Comme c’est souvent le cas à cette période, quelques parcelles de céréales présentent des symptômes de jaunissement. Rouille jaune ? Symptômes physiologiques ? JNO ? Voici quelques éléments pour bien faire la différence.
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Suite aux fortes températures de la semaine dernière, des taches physiologiques peuvent apparaître. Certaines variétés sont plus marquées que d’autres. Dans ce cas, toute la parcelle est concernée et peut présenter une coloration jaune. Ces réactions climatiques sont parfois plus marquées suite à une application de fongicide. Les feuilles touchées correspondent aux étages foliaires présents au moment de la variation climatique. Dans les observations actuelles, les F2 sont souvent concernées. Les symptômes présentent également une certaine variabilité selon les espèces et peuvent parfois évoluer en petites taches ovales brunes nécrosées, cerclées ou non de jaune. Le blé dur est très marqué. Hormis ces dessèchements, les tissus foliaires sont toujours vivants et actifs.
Tâches physiologiques sur Orégrain (17).
Pour confirmer le diagnostic des taches physiologiques :
1- Bien observer la localisation des symptômes (étage foliaire, progression, positionnement sur le limbe, traversée de la feuille…) + observer à la loupe de poche.
2- Si hésitation, passer les feuilles en « chambre humide » pour faire sporuler si pathogène (figure 1).
3- Après 48 h, à la loupe de poche ou binoculaire => pas de sporulation, ni de pycnides.
Figure 1 : diagnostiquer une maladie après incubation de feuilles présentant des symptômes
Des symptômes de virose sont régulièrement observés cette année. Sur orge, l’identification est facilement réalisable : moutonnement de la culture, jaunissement global, nanisme marqué… Sur blé, l’identification est plus délicate car les plantes ne sont pas nanifiées. Le symptôme le plus discriminant est le jaunissement et/ou rougissement de la pointe des feuilles. Les symptômes apparaissent par foyer mais parfois on observe des plantes touchées de façon isolée çà et là dans toute la parcelle.
Virose sur blé tendre, (17) 2018.
La rouille jaune apparaît depuis quelques semaines notamment sur Oregrain et Advisor. On observe des foyers de petite surface (1 m²), jaunes de loin, nettement délimités. Ces foyers peuvent ensuite infester toute la parcelle. Sur les feuilles supérieures, les pustules jaunes parfois orangées sont alignées entre les nervures, jusqu’à dessiner des stries. Les pustules sont souvent de petite taille. Des taches chlorotiques allongées dans le sens des nervures et sans pustules peuvent également être rencontrées : les pustules sont encore en incubation. Dans ce cas, chercher des plantes avec présence de pustules caractéristiques.
Rouille jaune : stries parallèles aux nervures.
Malgré les apports de soufre réalisés en sortie d’hiver, il est possible de voir des carences cette année, notamment dans les parcelles en pente. Les précipitations de mars ont été abondantes et ont pu lixivier une partie du soufre apporté. Les zones atteintes sont réparties en foyers et parfois par bandes, correspondant au recoupement de passages pour l’épandage d’azote car les zones surfertilisées en azote extériorisent en premier la carence. Les feuilles ont un aspect vert pâle parfois plus marqué à la base du limbe. Des stries jaunes ou vert clair sont observées le long des nervures.
Le diagnostic est à confirmer par analyse de la plante au stade floraison (2e et 3e feuille sous l’épi). Le seuil de carence en soufre se situe à 0,20 % de la matière sèche (taux normal entre 0,25 et 0,30 % de MS). Attention à respecter rigoureusement le stade.
Carence en soufre sur blé tendre (86) 2018.
La mosaïque est visible sur blé dur depuis plusieurs semaines. Les conditions climatiques de l’année ont été favorables aux contaminations. La maladie provoque de nombreux symptômes qui n’apparaissent pas de façon systématique. La répartition est proche de celle d’une carence avec foyers parfois allongés dans le sens du travail du sol. La totalité de la parcelle peut être atteinte. Des tirets chlorotiques répartis irrégulièrement et parallèles aux nervures apparaissent sur les feuilles. Un nanisme de la culture peut être observé (uniquement pour le virus VMC) avec un retard à la montaison. Enfin, le système racinaire est souvent réduit. Le diagnostic se confirme par analyse virologique.
Présence de mosaïque sur céréales et au sein d’une parcelle.
Cette année plus que les autres, nous observons des symptômes indiquant la présence de Géomyza dans les céréales à paille. Les plantes peuvent être atteintes par foyers de taille variables, ou plantes isolées, plutôt dans les zones humides. Les feuilles jaunissantes sont entraînées par la croissance des feuilles sous-jacentes, puis tombent au sol. Un jaunissement du maître brin et/ou de plusieurs talles apparaît et peut conduire au dépérissement de la plante. La tige vient facilement quand on tire dessus. Il est très difficile de trouver l’asticot !
Symptôme de Géomyza sur blé (86) 2018.
Dans les parcelles hydromorphes, on peut observer des jaunissements liés à de l’asphyxie racinaire et/ou à une carence en azote. Dans d’autres parcelles les jaunissements sont attribués au piétin échaudage. Enfin, des symptômes de phytotoxicité herbicide peuvent aussi être observés sur les feuilles les plus basses.