La politique agricole américaine (le fameux Farm Bill) répond à une logique pour le moins pragmatique de l’agriculture, s’occupant d’abord de ses producteurs avant éventuellement d’ajuster par rapport aux règles internationales. Et non l’inverse, comme souvent en Europe.
Le think thank agricole français Saf Agr’Idées a organisé récemment une conférence très intéressante pour expliquer les tenants et aboutissants du nouveau Farm Bill, qui vient d’être voté aux States. Pour mieux comprendre, une comparaison était affichée avec la politique européenne.
Le premier aspect qui saute aux yeux est le pragmatisme américain. Le Farm Bill est une politique agricole des Etats-Unis, donc il doit servir les agriculteurs du pays. Point. Ensuite, on regarde ce qui pourrait être incohérent vis-à-vis des règles internationales, et on aménage si besoin. Pas question de faire l’inverse… Ce qui fut souvent le cas en Europe.
Intervenant ce jour-là, Randy Schnepf, économiste au bureau « agriculture et alimentation » du service de recherche du Congrès, a d’abord tracé une présentation de l’agriculture américaine (ci-dessous un des schémas issu de cette présentation).En insistant sur le fait que l’opposition entre élevage et grandes cultures est exagérée, « car la plupart des agriculteurs produisent les deux« . Il existe un gouffre entre les petites et les grandes exploitations : 93 % de la production viennent de 16 % seulement des exploitations, celles ayant un chiffre d’affaires supérieur à 100 000 $.
Sur le Farm Bil en lui-même, cette politique agricole existe depuis 1938, s’appuyant sur des prix paritaires établis à partir de 1910. Elle fait l’objet d’un vote tous les 5-6 ans. L’édition 2014 fait 1000 pages (à comparer avec les 3000 pages de la Pac !)… La différence majeure entre le Farm Bill 2008 (comprenez : ayant débuté en 2008) et le Farm Bill 2014 concerne les dépenses. Elles baissent (en passant en-dessous de la barre des 20 milliards de dollars alors qu’on était au-dessus). Mais surtout les aides directes découplées sont éliminées au profit des aides couplées, les parts de l’environnement et de l’assurance récolte restant presque constantes. Parallèlement, une réflexion a été menée sur un filet de sécurité, avec différentes protections contre les pertes éventuelles, réfléchies par filières.
L’intervention d’Arnaud Petit (directeur productions et échanges commerciaux au Copa-Cogeca) à cette conférence a permis certaines comparaison avec notre Pac. Entre autres, la Pac 2014-2020 prévoit pour la première fois une allocation pour l’innovation et la recherche, alors que pour le Farm Bill, c’est un acquis de longue date. Ou encore (et sans doute même surtout) sur les assurances, selon lui « relayées à l’expérimentation nationale » en Europe, alors qu’elles font l’objet de toutes les attentions dans le Farm Bill dans le cadre du « filet de sécurité ».
Concernant la productivité, Randy Schnepf a donné le point de vue américain sur le refus des OGM en Europe : « C’est un grand avantage pour nous. Aux Etats-Unis, cette question est derrière nous depuis longtemps. 90 % des semences de maïs, coton, soja… sont OGM. C’est incontestablement à notre avantage que l’Europe ne prenne pas ces mesures pour cultiver des OGM.«
Pragmatiques, je vous disais, ces Américains…
Photos ci-dessous : dans l’ordre Randy Schnepf, puis Arnaud Petit, un débat organisé par Marie-Cécile Hénard, responsable innovations et marchés pour la Saf.
Enfin ! on parle du FarmBill qui va défoncer les prix mondiaux à toute vitesse à la hausse comme à la baisse.
Encore ce couplet à 2 balles sur les OGM….. https://twitter.com/DaniNierenberg/status/465148904292765698
Both GMOs and organic are a distraction from the really big issues with our food system. » – @bittman #Edible2014 via @BrianHalweil
Les extrémistes n’ont pas de légitimité pour être autant à l’honneur. Monsanto a racheté le n°1 des auxiliaires de culture. ils sont pas fous. Tout comme l’Homme est une virgule dans la vie de la Terre. Les OGM seront une virgule dans l’Histoire de l’Humanité
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