations de l’Arabie Saoudite, 155 kt sur un total de 3,8 Mt de blé importés. Mais il se pourrait qu’avec le développement de ces aliments, ce type d’importations évolue.
 

Margaux Verdier (France Export Céréales)

Article Précédent
Article Suivant