La conférence environnementale confirme le coup de frein aux biocarburants

Très décriés tant pour des bilans carbone écologiquement contestés que pour être en partie responsables du prix (très) haut des céréales, les biocarburants d’origine agricole vont accuser un coup de frein ces prochaines années. La conférence environnementale a également affirmé la prochaine interdiction des épandages aériens, ou encore confirmé le moratoire sur les OGM. Tout en voulant favoriser le bio et la prise en compte de la biodiversité.

La partie la plus spectaculaire de cette conférence environnementale ne concerne pas l’agriculture : dans le discours de clôture, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a donné dix ans aux constructeurs automobiles français pour développer des voitures qui ne consomment que 2 litres aux 100 kilomètres… Et d’une manière générale, le maître-mot, tant dans le discours d’ouverture du Président de la République François Hollande que dans les conclusions, fut la « transition« , qu’elle soit « écologique » ou « énergétique« .

Mais revenons aux enjeux agricoles. Voici comment le Président de la République impliquait l’agriculture dans cette conférence environnementale lors de son discours initial : « Préserver la biodiversité, c’est lutter contre la consommation rapide des terres agricoles. Les terres agricoles, c’est un patrimoine commun, pas simplement pour les agriculteurs, pour la capacité que nous devons avoir d’avoir des territoires équilibrés entre les productions animales et végétales. Lutter contre la consommation rapide des terres agricoles, ce n’est pas protéger une profession, c’est protéger le pays, c’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas accepter que disparaissent 100 000 hectares de terres agricoles tous les ans. La lutte contre le gaspillage qu’accentue l’étalement urbain sera menée avec tous les moyens juridiques nécessaires. Préserver la biodiversité, c’est limiter l’artificialisation des sols, c’est encourager le développement d’un nouveau modèle agricole, plus respectueux de l’environnement qui réduise l’usage des pesticides, protège les ressources en eau. Les agriculteurs ont réalisé des efforts considérables ces dernières années, ont fait en sorte de s’adapter, de se conformer souvent à des coûts élevés pour leur exploitation. Ils doivent donc être accompagnés et soutenus. Les politiques agricoles, aussi bien communautaires que nationales, seront réorientées pour atteindre cet objectif de ce que le ministre de l’Agriculture appelle la révolution doublement verte, enfin c’est ce que les agronomes avaient déjà évoqué.« 

Une double peine pour l’agriculture

A l’issue de la première journée (ce vendredi 14 septembre), le vice-présidente de la FNSEA Christiane Lambert a réagi dans une vidéo (vous avez le lien à la fin de cet article) diffusée sur le net. Elle déplorait que les solutions énergétiques agricoles (méthanisation, biocarburants…) n’aient pas été suffisamment évoquées dans la table ronde consacrée à l’énergie. Et surtout que l’agriculture ait été caricaturée pour le non respect des engagements de Phyto2018 dans la table ronde sur la biodiversité. Elle a aussi évoqué une « double peine pour l’agriculture » à propos du rattrapage de biodiversité qui est demandé lorsque la ville empiète sur les terres agricoles : c’est sur les terres agricoles qui restent qu’il convient de rattraper ce déficit en biodiversité venue de l’urbanisation, a-t-elle expliqué.

Prise en compte de la biodiversité, relance du bio

Les conclusions de la Conférence environnementale ont, elles, été tirées par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Il a anoncé la création, en 2013, d’une agence nationale de la biodiversité, ainsi qu’une loi-cadre sur la biodiversité, également présentée en 2013. Par ailleurs, le « gouvernement compte mettre un frein à l’artificialisation nette des espaces agricoles et naturels« , et dans ce esprit, il prévoit la publication des trames verte et bleue début 2013.

Encore plus précisément sur l’agriculture, il a déclaré vouloir maintenir le moratoire sur les OGM (donc l’interdiction de les cultiver), initier un nouveau plan en faveur de l’agriculture biologique, interdire les épandages aériens (« sauf s’il n’y a pas de solution alternative« ). Mais c’est surtout sur les biocarburants qu’il a insisté : pour freiner leur rôle dans le prix des céréales, il compte faire « une pause dans le développement des biocarburants de première génération« , pause qui se traduira par des soutiens publics en diminution, et qui s’éteindront le 31 décembre 2015.

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En savoir plus : http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=0CW3OavYF2M (l’intervention de Christiane Lambert commentant la première des deux journées de la Conférence environnementale) ; http://www.elysee.fr/president/les-actualites/discours/2012/declaration-du-president-de-la-republique-a.13914.html (le discours d’ouverture du Président de la République François Hollande) ; http://www.gouvernement.fr/premier-ministre/discours-de-cloture-de-jean-marc-ayrault-a-la-conference-environnementale (le discours de clôture prononcé par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Si vous êtes pressé, l’agriculture est surtout évoquée au bout de 18 minutes).

Notre illustration ci-dessous est la copie d’écran de la vidéo du discours de clôture.