La sécheresse sévit en Occitanie et inquiète beaucoup les agriculteurs. La pluie n’est pas tombée significativement depuis plusieurs mois sur la région, avec des conséquences y compris sur les prochaines cultures avec des semis différés.
Dire que la sécheresse angoisse les agriculteurs d’Occitanie est un doux euphémisme. Car voilà plusieurs mois qu’il n’a pas plu de manière significative sur la région. Une situation que l’on remarque particulièrement en ce début d’automne sur l’Aveyron, le Lot et le sud-Lozère.
Ainsi, depuis le 15 juin dernier, sur ce dernier département, les monts de l’Aubrac n’ont été arrosés que par 20 millimètres de pluie tout au plus. Si bien que les éleveurs rencontrent des difficultés pour abreuver le bétail. Dans le Tarn, les JA demandent que la calamité agricole soit reconnue puisque, là encore, la sécheresse est une réalité. Certains éleveurs envisagent même de vendre prématurément une partie de leurs bêtes pour éviter de continuer à les alimenter. Non loin de là, c’est encore la désolation qui prévaut au nord de la Haute-Garonne. Pas de culture ni un seul brin d’herbe n’est présent dans quantité de champs.
D’ailleurs depuis la ferme de Véronique Foulquier, qui possède aux côtés de son mari Jean-Pierre une exploitation céréalière de 140 hectares de blé dur, de pois et de tournesols sur une zone de coteaux non irrigable, on aperçoit à perte de vue des terres non cultivées et particulièrement arides. « Vous voyez autour de vous, ça devrait être vert partout et finalement on a l’impression que tout a été désherbé. Parmi les arbres en contrebas, ceux qui sont fragilisés depuis plusieurs années vont mourir, c’est certain ! »
Installé depuis 1973 le couple, adhérent à la Fdsea de Haute-Garonne, tient à savoir s’il pourra travailler et dans quelles conditions. Alors il répertorie jour après jour sur un calendrier, la quantité de pluie tombée sur son domaine et cette terre argilo-calcaire, située à une trentaine de kilomètres au nord-est de Toulouse. En l’espèce elle s’établit à moins de 560 millilitres depuis le mois de janvier dernier, contre 750 pour une année normale. Conséquence, en ce moment, Véronique et Jean-Pierre Foulquier sont contraints de ne rien faire sur leur exploitation. Les semis de colza n’ont même pas été possibles en septembre. C’est tout juste s’ils peuvent passer la disqueuse, de manière à casser les crevasses et les mottes de terre très compactes qui se forment çà et là. « Les prix ne sont déjà pas au rendez-vous. Mais en plus la qualité en blé n’est pas là et on n’a pas une bonne récolte de toute façon, donc on a vraiment une année affreuse ! On n’avait pas connu ça depuis longtemps », soupire Véronique Foulquier.
Une pluviométrie très faible donc à laquelle vient s’ajouter l’absorption par la végétation de toute l’eau stockée dans les sols, ainsi que l’explique Philippe Jougla, le président de la Frsea d’Occitanie. « On a une situation qui est réellement très installée et qui suscite toutes les inquiétudes pour nous. Outre le fait que les céréaliers ont une terre très sèche, ce qui ne permet pas de semer. On voit aussi que les éleveurs n’ont plus de foin. Parce qu’en hiver et au printemps on a eu beaucoup de pluie et de froid. Donc ils n’ont pas pu sortir leurs troupeaux et aujourd’hui ils ont épuisé leurs réserves ! »
Même tonalité chez Michel Desrochettes, porte-parole de la Confédération paysanne de Haute-Garonne. Le responsable a même fait ses comptes. En Haute-Garonne, il estime que les 6000 agriculteurs sont peu ou prou impactés, avec pour conséquences une perte de 90 millions d’euros, à cause de la diminution parfois du tiers de leur rendement et de la nécessité de s’approvisionner en fourrage à l’extérieur de leur exploitation. Ce qui représente un inévitable surcoût. Voilà pourquoi la sécheresse a été la préoccupation principale lors du Sommet de l’élevage qui vient de se tenir à Clermont-Ferrand. Les syndicats agricoles ont demandé au ministre de l’Agriculture Stéphane Travert de rechercher des approvisionnements en foin dans les pays européens et d’empêcher une flambée des prix, parce que les trésoreries sont déjà très tendues.
« Nous lui avons demandé aussi que l’Etat prenne en charge les cotisations sociales du début de l’année prochaine et ne se contente pas d’un simple report », souligne Françoise Huchet de la Confédération paysanne de la Haute-Garonne. « Et puis nous, nous pensons que nous devons réfléchir à un autre modèle que celui mis en place depuis les années 1960. Un modèle qui soit respectueux des cours d’eau, des sols, de l’environnement, des bêtes, des consommateurs et des producteurs. Le bien-être paysan il faut en tenir compte. D’autant qu’avec moins d’intrants et de rendements, on peut avoir des marges tout aussi bonnes ! »
Cependant une question se pose, celle du niveau de la ressource en eau dans la région. Sur son dernier bulletin de situation hydrologique, la Dreal (direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement) d’Occitanie relève qu’au 1er septembre, dans le bassin Adour-Garonne, l’état des petits cours d’eau de tête s’est dégradé fin juillet et est préoccupant. Le tarissement est même généralisé. En revanche sur les grands axes la situation est plus satisfaisante, même si elle apparaît tendue. Quant au taux de remplissage global des retenues il est de 75 %, contre 42 % à la même période de l’année dernière. Enfin les nappes phréatiques présentent un niveau modérément haut. C’est le cas pour deux tiers des indicateurs globaux.
Voilà qui fait dire à Philippe Jougla « qu’il faut lever le tabou du stockage de l’eau ». Ce à quoi Lionel Saint-Olympe, ingénieur à l’antenne régionale de l’Agence française pour la biodiversité lui répond que « un travail est actuellement mené par l’Etat sur les politiques publiques à mettre en œuvre concernant la gestion quantitative future de la ressource en eau, notamment au regard du changement climatique et de ses conséquences potentielles ». En attendant la Dreal admet que seules des précipitations abondantes assureraient des réserves biologiquement acceptables. Sauf qu’il va falloir se montrer encore un peu patient. Météo France perçoit que la semaine qui s’annonce sera de nouveau assez sèche.
Ci-dessous, tout autour de cette ferme du nord-est de Toulouse c’est le même paysage de désolation.
Ci-dessous, la terre sèche de Véronique et Jean-Pierre Foulquier laisse apparaître des crevasses et des mottes de terre très compactes.
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Dans les année 1985-1990 des travaux important ont été mis en œuvre dans la réalisation de retenues collinaires… Hélas, dans ce pays mal géré et indiscipliné où il y a toujours 50% « pour » et 50% « contre », tout cela accompagné d’une politicaille qui se gargarise dans ces cas de remuer du vent par des palabres inutiles, c’est ainsi que le chariot reste embourbé et fait du sur place. De plus, dans ce contexte d’un endettement abyssale de l’État, on n ‘ a pas fini d’entendre des discours sans lendemain, sachant qu’il faut coute que coute continuer à payer des improductifs..