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La filière volailles en danger

Avec la crise qui secoue Doux, c’est toute la filière volailles qui est en danger. Eclaircissements avec un éleveur de volailles qui n’est plus sous contrat chez Doux mais qui l’a été, et qui suit le dossier de très près : Hervé Coupeau, par ailleurs président de la FDSEA de l’Indre.

Quand on est soi-même éleveur de volailles et par ailleurs responsable syndical, on suit de très près la suite des événements qui secouent le volailler Doux. C’est donc avec Hervé Coupeau que WikiAgri fait le point sur les causes et les suites de la faillite de Doux, en particulier pour les éleveurs.

10 000 à 120 000 € de dettes par éleveur

Hervé Coupeau est lui-même producteur volailler, de poulets « prêt à cuire » avec un bâtiment de 1500 m2. Il était fournisseur de Doux mais a préféré changer « car je ne trouvais pas normale la façon dont Doux traitait les éleveurs » dit-il. Concernant la cause de la crise que traverse, il pense qu’elle vient « d’un mauvais investissement au Brésil : Doux n’a pas pu le revendre au prix d’achat, et la dette a commencé là ». Le problème est qu’ensuite l’entreprise a connu des problèmes de trésorerie qu’elle a fait supporter aux éleveurs. « Dans un fonctionnement normal, ce sont les ventes qui apportent la trésorerie ; là c’est devenu le retard de paiement pour les éleveurs. Au passage, je signale que les GMS aussi ont joué un rôle dans cette affaire, en étant elles-mêmes en retard de paiement de Doux, qui a donc répercuté sur les éleveurs. On en est arrivés à un point dramatique, avec des éleveurs qui ont des dettes qui vont de 10 000 à 120 000 € ! »

Aujourd’hui, le problème du paiement des éleveurs est devenu crucial, y compris auprès du liquidateur judiciaire qui a pris le relai pour une période intermédiaire. « Les paiements du liquidateur, promis en une semaine, ont mis 15 jours, parce qu’ils étaient organisés en manuel, mais cet aspect devrait s’améliorer. » Toujours selon Hervé Coupeau, les éleveurs qui fournissent Doux ne sont pas les seuls à craindre le pire. « Doux a aussi des dettes dans des groupements, dans différents lieux de la filière, la crise peut se répercuter beaucoup plus durement sur l’ensemble de la filière qu’on ne le percevait au début. On a déjà eu un précédent, quand Bourgoin a arrêté, il a fallu deux ans à la filière pour s’en remettre… »

Toute la filière concernée

Doux, ce sont aussi des abattoirs (« et pas seulement près du site, si seuls les abattoirs bretons devaient être sauvés, ce serait insuffisant »), et toute une organisation de la vente des volailles. « Doux a une spécificité par rapport à ses concurrents français, précise encore Hervé Coupeau, c’est le poulet export. Il s’agit de petits poulets de 30 jours de près de 1,2 kg qui sont exportés principalement vers les pays du Maghreb. Cela représente un vrai débouché pour de nombreux éleveurs. Si Doux devait être repris, il faut à tout prix que ce soit l’ensemble de ses activités qui soient poursuivies, pas seulement quelques-unes au cas par cas, car l’outil dans son ensemble est fonctionnel pour les éleveurs. Le problème vient de la trésorerie. »

Doux représente 3400 salariés et est fourni par 1000 éleveurs. Mais l’ensemble de la filière volailles en France pèse 50 000 salariés et 20 000 éleveurs.

Et vous, que pensez-vous de la crise qui secoue Doux et du risque de propagation sur l’ensemble de la filière volailles ? Pour en débattre, rendez-vous ci-dessous dans l’espace « Ecrire un commentaire ».

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