Disparu le 31 juillet 2013, Jean-Michel Lemétayer a marqué l’agriculture française. Voici comment lui-même définissait ce qui était sa vertu essentielle, l’engagement. Un témoignage davantage qu’un article nécrologique.
Je me suis trouvé, il y a quelques années, à une réunion au cours de laquelle Jean-Michel Lemétayer évoquait sa propre ascension au sein du syndicalisme agricole. C’était à l’Ifocap, au cours d’une formation dispensée à une dizaine d’agriculteurs jeunes, formation développant leur sens de l’engagement syndical. Alors président des JA, Philippe Meurs s’y était rendu, en compagnie, donc, de Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA.
J’ai hésité avant d’écrire cet article, car cette réunion n’était pas ouverte à la presse. A l’époque, j’étais rédacteur en chef de JA Mag, et donc considéré comme « interne » à la maison JA. C’est à ce titre que j’avais suivi la prestation de Philippe Meurs, même si en l’occurrence je vais vous parler de celle de Jean-Michel Lemétayer. Car le thème était l’engagement, terme qui symbolise parfaitement à mon sens le message de Jean-Michel Lemétayer, j’ai donc pensé qu’aujourd’hui une partie de la confidentialité d’alors pouvait être levée.
Ainsi, ce jour-là, Jean-Michel Lemétayer a témoigné de sa propre prise de responsabilités, grandissantes au fil du temps. Il a parlé de ses débuts, en canton, chez lui en Bretagne. Du volontarisme qu’il fallait faire preuve pour gagner les combats agricoles. Combats, dans toutes les acceptations du terme. « Il fallait parfois donner le coup de poing« , avait-il dit alors aux futurs responsables, paroles qu’il n’aurait pas prononcées devant une presse plus étendue, d’où mon hésitation évoquée plus haut. En même temps, je pense que c’est le moment d’en parler. Car si Jean-Michel Lemétayer a quelque chose à transmettre au-delà de son vécu, c’est bien sur l’engagement, et jusqu’où il faut aller pour défendre une cause. C’était, certes, une autre époque. Le « coup de poing », aujourd’hui, paraît révolu comme moyen de communication, et sans doute heureusement. D’ailleurs, depuis ses débuts dans le syndicalisme dans son canton, Jean-Michel Lemétayer avait bien sûr évolué dans la forme. Mais pas dans les convictions : dans tous les mandats qu’il a pu honorer, il allait dans le sens de sa mission, défendre la profession agricole. A fond, sans concession. en sachant, de manière imagée cette fois, taper du poing sur la table.
Oh, bien sûr, il est toujours possible de discuter sur certains de ses choix, de préférer une autre agriculture que celle qu’il a prônée, de penser qu’il s’est planté dans l’une ou l’autre occasion. Mais il y a une chose qu’on ne lui enlèvera pas, c’est ce sens de l’engagement. L’engagement d’un syndicaliste authentique. D’un agriculteur n’ayant jamais oublié sa profession. C’est sans conteste le plus bel hommage à lui rendre.
En savoir plus : http://www.fnsea.fr/toutes-les-thematiques/l-agriculture-acteur-economique/conjoncture/articles/jean-michel-lemetayer-une-vie-d-engagement (l’hommage rendu à Jean-Michel Lemétayer sur le site de la FNSEA, avec le rappel de ses principaux mandats).
Notre photo ci-dessous montre l’une des toutes dernières sorties publiques de Jean-Michel Lemétayer, le 23 juin 2013 à Paris devant les Invalides. Il tient ici la première banderole du défilé (tout à gauche de la photo) avec Karen Serres, Christiane Lambert, François Thabuis, Xavier Beulin… La photo en médaillon est issue du site fnsea.fr .