Le « tour de France à pied » entrepris par Jean Lassalle, le « député qui marche », vise à palper le pouls d’une société française en crise et qui n’a plus confiance dans sa classe politique. Sera-t-il vraiment utile ?
S’il y a un homme politique qui, en France, n’est pas tout à fait comme les autres, c’est bien le député de la 4e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, Jean Lassalle. Technicien agricole de profession, il est un élu dit de terrain. Il s’est fait connaître du grand public par différentes actions tout aussi spectaculaires que controversées. En 2003, il se met à chanter en pleine Assemblée « Se Canto », l’hymne des Pyrénées en béarnais, afin d’interpeller Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. En mars 2006, il entame une surprenante grève de la faim également à l’Assemblée, une première pour un homme politique en France, en vue de protester contre le déplacement d’une usine du groupe Toyal Europe, filiale du groupe d’aluminium japonais Toyal, implantée dans sa circonscription, dans la vallée d’Aspe. Celle-ci a duré 39 jours. Elle a conduit à son hospitalisation d’urgence et a abouti à un accord avec la société permettant de sauvegarder les emplois dans la vallée.
Jean Lassalle est toujours l’un des rares députés MoDem à l’Assemblée, parti dont il est l’actuel vice-président, et s’est fait le défenseur des territoires ruraux et montagnards. Il a ainsi lancé en 2008, avec le député communiste André Chassaigne, un appel national « Campagnes de France, grande cause nationale » afin de lutter contre la crise des campagnes françaises qui s’est traduit par l’organisation des Etats généraux des campagnes en 2009. Il préside également l’Association des populations des montagnes du monde.
En 2013, il a encore fait parler de lui en entreprenant un étonnant « tour de France à pied », une longue marche à travers le territoire français pour prendre le pouls d’un pays en crise et, d’après lui, redonner la parole aux Français. Il est ainsi parti de l’Assemblée nationale au mois d’avril pour arpenter les routes de France en costume-cravate pendant plusieurs mois, son périple devant le mener d’abord de Paris à Dunkerque, puis de Dunkerque aux Pyrénées-Atlantiques. Il est toujours en cours et devrait se terminer à l’automne. Son objectif est d’établir des cahiers de doléances, ce qu’il appelle les « Cahiers de l’espoir ».
Que penser de cette démarche singulière du député Lassalle, entre porte-à-porte géant et sorte de pèlerinage laïc ?
Deux remarques. La première est que cette action se situe bien dans l’air du temps. Sa démarche n’est pas ordinaire pour un homme politique français, mais elle n’est pourtant pas totalement inédite. Sans remonter à la longue marche de Mao en Chine ou à la « marche du sel » de Gandhi en Inde visant à réclamer l’indépendance de l’Etat, l’idée de médiatiser une cause singulière à travers une marche est un phénomène désormais assez courant : de la fameuse « marche des beurs » (marche pour l’égalité et contre le racisme) durant les années 1980 aux « marches blanches » organisées suite à un crime. Il en est de même de l’idée de marches individuelles notamment entreprises pour mener des actions humanitaires sur le modèle de ce qu’a pu faire le canadien Terry Fox dans les années 1980, celui-ci ayant alors traversé le Canada. Ainsi, Guy Amalfitano, amputé d’une jambe suite à un cancer des os, a démarré en mars 2013 une course à pied de 5 500 km à travers la France dans l’objectif de récolter des fonds pour la lutte contre le cancer.
Par ailleurs, la démarche consistant à partir à la rencontre des Français ou à s’immerger dans ce que l’on appelait autrefois la France profonde est également courante. Elle a été ainsi entreprise récemment par le journaliste Eric Dupin (Voyages en France, Seuil, 2012), le sociologue Jean-Pierre Le Goff (La fin du village, Gallimard, 2012) ou encore les essayistes Jean-Christophe Bailly (Le Dépaysement. Voyages en France, Seuil, 2011) ou Christian Combaz (Gens de Campagnol, Flammarion, 2012).
Enfin, l’idée d’un retour vers le peuple semble être quelque peu à la mode dans le monde politique. Ce furent tout d’abord les débats participatifs de Ségolène Royal. En témoigne également de façon plus récente la démarche parallèle et quasi identique à celle de Lassalle appelée « Onfield », entreprise en 2013 par des jeunes centristes et soutenu par l’UDI, qui se traduit par une action de volontaires dans de nombreuses villes françaises pour « recueillir les attentes des citoyens partout en France, et constituer le nouveau cahier de doléances de la politique française » (site du projet). Plus généralement, sous l’influence des campagnes électorales de Barack Obama, l’idée de porte-à-porte semble retrouver ses lettres de noblesse dans la classe politique. Elle a été mise en œuvre en France par l’équipe de campagne de François Hollande durant la présidentielle sous l’influence de Guillaume Liegey, d’Arthur Muller et de Vincent Pons.
La seconde remarque est que l’on ne peut soupçonner Jean Lassalle d’avoir voulu se faire un « coup de pub » à travers son tour de France. La sincérité de sa démarche semble évidente. On ne peut également qu’être d’accord avec les constats qu’il établit : la société française est en crise, cette crise est d’abord une crise d’identité et il existe une déconnexion entre cette société et la classe politique en qui elle n’a plus confiance. Il contribue ainsi à sa manière à réhabiliter les politiques et la politique, même si on peut tout de même douter de l’efficacité de son action. Attendons tout de même son arrivée finale et ses fameux « Cahiers de l’espoir » pour se faire une idée plus précise en la matière.
En savoir plus : www.jeanlassalle.fr/ (site officiel de J. Lassalle), www.ledeputequimarche.fr/blog/ (site de J. Lassalle relatif à son tour de France), http://la-marche-2013.over-blog.com/ (blog de J. Lassalle relatif à son tour de France), http://guyamalfitano.over-blog.com/ (blog de l’action humanitaire menée par Guy Amalfitano), www.onfield.fr/, www.liegeymullerpons.fr/ (site de la structure de conseil créée par Guillaume Liegey, Arthur Muller et Vincent Pons).
La photo ci-dessous est issue de la page Facebook de Jean Lassalle, https://www.facebook.com/lassalle.jean.
Triste… triste d’avoir un article frappé sur un clavier aussi pauvre en entrain et en soutien. Ou bien en parlant d’Obama et des autres allez-y franco 😉 faites grincer les dents ! Lassalle, il ne réfléchit pas à copier et à être dans l’air du temps. même si vous soulignez la sincérité, on dirait qu’il dérange. Ils sont où les articles acérés du début de WikiAgri ?
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Eddy…. c’est « Se Canta« . il n’y a pas de o dans la conjugaison du présent d’un verbe en -ar.