Tenant son nom du latin solanum nigrum, cette plante herbacée annuelle dicotylédone appartient à la famille des solanacées. D’origine inconnue, elle est présente dans de nombreuses cultures du continent eurasien où elle est considérée comme une adventice.
Réputée toxique, dangereuse pour les animaux, et aux propriétés diurétiques et narcotiques, la morelle noire est également connue sous les noms évocateurs de herbe aux magiciens, tomate du diable, crève-chien…
Présente sur tout le territoire, la morelle noire pousse sur tous types de sols mais a une préférence pour les sols riches en azote et en humus.
La plantule de la morelle noire possède des feuilles alternes couvertes de poils glanduleux et de forme elliptique ou ovale, à bords entiers. Ses cotylédons elliptiques mesurent 12 à 20 mm. Les tiges, pétioles et faces intérieures des feuilles ont une teinte violette tirant sur le noir.
Érigée et ramifiée, la plante adulte mesure 10 à 70 cm avec des feuilles alternes, sinuées et pourvues de poils ras. Son inflorescence se compose de petites fleurs blanches à étamines soudées en tube et regroupées en ombelles de 3 à 7 fleurs.
Ses fruits très toxiques sont des petites baies rondes de couleur noire, jaune ou verte qui contiennent de nombreuses graines minuscules.
La germination de la morelle noire a lieu entre avril et septembre dès qu’une température propice est atteinte. La période de floraison court de juillet à octobre et la période de maturation d’août à novembre.
La levée de la morelle noire est groupée et les graines germent superficiellement, entre 0 et 2,5 cm. La persistance du stock semencier est réputée très forte et les graines ont besoin d’une période de dormance dans le sol avant germination.
La nuisibilité de la morelle noire est notamment due à sa très importante production de graines, pouvant dépasser les 10 000 graines par plant.
Son taux annuel de décroissance (TAD) est de 35 % environ.
La morelle noire envahit facilement toutes les cultures annuelles de printemps et d’été : tournesol, maïs, betteraves, légumes (haricots…), pois, soja…
On la trouve aussi dans les cultures hivernales de colza.
En raison de sa production de graines particulièrement abondante et de sa capacité de levée très rapide, la morelle noire est une adventice de premier plan, cause de baisses de rendement importantes, surtout sur les sols riches en azote qui permettent son développement fulgurant.
Elle cause également d’importants dégâts sur la qualité des récoltes, surtout de pois et de soja, en raison de ses baies très similaires et pourtant très toxiques.
Des difficultés de triage et des pertes de semences sont observées dans des cultures de légumineuses porte-graines (luzerne et trèfle violet), de potagères porte-graines (carotte et persil) et de betteraves.
La morelle noire puise dans le sol l’eau et les nutriments, et capte la lumière solaire au détriment des cultures en place.
Fortement invasive, la morelle noire se développe extrêmement vite si l’on ne déploie pas les méthodes de lutte et leviers agronomiques adaptés : la rotation des cultures est la solution de lutte la plus efficace si l’on prend soin d’alterner culture d’hiver, culture de printemps et culture d’été sur la parcelle.
Le désherbage mécanique à la herse étrille et à la houe rotative, ainsi que les produits phytosanitaires herbicides sont efficaces selon les cultures en place et les possibilités d’usage.
En revanche, les autres méthodes demeurent très insuffisantes pour éradiquer cette adventice :
le labour n’a d’efficacité que sur la morelle noire au stade de plantule
le déchaumage et les faux-semis ne permettent pas une action suffisante
le décalage de la date des semis n’est pas pertinent.