Davantage connue sous le nom de camomille sauvage, la matricaire camomille (du latin matricaria recutita) est une plante herbacée annuelle (ou bisannuelle) dicotylédone appartenant à la famille des Astéracées et au genre Matricaria.
On la connaît depuis l’Antiquité dans les régions méditerranéennes dont elle est originaire (Egypte, Grèce, Romanité) pour ses vertus médicinales et son odeur de camomille caractéristique, et elle est présente dans le monde entier, indigène ou importée par l’homme, et est cultivée notamment en Europe de l’Est, en Inde, en Argentine…
La matricaire camomille pousse presque partout en France à basse altitude, sur les sols limoneux ou sableux au pH acide, dans les cultures clairsemées, les terrains vagues, les steppes salines…
Au stade de plantule, la matricaire camomille possède des feuilles alternes qui sont disposées en rosette, divisées et pennées, et de petits cotylédons sessiles et de forme elliptique au sommet arrondi. A l’âge adulte, elle possède une tige glabre et ramifiée, mesurant 20 à 50 cm, ses feuilles supérieures sont alternes et glabres. Ses fleurs sont jaunes et prolongées par des ligules blanches en corolle, posées sur un réceptacle creux et conique. Ses fruits akènes contiennent les semences de forme ovoïde, pourvues d’arêtes et mesurant 2,4 mm pour 1 mm d’épaisseur.
La matricaire camomille germe toute l’année à une profondeur de 0,5 à 2 cm, dès que la lumière est suffisante, mais la germination est plus importante au début du printemps et à l’automne.
La période de floraison a lieu durant les mois de mai à août et sa période de maturation court de juin à septembre.
Si la persistance du stock semencier est réputée moyenne, la matricaire a besoin d’une année de dormance pour germer plus facilement.
Cette adventice est particulièrement invasive en raison de son importante production de graines, dépassant les 10000 graines / pied.
Cette adventice annuelle colonise facilement de nombreuses cultures telles que les céréales, le colza, les protéagineuses, les pommes de terre, les betteraves.
En agriculture biologique, la matricaire est redoutée sur les parcelles de blé d’hiver dans le nord de la France et dans les cultures maraîchères du sud.
Appréciant les sols compactés et riches en azote des parcelles cultivées non ou peu labourées, la matricaire camomille cause des baisses de rendement importantes, surtout dans le blé d’hiver et le colza car elle puise les nutriments dans le sol au détriment des cultures en place.
Son impact sur la qualité des récoltes est également important, avec présence d’impuretés et d’humidité dans les lots récoltés.
Elle est également une cause de difficultés de triage et de pertes de semences dans les cultures de carottes et de persil.
Contre cette adventice particulièrement nuisible, les leviers agronomiques classiques ne sont que peu efficaces :
le décalage de la date des semis n’est absolument pas pertinent contre la matricaire camomille et contre les matricaires en général ;
la rotation des cultures ne peut rien ou presque en raison d’une germination toute l’année ;
le déchaumage n’a qu’une faible efficacité, de même que les faux-semis qui peuvent néanmoins fonctionner en période d’interculture à la fin de l’été ;
le labour dissémine le stock semencier et le réduit par enterrement des graines mais le travail du sol n’est pas suffisant pour éradiquer cette adventice.
Pour lutter contre la matricaire, seuls les herbicides adaptés ont prouvé leur efficacité, de même que la lutte mécanique au stade de plantule ou avec une machinerie adaptée dans les cultures.
Enfin, un entretien régulier des abords de parcelles ainsi que le nettoyage des outils agricoles réduit la prolifération de la matricaire.