Les marchés des céréales sont bien approvisionnés et ont intégré les faibles productions australiennes. Mais pour l’élevage, les incendies pourraient tendre les marchés des produits laitiers.
Les incendies ont surgi en Australie à la fin du printemps austral alors que l’ensemble de l’agriculture était déjà touchée par un nouvel épisode de canicule. Aussi, le bilan de la campagne qui s’achève est avant tout celui d’une nouvelle année déficitaire en pluies.
C’est la succession des épisodes caniculaires qui amenuise depuis quelques années les capacités de production et d’exportation de l’ile. De très nombreux agriculteurs sont ruinés. Plusieurs pages du site du ministère australien de l’Agriculture listent les différentes aides auxquelles les agriculteurs sont potentiellement éligibles. C’est dire si la situation est grave car les farmers australiens ont plutôt l’habitude d’être livrés à eux-mêmes. Ils ne bénéficient quasiment d’aucun soutien public.
La récolte australienne de blé sera la plus faible des 12 dernières campagnes (17,2 Mt selon le CIC), ce qui limitera les exportations de l’ile à 9,5 Mt contre 13,7 Mt trois ans plutôt. L’Australie puisera même dans ses stocks 600 000 tonnes de grains pour atteindre cet objectif. Mais ce nouveau repli n’impactera pas les échanges commerciaux à l’échelle de la planète. Les stocks de report augmenteront même de 6 Mt car la production mondiale de blé a crû de 28 Mt en un an.
Pour l’orge, mêmes causes même effets. Le marché mondial est bien approvisionné. Il a les moyens d’absorber la nouvelle baisse de la production australienne (-1,3 Mt en deux ans) puisque les autres pays producteurs d’orges ont récolté 15 Mt de plus que l’an passé. Les stocks de report progressent même de 5 Mt.
Sinon, l’Australie est absente du marché du maïs. Mais la sécheresse n’a pas épargné les cultures de colza. La production (1,9 Mt) a été réduite de moitié en deux ans mais le reste de la planète a récolté 6 Mt de graines en moins.
Les incendies n’ont pas épargné les prairies alors que la production de fourrages était particulièrement déficitaire à la fin du printemps austral.
Or l’Australie nourrit un cheptel ovin et bovin pour produire de la viande et du lait essentiellement destinés à l’exportation.
En fait, les incendies pourraient accélérer le déclin de la production de lait (2 % par an ; -1,3 Mt en cinq ans) en la réduisant de 400 à 500 000 tonnes de plus que prévues. Cette nouvelle baisse pourrait être suffisante pour tendre les marchés mondiaux de produits laitiers (l’équivalent de 75 Mt échangées par an) si l’Union européenne ou les Etats-Unis ne prennent pas le relais cette année en produisant plus de lait. Car sur les 8,8 millions de tonnes de lait produites cette année (1,6 % de la production mondiale – source USDA), un tiers de la collecte de lait est exporté (soit l’équivalent de 5 % des quantités en vente sur le marché mondial et même 8,5 % des fromages).
En fait, en ravageant les Etats de Victoria et des Nouvelle Galles, où la majorité du lait australien est produite, les incendies impacteront la filière laitière en deux temps, selon le Cniel.
Faute de fourrages, les éleveurs devront davantage puiser dans leurs stocks de fourrages pour alimenter les troupeaux. Et moins bien nourries, les animaux qui ont échappé aux flammes produiront alors moins de lait. Ensuite, ces mêmes éleveurs pourraient être dans l’obligation de se séparer d’une partie de leur cheptel s’ils n’ont pas les moyens d’acheter des aliments en attendant de pouvoir compter sur une nouvelle production de fourrages. Ce sont tous ces facteurs mis bout à bout accélèreront la baisse de la production de lait.
Sur les marchés de la viande rouge, la suprématie de l’Australie pourrait aussi voler en éclat. Et en cas de défaillance, peu de pays sont en mesure de prendre la relève en exportant plus de viande. Mais à court terme, la décapitalisation des troupeaux pourrait faire baisser momentanément les cours.
L’Australie est le deuxième pays exportateur de viande bovine dans le monde (1,5 M téc sur les 7 M téc vendues dans le monde environ) et le premier pays en viande ovine. Elle exporte en effet deux tiers de sa production viande bovine auxquels il faut ajouter les embarquements d’animaux vivants (plus ou moins un million de têtes). Aussi, une forte baisse de ses capacités d’exportations rendrait plus difficile l’approvisionnent des pays asiatiques et moyen-orientaux. Même scénario en production ovine. Les incendies pourraient affaiblir les capacités d’exportation (500 000 téc de viande).
Mais pour l’instant, l’évolution des cours de la viande de bœufs répertoriés sur le site australien mla.com.au ne semble pas être impactée par la crise climatique. Le marché australien est peu animé avec ces animaux pas conformés à souhait.
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