Effet collatéral des choix gouvernementaux sur l’application en France de la Pac : la filière riz de Camargue est en danger de disparition. Et avec elle, tout l’entretien de cette région si particulière, foyer français d’une biodiversité exceptionnelle.
Bertrand Mazel, président du syndicat des riziculteurs de France, ne décolère pas. Joint au téléphone après avoir rédigé un communiqué (lien en fin d’article), il explique ainsi que le riz « fait partie des cultures sacrifiées sur l’autel de la politique choisie en France pour mettre en oeuvre la Pac« .
Ainsi, au même titre d’ailleurs que des filières comme celles du lin, du chanvre, du houblon ou encore de la fécule de pomme de terre, le riz français va perdre ses aides couplées à la production. Cela représente, rapporte Bertrand Mazel, « près de 20 % du chiffre d’affaires d’un hectare de riz« . Il dénonce ainsi la « triple peine » des choix français pour sa filière : « le paiement redistributif, l’aide couplée, et la convergence« . La riziculture a perdu sur tous les plans, et les aides passent de 800 à 300 €, là où il était espéré qu’elles ne baissent qu’à 600 €.
« Parallèlement, ajoute Bertrand Mazel, l’Italie et l’Espagne, nos concurrents en Europe, gardent les aides couplées. Nous sommes donc en distorsion par rapport à eux. »
Pour « compenser », les services du ministère ont imaginé une MAE (mesure agro-environnementale), mais « c’est une usine à gaz« , dénonce Bertrand Mazel. « Il faudrait l’accord de Bruxelles, la participation de la région et plusieurs autres conditions à remplir telles qu’il est pratiquement impossible de les réunir toutes.«
Depuis une bonne soixantaine d’année que la filière rizicole française existe, elle participe grandement à l’entretien écologique et économique de la Camargue. Elle contribue à combattre les avancées salines en « injectant 500 millions de mètres cubes d’eau douce dans le milieu naturel« , toujours selon Bertrand Mazel. Et au-delà de la filière rizicole, qui représente par elle-même 230 producteurs et près de 2000 emplois induits, il y a l’élevage de Camargue, qui profite directement du combat des riziculteurs contre la salinité pour exister. Et cet élevage représente 150 éleveurs de taureaux de Camargue, 120 éleveurs ovins, avec derrière eux près de 1600 personnes qui travaillent dans ces filières.
Ces éleveurs vivent grâce à la filière riz, et ils le savent. Ils vont d’ailleurs manifester avec eux, ce mercredi à Arles, pour alerter contre la fin de la filière riz (20 % du chiffre d’affaires en moins d’une part, plus la distorsion de concurrence avec les pays voisins d’autre part, ce n’est pas vivable), qui impliquerait peu ou prou celle de l’élevage. Ensemble. Parce que sans l’un, l’autre n’existe pas. L’entretien de la Camargue, la richesse de sa biodiversité, passe par cette association culture/élevage.
Alors que le calcul politicien de Stéphane Le Foll consistait, à travers ses choix d’arbitrage pour l’application française de la Pac, à opposer les deux pour mieux régner. Raté, il retrouve les deux camps n’en formant plus qu’un, pour faire face à ses décisions. Et surtout pour tenter, malgré lui, de sauver l’activité agricole en Camargue, donc la Camargue elle-même…
En savoir plus : https://wikiagri.fr/hubs/communiques-de-presse/la-riziculture-et-lelevage-camarguais-en-peril-!/999 (le communiqué de presse diffusé le 10 mars expliquant les dangers encourus par les filières rizicoles mais aussi d’élevage associé en Camargue).
Notre photo d’illustration est issue du site http://rizdecamargue.com.
Vous vous êtes très bien expliqué, merci beaucoup pour ces précisions.
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A savoir:
L’eau est pompée dans le Rhône puis envoyée dans de grands canaux, vers quelques propriétés qui partagent les frais d’entretien.
Elle est ensuite distribuée par d’innombrables petits canaux – les « porteaux » – aux rizières.
Il est nécessaire d’utiliser de 30 000 à 50 000 m³ d’eau par hectare afin d’éviter les remontées de sel.
Sans ce vaste réseau d’eau affecté à la riziculture, qui profite aussi aux étangs et aux marais, l’écosystème camarguais serait sans doute très différent en raison de la salinité importante des sols.
Le sel et un combat de toute l’année. Durant les mois de sécheresse d’été le Rhône et si bas et un débit tellement minime que l’eau de mer remonte les bras du Rhône qui est aspiré par les stations de pompage des riziculteurs.
Des moyens technologique nous permet de stoppé tout pompage grâce à un Mesureur de salinité que le riziculteur prend des mesure pour en vérifier le taux de sel par litre.
Donc pour résumé, les riziculteurs on la clé pour faire de cette Camargue un endroit Unique, Magnifique, sauvage, touristique avec une bio diversité inimaginable.
Sans cette culture tout s’enraille. La Camargue tel que beaucoup de monde la connais, va devenir un dessert de sel inexploitable.
Je me suis pas super bien expliqué, mais sa donne une image de la guerre du sel.