Les bleÌs français ne se distinguent pas toujours par l’excellence de leurs taux de proteÌines. Si ce taux deÌpend grandement de la meÌteÌo, une fertilisation azoteÌe bien conduite permet de le relever.
Pour les bleÌs destineÌs aÌ€ l’alimentation humaine, la teneur en proteÌines est un indicateur de la qualiteÌ boulangeÌ€re. Or, cette teneur, souvent variable, reste un point de fragiliteÌ pour la filieÌ€re française. ApreÌ€s une baisse au deÌbut des anneÌes 2010, la teneur en proteÌines remonte au greÌ des conditions climatiques.
Elle a atteint 12,3 % en 2017, puis entre 11,5 et 12 % en 2018. L’objectif de la filieÌ€re française est de se stabiliser autour de 11,5 % de proteÌines en bleÌ tendre, et autour de 13,5 aÌ€ 14% en bleÌ dur et bleÌ ameÌliorant ou de force. La capaciteÌ d’un bleÌ aÌ€ accumuler des proteÌines dans son grain est lieÌe aÌ€ son potentiel geÌneÌtique.
Ce potentiel est fortement influenceÌ par les conditions meÌteÌorologiques, comme la pluvio- meÌtrie et la tempeÌrature pendant le remplissage du grain. Pour exprimer pleinement son potentiel, le bleÌ doit aussi disposer d’azote, au bon moment et sous la forme la plus efficace.
« Actionner le levier des apports en azote permet de concilier les objectifs de rendement, de qualiteÌ et de respect de l’environnement », souligne Marc Lambert, responsable agronomique chez Yara France.
Comme les proteÌines se forment en fin de cycle, il faut fractionner sa fertilisation en trois, voire quatre apports pour les bleÌs de force (tallage, eÌpi 1 cm, 1 aÌ€ 2 nœuds, gonflement).
« Les outils de pilotage facilitent la gestion de ce fractionnement », remarque Marc Lambert.
La modulation des doses affine les apports selon les potentiels intra-parcellaires. Avec une strateÌgie en trois apports, le dernier, entre 40 et 60 uniteÌs en geÌneÌral, se fera entre les stades « dernieÌ€re feuille eÌtaleÌe et montaison » et « dernieÌ€re feuille pointante et gonflement » pour assurer le meilleur compromis rendement/proteÌines.
Ce dernier apport permet, selon les essais d’Arvalis, de gagner de 2 aÌ€ 3 quintaux et de 0,2 aÌ€ 0,3 % de taux de proteÌines. « Il ne faut pas neÌgliger l’efficaciteÌ du deuxieÌ€me apport au stade « eÌpi aÌ€ 1 cm », qui, selon le reliquat en sortie d’hiver, pourra eÌ‚tre le premier. Une fourniture progressive d’azote par la forme de l’engrais, par exemple avec Apex, ou un fractionnement permet de garantir un bleÌ riche en proteÌines de reÌserve, compleÌ€te Pierre-Yves TourlieÌ€re, responsable deÌveloppement des productions veÌgeÌtales aÌ€ Timac Agro. 80 % des proteÌines finales sont lieÌes aÌ€ l’accumulation d’azote entre ce stade et l’eÌpiaison. »
Le choix de la forme d’azote est important pour optimiser le taux de proteÌines. L’ammonitrate preÌsente une meilleure efficaciteÌ que la solution azoteÌe, meÌ‚me s’il est plus cher, car il subit moins de pertes par volatilisation.
Dans ses essais, Yara avance que l’ammonitrate, compareÌ aÌ€ la meÌ‚me dose sous forme de solution azoteÌe, apporte un avantage de 1,8 quintal et de 0,3 % de proteÌines. En situation favorisant la volatilisation ammoniacale (pH eÌleveÌ, climat sec), un inhibiteur d’ureÌase renforcer l’efficaciteÌ de l’ureÌe.
Si l’azote est primordial pour la constitution du taux de proteÌines, il doit s’inscrire dans une fertilisation eÌquilibreÌe. Dans les situations de fertilisation azoteÌe soutenue, le soufre en renforce les beÌneÌfices. « Un ammonitrate soufreÌ permet d’ameÌliorer les qualiteÌs de panification », souligne Marc Lambert, responsable agronomique chez Yara France.
Il en va de meÌ‚me pour les autres eÌleÌments fertilisants. « Pour bien valoriser l’azote, il faut commencer par faire des racines avec des sols peu compacteÌs et une teneur en phosphore non limitante, recommande Pierre-Yves TourlieÌ€re, responsable deÌveloppement des productions veÌgeÌtales aÌ€ Timac Agro. Si besoin, il faudra apporter un stimulateur de deÌveloppement racinaire comme PhysioPro. Pour favoriser rendement et qualiteÌ, il faut aussi stimuler la photosyntheÌ€se, en particulier lors de la finition, par des apports d’oligoeÌleÌments ou de biostimulants, comme Fertileader Vital. Dans les zones calcaires, la teneur en magneÌsie doit eÌ‚tre surveilleÌe. »
Redaction : Cécile Julien