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Ferme France, pas de conversion des pratiques des fertilisations notable vers l’agriculture biologique

La conjoncture des marchés des engrais et les quantités de fertilisants commercialisés et épandus chaque année constituent de bons indicateurs sur l’évolution des pratiques culturales. La fertilisation des sols est essentiellement chimique et minérale. L’expansion de l’agriculture bio n’est pas perceptible en matière de fertilisation des sols.

Le programme « ambition agriculture 2022 » appelle à la conversion de 15 % de la SAU (surface agricole utile) française à l’agriculture biologique d’ici trois ans. Une telle évolution impose une révolution des pratiques agricoles et de la fertilisation des sols en particulier. L’épandage d’effluents organiques, des cultures de légumineuses et de protéagineux, et l’enfouissement des pailles sont quasiment les seuls moyens d’actions autorisés pour enrichir les sols convertis à l’agriculture biologique.

La conjoncture des marchés des engrais et les quantités de fertilisants commercialisés et épandus chaque année constituent de bons indicateurs sur l’évolution des pratiques culturales.

Depuis 2012, environ 18 millions de tonnes de fertilisants et d’amendements ont été commercialisées chaque année. En passant de 28 à 36 %, la croissance de 8 points de la part des amendements et des engrais organiques épandus mentionne une écologisation des pratiques agricoles. La fertilisation des sols s’inscrit progressivement dans l’économie circulaire.

Mais si on prend en compte l’ensemble des éléments fertilisants épandus en 2018, commercialisés et contenus dans les effluents organiques (issus d’élevages essentiellement), la fertilisation des sols reste essentiellement minérale.

Les quantités importantes d’engrais et d’amendements organiques épandues, commercialisées ou issues d’effluents d’élevage (18,8 millions de tonnes épandues localement), masquent leur faible concentration en éléments nutritifs car ils sont essentiellement composés d’eau et de matières organiques.

Sur les 2 341 kilotonnes d’azote contenus dans les 18 millions de tonnes de fertilisants commercialisés l’an passé (source Unifa – derniers chiffres connus), seules 100 000 tonnes sont d’origine organique. En fait, les 11 millions de tonnes d’engrais minéraux en contiennent 2,2 d’azote, tandis que les 7 millions de tonnes (Mt) de fertilisants organiques en concentrent 100 000 t.

En ajoutant les 18,8 Mt effluents d’élevage, on dénombre alors 800 000 tonnes d’azote d’origine organique épandues.

Pour le potassium, la part de la fertilisation minérale est aussi très importante. Sur les 529 000 tonnes contenues dans les 18 Mt de fertilisants commercialisés, 92 000 tonnes sont d’origine organique.

En fait, la consommation d’engrais minéraux (10,9 Mt) évolue peu. Elle n’est inférieure que de 4 % en moyenne triennale. Et cette baisse s’explique davantage par des facteurs conjoncturels. Elle ne reflète aucunement une modification en profondeur des pratiques culturales.

La conversion d’une partie de la sau à l’agriculture biologique des pratiques de fertilisation des sols qui en découlent n’est pas perceptible.

Au cours des dix dernières années, la répartition des apports en éléments nutritifs n’a pas évolué.

Certes trois fois moins de potassium et de phosphates ont été commercialisés au cours des 20 dernières années sous quelques formes que ce soit.

Toutefois, cette baisse inquiétait il y a quelques années. En 2009, en pleine crise agricole, l’Unifa a cherché à savoir si les agriculteurs ne sacrifiaient pas tout bonnement la fertilité de leurs sols faute de moyens financiers pour acheter suffisamment d’engrais.

Le bio n’a pas de solution aujourd’hui pour maintenir les rendements

Néanmoins, les agriculteurs n’ont pas renoncé à épandre des engrais azotés. 2,2 Mt ont été épandues en 2018, soit seulement 300 000 t de moins qu’en 1999. Et en préférant des solutions azotées à des engrais minéraux, la réduction des gaz à effet de serre est, sur point, remise aux calendes grecques.

En fait, les agriculteurs ne sont pas prêts produire moins ! Obtenir des rendements de 80-90 quintaux de blé par hectare, nécessite l’épandage d’importantes quantités d’azote destinées à être exportées sous forme de protéines. L’enfouissement des pailles ne restitue qu’une faible partie des éléments minéraux utilisés par les plantes durant leur cycle de vie.

L’agriculture biologique n’apporte pas encore des solutions probantes pour maintenir ces rendements de 80-90 quintaux. Et l’industrie meunière déplore régulièrement la faible teneur en protéines des blés bio.

La majorité des céréaliers produisant essentiellement des grains pour l’exportation (céréales), ont pris le chemin de la conversion de l’agriculture biologique car ils ne sont pas prêts à renoncer à leurs rendements. Par ailleurs, les prix des céréales bio ne compensent pas la forte baisse des rendements. Et de nombreuses questions portant sur l’évolution de la fertilité des sols bio, privés d’apports d’engrais minéraux, sont encore sans réponses.

L’essor de la polyculture-élevage nécessaire, selon les partisans de l’agriculture bio, pour assurer un développement équilibré de ce mode de production reste timide.


La photo ci-dessous est issue de Adobe.

1 Commentaire(s)

  1. pour maintenir les rendements en bio il faut irriguer l’été pour cultiver un maximum de biomasse et enrichir les sols. les sols exposés au soleil se dégrade, d’où l’intérêt de la permaculture (culture permanente)

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