Le Cotentin à l’Ouest, le bocage au Sud et la plaine de Caen à l’Est. À Longuessur- Mer sur le littoral des plages du débarquement de Normandie, la SARL Lecarpentier occupe depuis sa création en 1972 une région frontalière marquée par les productions d’élevage équin, d’élevage laitier, de maraîchage, et de grandes cultures principalement. Elle se fait entre autre le trait d’union entre les productions avec 40 % de son activité dans la récolte, le transport et le négoce des pailles. Dans le secteur elle est devenue une entreprise qui compte avec une vraie image de marque de même que dans le triage à façon qui l’occupe également à 40 %. Le reste du temps elle propose des chantiers de culture (y compris lin textile et betterave) de A à Z et s’est aussi spécialisée dans la pulvérisation. Aujourd’hui elle compte en plus des deux associés, six personnes à temps plein et jusqu’à douze en pleine saison. Rencontre avec Wilfrid Lecarpentier, installé en 2003 avec son père Jean-Maurice.
« Pérenniser des prestations en apportant de la valeur ajoutée »
« Ma philosophie, c’est que nous avons de l’avenir partout où l’on trouve un intérêt pour nos clients. Nous sommes durables là où nous sommes rentables pour eux », avance d’emblée le jeune associé qui met de l’ingéniosité dans chaque chose pour trouver des solutions capables de grappiller des économies d’échelle. Les voies de compétitivité recherchées, passent parfois dans le matériel, à l’image du réaménagement de l’enfouisseur d’ammoniac en enfouisseur multifonction de solution azotée, mais aussi dans la matière grise, lorsqu’il s’agit de traitements bas-volumes ou d’agriculture de précision. Plus original encore ; l’organisation de l’entreprise et du travail semble y être un facteur clé raisonné à part entière dans la chaîne de valeur.
« Diversif iés dans la pulvérisation »
Côté pulvérisation, le jeune associé s’est lancé en 2009 : « les épandages d’ammoniac allaient être interdits en 2010 et je recherchais une activité de substitution. Sans trop le savoir, nous sommes diversifiés au bon moment. La demande allait progresser avec l’arrivée du certiphyto et le durcissement des contraintes réglementaires », relate Wilfrid.
L’entrepreneur a investit dans un Spra coupe, puis un deuxième auquel on a adapté des chenilles pour répondre à des besoins en conditions humides « Pour le même prix, je préfère avoir deux outils compacts plutôt qu’un seul de très grande largeur. Je valorise mieux les fenêtres climatiques et je gagne en efficacité en dédiant chaque matériel à une région géographique ou bien à un type de produit. Dans ce système, les chauffeurs ne font
pas des journées complètes sur la machine ce qui n’est pas plus mal ».
« Prendre le pouvoir de décision »
« L’application de produits phytosanitaires est devenue tellement compliquée, qu’il est devenu très difficile en tant qu’entrepreneur de prendre pour soi la responsabilité des applications sans prendre en même temps le pouvoir de décision, tout en restant efficace. Aujourd’hui, je gère l’ensemble de mes clients en pulvérisation comme une seule et unique ferme. Je diminue les risques d’erreurs et je mutualise tous les aspects administratifs, de mises aux normes, de compétences, de formation et de matériel. Dans cette logique de délégation, nous menons également des chantiers de A à Z. Eleveurs, agriculteurs en retraite, ou propriétaires, à 450 €/ha le forfait, différents types de profils peuvent s’y retrouver. Les charges de mécanisation des agriculteurs oscillent souvent entre 400 et 800 €/ha. Dans ce type de prestations déléguées, je m’attache de plus en plus à rendre compte de mes actions et de mes observations. En juin dernier, j’ai préparé mes clients à l’éventualité d’une mauvaise récolte. J’avais pressenti que les conditions météorologiques allaient pénaliser les rendements ».
Texte et photos Alexis Dufumier