En 2013/2014, la Roumanie est devenue le troisième exportateur européen de blé vers les pays tiers, juste derrière la France et l’Allemagne. Retour sur cette montée en puissance.
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Depuis le début des années 2000, la production de blé en Roumanie évolue en dents de scie avec un plus haut atteint en 2004 avec 7,8 Mt et un plus bas l’année d’avant avec 2,5 Mt. En 2014, la production nationale a atteint 7,4 Mt (selon UkrAgroConsult).
Concernant les exportations vers les pays de l’Union Européenne, on note un ralentissement depuis 2011/12 où la Roumanie exportait en moyenne 1,2 Mt. La demande en baisse de l’Italie et de l’Espagne, clients traditionnels du blé roumain, force la Roumanie à s’exporter fortement en dehors de l’Union Européenne.
Paradoxalement, pour la campagne en cours, et en dépit d’une récolte de blé abondante en Europe, le pays devrait exporter plus de 700 kt vers l’Union Européenne, contre 623 kt en 2013/14.
Au niveau des exportations hors UE, le pays est en passe de réaliser une bonne année avec pas moins de 3 4 Mt estimées à ce jour ; ce chiffre reste néanmoins inférieur aux 5 Mt vendues en 2013/14, campagne durant laquelle la Roumanie s’est hissée au troisième rang des plus grands exportateurs européens de céréales vers les pays tiers.
Les exportations vers les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, réalisées exclusivement par le port de ConstanÈ›a, ont été multipliées par 12 depuis 2006/07 où celles-ci ne dépassaient pas 0,6 Mt.
Les premiers clients du blé roumain sont l’Égypte, la Corée du Sud, la Libye et la Jordanie (figure 1). La Roumanie est devenue le principal fournisseur de blé de l’office égyptien (GASС) pendant la campagne 2013/14. La part du blé roumain atteignait 33 % en 2013/14 contre 14 % en 2011/12, année où l’origine roumaine est apparue pour la première fois dans les achats de l’Etat égyptien.
Figure 1 : destinations du blé roumain hors UE depuis 2007/08
Sources : Stratégie Grains
L’avantage concurrentiel de la Roumanie dans la région de la mer Noire vient à la fois de sa situation géographique favorable et de son infrastructure portuaire bien développée. Le pays propose les prix les plus bas dans cette région du globe ainsi que des taux de fret avantageux. Pour la quasi-totalité de la campagne 2013/14 et pendant l’été 2014, les prix roumains étaient en-dessous des prix français mais aussi des prix russes. Depuis septembre, la compétitivité du blé roumain a diminué de manière substantielle (au profit de la France notamment) (figure 2). Toutefois, la Roumanie n’est pas hors jeu. En effet, à ce jour, les experts considèrent qu’elle a réalisé moins de la moitié de son potentiel d’exportation en blé.
Figure 2 : Importations de blé par l’Egypte : résultats des appels d’offres du GASC en 2014/15
Sources : données FEC
D’un point de vue plus général, il est intéressant de noter que les exportations de céréales roumaines ont augmenté de 730 % au cours de la dernière décennie. Cette avance enviable attire les investisseurs pour cultiver les terres du pays. Fondamentalement, la région de la mer Noire est considérée comme ayant un des potentiels de croissance les plus élevés dans le monde entier. Compte tenu de l’instabilité politique et financière en Ukraine et en Russie, l’attention des investisseurs potentiels se focalise sur des pays moins volatils, tels que la Roumanie et la Bulgarie.