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Je suis labellisé en agriculture de conservation des sols

Ils sont une trentaine d’agriculteurs à avoir obtenu le label en Vendée.

Cédric Boivinneau est l’un des pionniers du label « Au cœur des sols » de l’Apad. En Vendée ils sont près de 30 agriculteurs à l’avoir obtenu. Premier effet bénéfique, il permet d’obtenir une subvention du département en fonction des espèces mellifères implantées dans les couverts végétaux.

Lorsqu’il annonce qu’il va reprendre la ferme fami- liale en 2016, Cédric Boivineau surprend tout le monde.  À  l’époque,  il  est  technico-commercial chez Kuhn et il n’est pas question pour lui de revenir sur l’exploitation située à Sainte-Cécile dans le bocage Vendéen. Pourtant, il a une révélation alors qu’il vient aider son père et son oncle en manque de bras sur la ferme. « A la fin de la journée, je me suis rendu compte que c’était très agréable de décider de ce qu’on a à faire et de ne pas entendre le téléphone sonner tout le temps » sourit-il.

Il reprend alors les 83 ha de SAU, qu’il monte à 94 ha et les 65 vaches allaitantes de la ferme. La rotation compte une quinzaine d’hectares d’orge et de blé et 11 ha de maïs qu’il va vite réaménager à sa sauce. Car Cédric Boivineau en est convaincu, s’il doit cultiver le sol, ce sera en respectant les principes de l’agriculture de conservation, ou encore le triptyque : aucun travail du sol ; couverture permanente du sol ; diversité des cultures. Ce qu’il recherche à travers ce mode de culture, c’est la résilience.

Pas de rotation type

Comme il n’est plus travaillé, le sol de ses parcelles s’améliore et devient accessible en tracteur l’hiver. Il peut ainsi être totalement réactif aux conditions clima- tiques. « En 2008, quand j’étais technico-commercial, j’ai rencontré un agriculteur dans l’Indre qui pratiquait l’ACS et qui n’avait jamais de problèmes. S’il ne pouvait pas semer son blé dans de bonnes conditions, il mettait des petits pois en février. Et si les petits pois ne fonctionnaient pas, il implantait un maïs. C’est simple ! Par contre, ses champs étaient constamment remplis d’herbe » se souvient le vendéen. Il applique lui-même ce principe sur sa ferme et n’a plus de rotation type. Les implantations sont décidées en fonction des conditions météos.

La fibre de l’expérimentation

Sur son exploitation de la grande vallée à Sainte-Cécile, le dernier labour a lieu en 2016. « La première année, j’ai fait de nombreux essais. Les voisins me prenaient pour un fou. Par exemple,  j’ai  implanté  une  parcelle de maïs pour moitié en labour et pour moitié en semis direct. Puis j’en ai récolté une partie en ensilage et l’autre en grain » s’amuse  Cédric  Boivineau.  Depuis ces premières expériences, il a adopté le semis direct sur l’ensemble de ses surfaces. Consécration de ce travail, le vendéen a obtenu le label de l’Apad « Au cœur des sols ». Il continue pourtant à défricher de nouvelles pratiques pour le meilleur et pour le pire.

« En avril, j’ai essayé d’implanter une luzerne dans le blé avec mon épandeur d’engrais. Vu les conditions climatiques qui ont suivi, ça  a  été  un  échec  total. On apprend tous les jours » constate-t-il.

Côté matériel, il a d’abord investi avec trois collè- gues via la Cuma dans un outil de semis direct Sly. « Aujourd’hui, nous sommes six à pratiquer l’ACS. Nous  avons  dû  passer  sur  un  modèle  en  6  m  qui fait près de 400 ha par an » se félicite l’agriculteur. Il explique que les outils Sly ont l’avantage d’avoir des disques ouvreurs inclinés. Contrairement à des disques droits, ils n’entraînent  pas  les  pailles  dans le lit de semence, ce qui peut poser des problèmes de germination.

Implantation d’un couvert dans une prairie en fin de vie.

Des couverts à la folie

Avec l’ACS, les emblavements de Cédric Boivineau ont évolué. Il a réduit de 11 ha à 4 ha le maïs et recherche une culture de substitution faute d’irrigation sur sa ferme. Le blé devrait lui aussi disparaître au profit de l’orge. « La récolte plus précoce de l’orge me convient mieux pour implanter mes couverts végétaux » précise le vendéen. À ce sujet, il a testé cette année un mélange colza fourrager, tournesol, phacélie et sarrasin. Cette configuration lui permet d’obtenir un couvert pâtu- rable sans graminée. « Sur cette parcelle, j’aimerais faire orge sur orge intercalée avec ce mélange. Ça me permet de faire un antigraminé entre les deux céréales, un peu  comme  les  vides  sanitaires  dans les poulaillers » analyse-t-il. Aujourd’hui, les couverts végétaux mellifères et le label « Au cœur des sols » lui permettent d’accéder à une subvention du conseil départemental de Vendée pour service rendu à la biodiversité. « C’est une somme qui permet de se sécuriser pour tester de nouvelles choses. Un jour, nous pourrons peut-être commercialiser le carbone que nous stockons, mais pour l’instant nous vendons des fleurs et la biodiversité qui les accompagne ».

Tournesol, phacélie, moha et sarrazin font le régal des vaches quand ils ont accompli leur fonction de couvert végétal.

Auteur: Thimothée Legrand

 

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