Grâce à une belle récolte céréalière 2017, en quantité comme en qualité, tous les voyants étaient au vert pour retrouver les niveaux habituels d’exportation, tant vers l’Union Européenne que vers les pays tiers. Or, à fin octobre, les chargements français de blé tendre vers les pays tiers sont légèrement supérieurs à ceux de 2016/2017 mais accumulent du retard par rapport à la moyenne 2013/2016.
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A l’exception de l’Algérie, la campagne de commercialisation démarre lentement pour le blé tendre français. Si les campagnes précédentes ont toujours montré une accélération des exportations durant la seconde moitié de campagne, le rythme de départ est encore plus lent en 2017/18 que d’ordinaire (figure 1) : à fin octobre 2017, les exportations franchissent à peine les 2 Mt, contre 2,8 Mt en moyenne sur la période 2013/16.
Du retard est également constaté au niveau du commerce intra-communautaire, même si sur ce marché les blés français sont plus compétitifs (figure 2).
Figure 1 : Chargements cumulés de blé tendre français vers les pays tiers (en milliers de tonnes)
* Prévisions FranceAgrimer, novembre 2017 – Source : Stratégie Grains et FranceAgriMer
Figure 2 : chargements cumulés de blé tendre français en intra-communautaire (en milliers de tonnes)
* Prévisions FranceAgrimer, novembre 2017 – Source : Stratégie Grains et FranceAgriMer
Au Maroc, les importations devraient officiellement débuter au 1er décembre après l’abaissement des droits de douane. Mais la concurrence pointe déjà le bout de son nez, et des bateaux de Russie sont déjà chargés à destination du Royaume.
En Egypte, le blé français n’arrive pas à s’imposer face à un blé russe très compétitif qui remporte presque la totalité des appels d’offre du GASC.
En Algérie, on s’attend déjà à une concurrence venue de l’Argentine et des Etats-Unis.
En Afrique de l’Ouest, et notamment au Cameroun, au Sénégal et en Côte d’Ivoire, la concurrence est également plus importante en ce début de campagne (figure 3). Près d’un tiers des importations nécessaires ont été réalisées dans la zone (1,4 Mt à la mi-novembre), à mettre au regard des 4,3 Mt importés l’an dernier. Et la Russie a déjà livré 400 kt, contre 385 kt pour la France. C’est près de deux fois ce qu’importait la zone pour ses campagnes annuelles précédentes (260 kt en moyenne 2013/16). L’Ukraine a, quant à elle, autant livré sur les premiers mois de la campagne que sur l’ensemble de 2016/17 (187 kt).
En perdant la moitié de ses parts de marchés habituelles (30 % au lieu de 60 %), la France a déjà perdu sur les 4 premiers mois de la campagne près de 400 kt qu’elle ne pourra pas récupérer en seconde partie de campagne.
Si on considère que l’Afrique de l’Ouest importera la même quantité que l’an passé, il lui reste 2,9 Mt à importer sur les 8 prochains mois. Si la France parvient à retrouver ses 60 % de parts de marché, elle pourrait approvisionner la zone à hauteur de 1,7 Mt supplémentaires et fournir au total un peu plus de 2 Mt pour la campagne 2017/18. Mais ce scénario est de moins en moins envisageable au regard de ce qui a été fait en 1re partie de campagne et des conditions sur le marché.
Figure 3 : origines des importations de blé tendre en Afrique de l’Ouest, hors Nigéria (en milliers de tonnes)
Source : Stratégie Grains
Pour éviter de finir avec un stock de report conséquent, le blé français doit retrouver de la compétitivité sur la scène internationale. L’offre est loin d’être tarie en Russie, et sauf évènement climatique exceptionnel, le pays devrait continuer d’approvisionner largement ses clients. L’Argentine, si elle réalise une bonne récolte, pourrait venir concurrencer le blé français en Algérie, au Maroc et en Afrique de l’Ouest.
Si notre rapport de compétitivité ne bouge pas face à nos concurrents, Stratégie Grains estime que les exports de blé français ne dépasseront pas les 8,7 Mt en fin de campagne, alourdissant ainsi de manière conséquente le stock de report de la céréale.