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Filières bovines et ovine, les prix atteignent des niveaux inattendus

 

Troupeau de moutons au sud de la Nouvelle Galles (Australie) Par 169169
 
En France comme dans le reste du monde, les prix de la viande bovine et ovine atteignent des niveaux records. Les éleveurs français découragés par des années de crises, n’ont plus les moyens de répondre à la demande. En Amérique et en Océanie, les conditions climatiques dans les bassins d’élevage tournés vers l’export influent de plus en plus sur les productions de lait et de viande. Dans ce contexte, la crise sanitaire de la Covid 19 et le confinement d’une grande partie de l’économie mondiale, a seulement accentué les déséquilibres déjà perceptibles en 2019. Le retour de l’inflation ronge les marges des producteurs.
 
Où sont passées les vaches et les brebis ? Pourquoi l’offre d’animaux est-elle réduite partout dans le monde? Une offre réduite d’animaux mis sur le marché ou abattus est l’explication donnée par les analystes de marché pour expliquer les hausses des prix de la viande ovine et bovine mais aussi du lait de vache. Des hausses qui surprennent tous les acteurs des filières de la production et de la distribution.

En Europe, les faibles prix pratiqués pendant des années ont découragé les producteurs d’élever des bêtes de viande. Ceux qui partent en retraite sont rarement remplacés.

Dans le secteur laitier, on produit toujours plus de lait avec moins d’animaux. Et comme les prix du lait sont intéressants, moins de vaches sont réformées.

Aussi, la baisse continue des effectifs d’animaux reproducteurs affecte mécaniquement les effectifs des jeunes ovins et bovins élevés pour leur viande.

Dans le reste du monde, une partie des éleveurs profite pleinement de la conjoncture en accroissant leur production si les conditions climatiques leur sont favorables. Mais la hausse des prix de l’alimentation animale freine déjà les ardeurs des éleveurs laitiers américains. Ailleurs, les conditions climatiques désorientent l’équilibre des marchés de la viande et du lait.

En France, les prix des vaches allaitantes progressent toujours quand ceux des laitières plafonnent à des niveaux très élevés. En semaine 40, les vaches allaitantes R et O cotaient respectivement 4,23 € et 3,52 € le kilogramme de carcasse, soit 13 % et 12 % de plus qu’en 2019, rapporte l’Institut de l’élevage.

Des marchés laitiers très dynamiques, des naissances de veaux en baisse et la réduction continue des effectifs de bovins viande qui en découle, réduisent l’offre d’animaux, aussi bien en France que dans toute l’Europe. En France, les cotations des vaches laitières « P » sont même supérieures de 22 % à leur niveau de 2019.

La réouverture des établissements de restauration collective redynamise l’ensemble des filières bovines jusqu’en Pologne où le prix de la vache « O » était supérieure de plus de 36 % à celui de 2019.

« Les prix des jeunes bovins poursuivent leur progression partout en Europe, y compris en Espagne où l’offre reste pourtant abondante », explique l’Idele. « En France, le JB U a encore gagné 8 centimes en 1 mois pour atteindre 4,24 €/kg de carcasse en semaine 40 (+12% /2020 et +7% /2019) », explique l’Idele. En Pologne, le JB O cotait 3,75 €/kg de carcasse en semaine 39, soit 38% de plus qu’en 2019.

En France, « la restauration collective est à la recherche de produits labélisés pour répondre aux objectifs de la loi EGALIM  et les plans d’alimentation territoriaux pourraient valoriser les JB », analyse l’Idele. Mais les animaux sont parfois trop gros. Le débouché phare du JB sur le marché français reste la boucherie halal.

Lait de vache

Le prix du lait de vache croît mois après mois et atteint des niveaux jamais atteints depuis 2014. Selon la Commission européenne,  le seuil des 400 € les 1 000 litres payés aux éleveurs a été atteint au mois d’août dernier. En septembre, les 1 000 litres valaient même 404 €. Le prix du lait s’est redressé l’été passé, comme chaque année à pareille époque, mais à un niveau plus élevé que les années passées.

Ombre au tableau : l’indice des prix du mois d’août dernier de l’alimentation animale est supérieur de 12,5 % à celui observé un an auparavant. Depuis le début de l’année, il a progressé de 10 %.

Pour les seuls aliments simples, la hausse est de 13,1 %. Par rapport à 2015, l’indice des prix des aliments simples est supérieur de 17,8 %. 

Mais par rapport à leurs collègues européens, les producteurs de lait français sont moins sensibles à la hausse des prix des aliments car leurs animaux en consomment moins. L’autonomie fourragère des élevages est plus importante.

Toutefois la hausse des prix des engrais et de l’énergie accroît le coût de production des fourrages grossiers.

Aux Etats-Unis et en Nouvelle Zélande, les marges alimentaires très dégradées découragent les éleveurs à produire du lait malgré le prix auquel le lait livré est payé. Aux Etats-Unis, elles se seraient réduites de moitié en un an si bien que la croissance de la production de lait, très dynamique les mois passés, marque le pas cet automne.

En Nouvelle Zélande, la nouvelle campagne laitière a débuté sur les chapeaux de roues avec un prix des 1000 litres de lait à 360 €.

Mais le déroulement de la campagne est menacé par des conditions climatiques peu favorables à la pousse de l’herbe, par une pénurie de salariés étrangers et par une hausse des prix de l’alimentation animale. En Nouvelle Zélande, un des moyens de lutte contre la crise de la covid a été la fermeture du marché du travail aux étrangers.

Production ovine

En production ovine, « la hausse saisonnière de la cotation s’accentue A 7,46 €/kg en semaine 40 (se terminant le 10 octobre), la cotation française poursuit une hausse saisonnière très prononcée, débutée fin juin », analyse l’Idele.

Depuis des mois, l’offre réduite d’animaux entraîne une accentuation des hausses des cours.

Cet automne, le repli des importations de viande ovine perdure, réduisant d’autant l’offre d’agneaux mis sur le marché. Au mois d’août dernier (derniers chiffres connus), les importations de viande ovine destinées au marché français étaient inférieures de 27 % aux volumes importés en 2019.

Dans le reste du monde, « les disponibilités, toujours limitées dans les plus grandes régions productrices, soutiennent les prix mondiaux de la viande ovine », rapporte l’Idele.

La demande d’agneau est bien supérieure à l’offre, notamment depuis la levée des restrictions sanitaires de Covid-19 au Royaume-Uni et en Europe.

Or la production ovine au Royaume-Uni pourrait atteindre en 2021 son plus bas niveau depuis 2010 si bien que « la cotation britannique a continué de se déprécier en septembre pour atteindre 4,94 £/kg en semaine 39, soit+ 0,31 £ /2020 et +1,22 £ /2019 », poursuit encore l’Idele.

 

Après deux années de sécheresse, l’Australie amorce une phase de recapitalisation. La prévision d’un printemps humide dans de nombreuses régions productrices d’ovins stimulera la croissance du cheptel national. « Le cheptel ovin pourrait atteindre 76 millions de têtes d’ici 2023, dépassant 70 millions cette année, avec une augmentation des abattages d’agneaux et du poids des carcasses ».

En attendant, le prix de l’agneau australien, supérieur de 31% en septembre dernier à celui de l’an dernier à pareille époque, « devrait rester soutenu pour le reste de l’année et en 2022, grâce à une forte demande, notamment sur les marchés d’exportation où la notoriété de l’agneau augmente toujours».

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