Le démarrage, fin août, des travaux des quatorze ateliers des États généraux de l’alimentation n’a pas manqué de susciter quelques interrogations. En particulier sur l’absence d’un atelier faisant expressément mention de l’exploitation agricole.
L’expert agro-économiste Jean-Marie Séronie n’a pas manqué de relever cette incongruité dans une vidéo (à visionner à la fin de l’article). Car tout de même, c’est dans la ferme que se crée la première valeur des biens alimentaires. « Où sont les réflexions (pour rendre) l’entreprise agricole plus résiliente, (capable de) s’adapter aux variabilités (…) ?, se demande l’expert dans la vidéo en ligne. Il n’y a quasiment rien. C’est stupéfiant. »
De son côté, Dominique Ciccone, directeur général du groupe coopératif breton Triskalia (18 000 adhérents, près de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans différentes productions agricoles et l’industrie du légume surgelé et de la volaille) regrette lui aussi « qu’aucun des quatroze ateliers ne s’intéresse vraiment à l’exploitation agricole ». Alors que « c’est le premier maillon dans la création d’une alimentation saine, sûre, durable et accessible à tous », plaide Triskalia dans un communiqué.
Question : dans une économie de l’alimentation marquée par une forte volatilité depuis quelques années, « les fermes sont-elles adaptées ? », s’interroge Marcel Denieul, président du salon de l’élevage Space qui ouvre ses portes le mardi 15 septembre à Rennes. Dominice Ciccone ose espérer que les États généraux de l’alimentation traiteront des vrais sujets.
Son groupe voit dix points prioritaires. Parmi ceux-ci, citons la promotion des contrats pluri-annuels entre transformateurs et distributeurs avec le renforcement des clauses de renégociations en cas de forte volatilité pour que « les entreprises aient le temps de s’adapter et d’innover », précise M. Ciccone ; l’évolution de l’Observatoire des prix et des marges pour qu’il soit « le reflet fidèle de la réalité des marges des différents maillons, y compris des marges réelles des distributeurs » ; la révision en profondeur de la LME (loi de modernisation de l’économie) qui, en engendrant la guerre des prix, freine l’innovation et les investissements et peut réduire la qualité des produits…
Les quatorze ateliers qui rassemblent parfois plusieurs dizaines de personnes permettront-ils ces transformations ? Résultat d’ici la fin de l’année.
Ci-dessous, les arguments développés par l’agro-économiste Jean-Marie Séronie.