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La production agricole ukranienne soumise à plusieurs aléas

Le conflit en Ukraine met le pays sur le devant de la scène internationale. Les opérateurs craignent une limitation des exports et des problèmes logistiques mais la surprise ne viendra-t-elle pas de la prochaine campagne ? En effet, face à une forte dévaluation de la monnaie, les producteurs ukrainiens se retrouvent avec des difficultés à financer les intrants pour la culture de céréales et oléagineux, ce qui pourrait conduire à une baisse de la production pour la campagne 2015.

La monnaie ukrainienne, la grivna, s’est fortement dépréciée cette année passant de 11 grivnas pour un euro à 18 comme le montre le graphique en fin d’article. L’inflation a, elle, augmenté d’environ 25 %.  

L’an passé déjà, de nombreuses craintes étaient soulevées sur le bon approvisionnement des producteurs en intrants pour la campagne 2014. Cependant, tout s’est bien passé. Le climat a été particulièrement favorable et  les multinationales de l’approvisionnement ont fait tampon proposant des offres de crédit à leurs clients agriculteurs. Mais en sera-t-il de même cette année tant sur le plan climatique que financier ?

Cette année, le problème se pose de nouveau alors que les multinationales souffrent également économiquement de la chute de la monnaie. Certaines se sont adaptées en construisant leur usine de production de semences en Ukraine et en Russie afin que la production locale soit moins sensible aux dévaluations par rapport aux semences importées en dollar.  

Les semis de printemps pouraient être fonction du prix des intrants de chaque culture.

Actuellement, l’approvisionnement en graines de tournesol semble déjà compliqué, celles-ci venant d’Europe de l’Est depuis décembre dernier et s’échangeant très cher. Parallèlement, les semences hybrides de maïs sont les plus chères. Les cultures à bas coûts telles que l’orge de printemps devraient donc être privilégiées.

Par ailleurs, les rendements des cultures d’hiver comme de printemps dépendront également de la capacité des producteurs à acheter des produits phytosanitaires et  des engrais.

Le ministre de l’Agriculture s’est saisi du problème stratégique pour le pays. De même que des limites ont été mises sur les grains, il projette d’imposer des droits de douane pour les exports d’engrais durant 3 à 4 mois à partir de février 2015. L’objectif est de saturer le marché intérieur pour faire baisser les prix des engrais en Ukraine les rendant ainsi plus accessibles aux agriculteurs locaux pour les cultures 2015. Ces taxes pourraient atteindre 15 à 20 % de la valeur des engrais au printemps.

Géographiquement, les conflits se sont déplacés vers le port de Marioupol. Situé sur la mer d’Azov, celui-ci est principalement un port d’export de métaux et de charbon provenant des mines du Donbass et du Kuzbas. Néanmoins, les engrais comme les grains font partie de la plateforme des échanges. Aussi, les récentes violences qui reprennent comme l’an dernier sur le port inquiètent les opérateurs sur les chargements tant au niveau des infrastructures que de l’approvisionnement en graines et en engrais du port.

L’Ukraine et ses multiples problèmes devraient donc une nouvelle fois rythmer les discussions et le marché tout au long du printemps.

 

Ci-dessous, nombre de grivnas pour un euro, sur l’année 2014.

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