La Roumanie et l’Espagne esquivent les concurrences néo-zélandaise et australienne sur leur marché intérieur en exportant jusqu’à 2 millions d’ovins vifs en Lybie et au Liban. Des marchés où l’emprise des pays océaniens est encore marginale. Mais où la France est absente.
Le monde a faim de viande ovine. L’an passé, les quantités invendues en moins en Chine, qui a réduit l’an passé ses importations de 21 %, ont trouvé des débouchés ailleurs.
La Nouvelle-Zélande et l’Australie ont redirigé leurs ventes vers l’Union européenne, vers le Moyen-Orient et l’Amérique du Nord. Les expéditions néozélandaises ont progressé en valeur et les australiennes sont restées à leur niveau de 2014.
En Union européenne, l’augmentation des expéditions de viande ovine d’Océanie s’est traduite, l’an passé, par une hausse du contingent européen global d’importations à droits de douane nul à 70 % contre 64 % en 2014. La consommation de viande, en hausse de 3 % en 2015, a été en partie couverte par des importations supplémentaires de 11 000 tonnes équivalent carcasse (téc) de viande, d’origine néo-zélandaise essentiellement.
Aucun pays européen n’échappe à la concurrence océanienne. Mais l’étude de l’Institut de l’élevage (n°467 – Economie de l’élevage) montre que les pays exportateurs nets de l’Union européenne font preuve de dynamisme et d’une forte réactivité à l’export vers les pays tiers où des opportunités sont à saisir. Quitte à lâcher du lest sur leur marché intérieur et à l’export, à destination de leurs voisins.
L’Espagne est un cas d’école. La consommation (+ 7 %) et la production (+ 2 %) de viande ovine se sont redressées l’an passé. Toutefois, ces hausses ont partiellement profité aux éleveurs espagnols. Les importations de viande supplémentaires, d’origine néo-zélandaise essentiellement, ont couvert un tiers de l’augmentation de la demande (+1000 téc sur les 3 000 téc). A l’export, l’année passée s’est traduite par un recul des débouchés traditionnels vers l’Europe, aussi bien en animaux vifs qu’en carcasses.
Mais les ventes d’ovins sont redirigées vers les marchés des pays sud-méditerranéens en les commercialisant en vif. Les expéditions vers la Lybie (+52 %) et le Liban (+ 16 %) ont flambé l’an passé. Résultat, ce dynamise et cette réactivité se sont traduits par une stabilité des effectifs des brebis à 11,6 millions de têtes alors que sur le marché intérieur, la concurrence avec la viande importée d’Océanie était forte.
Sur le bassin méditerranéen, une grande partie de l’approvisionnement du marché de la viande repose sur des importations d’animaux vivants. Or pour des raisons géographiques, les livraisons d’ovins vifs sont essentiellement organisées sur de courtes distances.
Par ailleurs, les rites d’abattage et les difficultés rencontrées pour respecter la chaine du froid dans ces pays limitent les capacités d’exportations océaniennes sous forme de carcasses.
Résultat, la Roumanie et l’Espagne vendent 1,9 million d’ovins adultes vifs en Lybie, en Jordanie et au Liban, soit une progression de 4 % sur un an. La filière est porteuse. Seul un contexte politique défavorable influe sur le volume des importations. L’an passé, la Lybie a acheté moins d’un million d’animaux, soit une baisse de 18 % par rapport à 2014.
En France, les éleveurs ne profitent pas de cette aubaine sud-méditerranéene. Selon Interbev, « le déficit de la France en viande ovine, accentué par la demande accrue en Viande Origine France, explique en partie le relatif « désintérêt » de la filière pour développer ses exports en vif ».
Seules 45 000 têtes ont été vendues, essentiellement en Italie, soit un recul de 39 % sur un an.
« La France exporte peu d’ovins vivants, essentiellement les agneaux des brebis laitières : ceux des Pyrénées sont exportés vers l’Espagne et ceux de la Corse partent en Sardaigne, explique Interbev. Le reste des agneaux exportés est surtout issu du bassin de Roquefort. Il est fonction de la conjoncture et des besoins des opérateurs français. L’export vif en adulte n’est pas vraiment significatif. »
Mais face à un déficit chronique que la France ne parvient pas à résorber, ses producteurs d’ovins sont, sur le marché intérieur, la proie du moindre déséquilibre de l’offre mondiale de viande ovine. Avec ses conséquences fâcheuses en matière de prix. En conséquence, la France ne sait pas encore profiter du marché méditerranéen.
A ce jour, les importations françaises de viande ovine représentent non seulement la moitié de la consommation intérieure, mais équivalent aussi à la moitié des importations de l’Union européenne, d’Océanie essentiellement.
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La surface dédiée à l’élevage ovin allaitant en France est dérisoire d’où l’intérêt d’apporter une plus-value à cette production en ciblant les SOQ plutôt que des carcasses « vieilles » et lourdes pour de l’export aux saigneurs maghrébins.
Sauf ces fameux agneaux issus de laitiers qui n’ont plus les critères pour en faire du haut de gamme, peuvent servir ce marché mais vu la durée d’élevage (âge d’abattage mini 6 mois) et les passages successifs en ateliers (naisseur, allaitement artificiel, engraissement) au final la marge doit être vraiment réduite…
Sans parler des aléas sanitaires, pathologiques, la protection exacerbée des prédateurs comme le loup, la surcharge de taf concourent à limiter l’essor de cette production, suffit de voir la moyenne d’âge des éleveurs!