Frédéric Wilt (à gauche) et 3 de ses salariés

ETA Wilt : à l’écoute des besoins du marché

Frédéric Wilt mène de front son exploitation bovin viande et son ETA à Altorf. Comme beaucoup d’entrepreneurs, il commence son activité par une prestation unique, le pressage, qui prend de l’ampleur au fil des années. La croissance de son entreprise agricole est fortement liée aux changements de profils des exploitations laitières dans son secteur. Aujourd’hui, il suit les tendances et se diversifie grâce au développement de la méthanisation et de l’épandage.

L’ETA Wilt est créée en 2014-15. Elle travaille aujourd’hui avec une centaine de clients. Les exploitations pour lesquelles elle réalise des missions ont des profils d’éleveurs laitiers ou de céréaliers, à une distance de 30 km à la ronde. 

Chiffre d’affaires
Une dizaine de clients parmi les 100 ramènent 80 % du chiffre d’affaires sur l’ETA Wilt. 
La répartition se fait comme suit : 
 – Epandage : 30 à 35 % du CA.
 – Récolte des fourrages, pressage, auto-chargeuse, fauche : 35 %.
 – Achat/revente de foin et de paille et autres activités dont bennes TP : 30 %.

Moins d’exploitations laitières, plus de céréaliers

« A l’époque, je vendais déjà du foin aux centres équestres ».  Il avait alors investi dans une presse à balle carrée Krone pour développer ce commerce. La prestation s’est fortement développée depuis. Le nombre d’exploitations laitières a baissé. Les éleveurs ont laissé la place à des céréaliers ou des maraîchers. « Mais les prairies devaient être récoltées. Du coup, ils laissent les surfaces en herbe en sous-traitance ». L’un de ses deux camions livre les centres équestres dans le département. Ces clients détiennent de 10 à 150 chevaux. Il livre parfois aussi la Suisse pour la luzerne. « J’ai aussi des partenariats pour l’export, avec la Hollande ou l’Espagne ». Les transporteurs viennent en France pour livrer du compost et repartent avec la paille ou le foin pour rentabiliser les trajets ». 

L'élevage bovin de Frédéric Wilt
L’élevage bovin de Frédéric Wilt

L’achat de foin en andain

Au niveau de la prestation, « avant, j’achetais le foin déjà pressé, et je le cherchais dans les fermes, mais on perdait du temps ». Souvent, le hangar n’était pas très accessible. Parfois, il y avait des problèmes de conservation des balles chez les clients. Le chargement et le pesage n’étaient pas évidents non plus. « Il fallait trouver un pont à bascule ouvert lorsqu’on en avait besoin ». D’autant que le tarif n’est pas forcément connu en juin. « En plus, comme les bottes n’avaient pas toute la même forme, c’était compliqué à stocker ».  Depuis 3-4 ans, il fonctionne autrement. Il achète l’herbe en andain, la presse, stocke les bottes carrées, et les transporte et les commercialise lui-même. Il travaille de la même façon pour la paille. « J’ai l’impression qu’au début, les agriculteurs étaient gênés, car ils n’utilisaient pas leurs pressesMais finalement, la praticité du processus les a convaincus. Ils finissent leurs andains et gagnent du temps et de la place chez eux, comme je stocke tout de suite ».

Camion plateau et stock de bottes carrées
Camion plateau et stock de bottes carrées

L’autochargeuse comme tendance pour l’ensilage

« Les exploitations laitières se concentrent de plus en plus sur leur cœur de métier : l’élevage ». L’ETA Wilt réalise des prestations de récolte des fourrages et d’épandage pour ce type de clientèle. Il estime l’activité liée aux presses, aux autochargeuses et à la fauche a environ 35 % de son chiffre d’affaires. « Je dois travailler sur 400 ha en tout, je dirais ». En ce qui concerne le matériel, il travaille de plus en plus avec des autochargeuses. L’organisation du chantier est beaucoup plus facile pour l’agriculteur : pas besoin d’aide extérieure. « On s’occupe de tout et lui se concentre sur le silo ». Il a investi dans une quatrième machine l’année dernière. Elle dispose d’un nouveau système de coupe très performant. « Avec la KRONE ZX OptiGrass, la qualité de coupe se rapproche de celle d’une ensileuse. Comme l’herbe est coupée plus finement, les salariés ont remarqué que la machine se remplit mieux, notamment dans les coins ». Il est aussi propriétaire de 3 presses carrées depuis 2014. La dernière est équipée de 51 couteaux, plus que les précédentes. « Les élevages avicoles sont demandeurs pour couper fin la paille utilisée comme litière ». Il presse aussi le foin avec, car dans le secteur, des exploitations laitières ont des systèmes de cuisine automatique Lely. « Le robot arrive mieux à prendre le foin quand il est plus fin ». 

Autochargeuses
Autochargeuses

L’agrandissement des fermes est une opportunité pour les ETA

Quant à l’épandage, il peut être solide ou liquide. Les éleveurs laitiers le font faire, car les matériels performants coûtent de plus en plus chers. « Les tonnes à lisier ou les épandeurs efficaces et aux normes, avec rampe et DPAE, valent plus de 200 000 euros aujourd’hui. Cela ne se justifie plus pour une exploitation laitière d’investir autant ». Il interprète cette tendance par différents facteurs, qu’il a lui-même vécu : l’agrandissement des fermes, le départ en retraite des parents et le manque de main d’œuvre.
Pour l’épandage liquide, qu’il réalise toute l’année, il se spécialise en interrang de maïs. Généralement, ce sont les exploitations qui disposent d’une méthanisation et les éleveurs de porcs qui demandent la prestation. « Leur fosse est pleine en mai et ils n’ont pas de prairies ». 

Une activité TP pour combler les mois les moins chargés
Frédéric Wilt complète son activité agricole par une activité TP inter-saison. « J’ai trois bennes à dispo ». Un salarié travaille avec l’une d’entre elle sur ce secteur toute l’année et les 2 autres bennes sont utilisées selon les besoins. « Il s’agit surtout de réaliser des ouvrages comme des routes, avec des clients récurrents ».

La méthanisation : récolte de fourrage, transport de déchets et épandage

Frédéric Wilt développe aussi une activité dans la filière méthanisation. Il fait d’ailleurs partie d’un collectif qui gère lui-même une unité. Il s’engouffre dans l’activité en 2019 pour diversifier ses revenus. « Il y avait clairement un marché à prendre en ce qui concerne la récolte des fourrages et l’épandage ». La fin de l’été et la saison automnale sont devenues particulièrement intenses chez lui. Les méthaniseurs du secteur sont alimentés grâce au maïs ensilage et aux cannes de maïs. Après le maïs grain, « il faut être disponible pour les récolter ». Il utilise pour cela ses autochargeuses Krone.
D’autres substrats sont aussi utilisés : l’ensilage de CIVE, le méteil, le lisier et le fumier. Pour les déchets organiques, il propose une prestation de transport des fermes aux méthaniseurs. Parfois, il y a plusieurs dizaines de kilomètres à parcourir quotidiennement, avec des citernes. « Les méthanisations du secteur font environ 320 Normo mètres cube heure. Elles utilisent jusqu’à 100 tonnes / jour de produit brut et produisent 100 tonnes de digestat par jour ». Lorsque vient le moment d’épandre, il ne faut pas traîner . Les périodes d’épandage sont courtes : cela joue en faveur des ETA qui ont de plus grandes capacités d’épandage, vu les matériels détenus ».

Une gestion familiale, aidée par la technologie

Frédéric Wilt est l’unique gérant de son ETA et de son exploitation bovine. Il gère toute l’organisation. « Comme nous mangeons ensemble à midi avec les salariés, la répartition des tâches est assez facile ». Tout le monde est ainsi capable de tout faire, même si chacun a une spécialité. Pour gérer les missions, il utilise le logiciel Agroptima depuis 5-6 ans. Il s’agit d’un carnet de culture numérique, avec accès aux cartes satellite de France et aux données des îlots PAC. « Je recense les parcelles des clients. Je peux ensuite décider des travaux à réaliser selon les demandes, et trier les missions selon les salariés, qui les prennent en charge ». Chacun a un accès aux données, et voit sur son portable, les missions qui lui sont assignées pour le lendemain. « On doit beaucoup à ce logiciel : le gain de temps en termes d’organisation est phénoménal ». Les parcelles de ses clients sont très morcelées : « généralement, on est sur 2-3 ha, mais on a aussi des parcelles de 50 ares ». La visualisation des parcelles est pratique pour « ne pas se tromper ». Il cite l’exemple d’un stagiaire breton venu travailler sur l’ETA, il y a quelques années.  « Il ne connaissait rien, mais ne s’est pas trompé une seule fois de parcelle ! ».

Vue arrière de l'atelier
Vue arrière de l’atelier Wilt

Entre salariés à temps plein, saisonniers et auto-entrepreneurs

Frédéric Wilt utilise plusieurs types de contrats. Ses salariés à temps plein d’abord. Ils sont au nombre de 4. « Ce sont des jeunes avec des formations agricoles et mécaniques. Cela permet d’être indépendant sur les contrats d’entretien ». Entre 2 et 4 saisonniers viennent en renfort lors des périodes de pointe, entre mars et mai d’abord, pour l’épandage et le semis. L’autre période à forte activité a lieu entre octobre et novembre, où 4 saisonniers lui viennent en aide. « Ce sont souvent d’anciens stagiaires, ou des copains. Mais il peut aussi embaucher des auto-entrepreneurs agricoles à la place. Ce sont des jeunes, passionnés par l’agriculture, qui savent tout faire. Ils se louent à l’heure et envoient leurs factures ». Le top au niveau administratif pour Frédéric Wilt. « Je les réserve en début d’année, et ils complètent leurs activités avec d’autres contrats ». Ils conduisent une ensileuse chez lui, et peuvent faire du foin ou de la paille chez un voisin. En hiver, ils travaillent dans les vignes ou en montagne. Parfois, il s’agit de personnes qui ont un emploi et prennent quelques semaines de congés pour se consacrer à leurs auto-entreprises. Au niveau tarif, ils demandent 23 €/h. « Le salaire des employés agricoles revient au même si l’on compte les charges ». Et même s’il n’est pas lié avec eux, il considère que c’est un partenariat de confiance : « Ils reviennent tous les ans et font du bon boulot ! ».

Le matériel : 14 tracteurs : 1 Fendt 412, 1 Fendt 516, 11 Fendt de la serie700 et 1 Fendt 826

Récolte des fourrages : 
 – 
3 groupes de fauche 9 m : 2 Kuhn, 1 Krone avec groupeur
– 
2 faneurs 8 toupies
– 
3 andaineurs
– 
3 presses carrées Krone : 2 modèles 120/90 et un modèle 120/70
– 
1 presse ronde
– 
4 autochargeuses Krone : 2 modèles ZX430 et 2 modèles ZX470

Epandage : 
 – 
2 tonnes à lisier de la marque Bauer
– 
3 citernes de ravitaillement Fliegl 29000 l
– 
2 épandeurs à fumier Roland 6620 avec DPAE

Autres : 
– 
4 plateaux à fourrage
– 
2 chargeurs télescopiques Manitou
– 
2 camions : 1 semi Volvo et un Ampliroll Scania
– 
1 herse de prairies équipée d’un semoir
– 
3 bennes TP

Ainsi que charrues, semoirs et autres matériels pour gérer une exploitation laitière.

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