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Et si le bonheur était vraiment dans le pré…

Les agriculteurs figurent en deuxième position parmi les professions les plus heureuses selon une étude récente publiée dans Le Nouvel Observateur. Cela peut paraître surprenant au premier abord, mais cela s’explique avant tout par la passion des agriculteurs pour leur métier et un sentiment d’utilité pour la société.

Un « palmarès du bonheur professionnel » en France a été divulgué pour la première fois au mois d’octobre dernier dans Le Nouvel Observateur. Il est fondé sur une enquête réalisée par l’institut de sondage Viavoice, qui a été effectuée en août 2013 auprès de 5 000 actifs, ce qui représente un effectif beaucoup plus important que pour les sondages habituels.

Au total, vingt-trois professions ont été répertoriées. Or, les agriculteurs arrivent en deuxième position des métiers apportant, selon eux, le plus de satisfactions professionnelles. En clair, après les cadres de la fonction publique, ce sont les agriculteurs qui se disent les plus heureux dans leur travail, alors qu’il y a quelques semaines encore, une étude de l’Institut de veille sanitaire (InVS) indiquait que cette profession était celle où le nombre de suicides était le plus élevé. Ils arrivent devant les enseignants, les médecins, les professions libérales, les cadres d’entreprise ou encore les ingénieurs. 86 % des agriculteurs interrogés se disent ainsi heureux, contre 11 % qui pensent le contraire. En moyenne, 73 % des actifs sondés partageaient ce sentiment.

Lorsque l’on regarde cette étude dans le détail, on s’aperçoit que les agriculteurs ont tout de même une perception assez contrastée de leur profession. C’est un métier dont les conditions de travail sont perçues comme difficiles par les agriculteurs eux-mêmes. 63 % d’entre eux estiment ainsi que l’exercice de ce travail au quotidien est pénible. Avec les ouvriers du BTP et dans l’industrie ou les agents d’entretien, le métier d’agriculteurs est ainsi considéré parmi les cinq professions les plus pénibles. C’est un métier également perçu comme précaire par 20 % des agriculteurs interrogés. Il figure avec d’autres indépendants, comme les artisans et commerçants ou encore les professions libérales, parmi les huit professions les plus précaires. Enfin, les agriculteurs semblent voir la situation de leur profession se dégrader. Ainsi, si 28 % des agriculteurs estiment que leur situation est meilleure que celle de leurs parents, ils sont 40 % à penser que celle-ci s’est dégradée. La profession figure parmi les cinq les plus mal classées de ce point de vue avec les ouvriers (du BTP et de l’industrie), les employés de commerce et les agents d’entretien.

Alors, dans ces conditions, pourquoi les agriculteurs se sentent-ils aussi heureux ? En premier lieu, les conditions matérielles hors revenu dans lesquelles ceux-ci travaillent semblent satisfaisantes pour une grande majorité d’entre eux, tout comme les relations qu’ils entretiennent autour d’eux dans le cadre professionnel. Mais surtout les clefs pour comprendre le bonheur d’être agriculteur aujourd’hui semblent être la passion et le sentiment d’utilité.

82 % des agriculteurs affirment ainsi que leur profession les passionne vraiment. Il s’agit même de la seconde profession sur les vingt-trois mentionnées à être aussi passionnée par son métier, la première étant celle des infirmiers, kinésithérapeutes et aides-soignants. Les agriculteurs arrivent donc devant d’autres métiers que l’on exerce généralement par vocation comme les médecins ou les enseignants par exemple. Par ailleurs, 84 % des agriculteurs pensent que leur profession est utile à la société. Un communiqué de presse de la FNSEA du 14 juin 2013 s’intitulait ainsi, de façon assez symptomatique, « fiers de produire pour vous nourrir » et se concluait par la phrase suivante : « Nos productions françaises ont de la valeur et nous sommes fiers de notre métier et de nos produits ». Les agriculteurs arrivent tout de même après le groupe des métiers considérés comme particulièrement utiles pour la société comme les professions médicales et sociales ou les enseignants.

Les auteurs de l’étude soulignent ainsi « l’importance de l’intérêt porté à son travail, mais aussi du regard de la société sur son métier », à travers le sentiment d’être utile pour les autres. C’est, en effet, un peu la surprise de cette étude. Contrairement à ce que l’on pouvait penser a priori, ce ne sont pas les professions les mieux rémunérées ou considérées comme les plus prestigieuses (médecins, professions libérales, cadres d’entreprise, ingénieurs), celles qui font le plus rêver les étudiants par exemple, qui dominent ce classement des professions les plus heureuses, mais bien les métiers-passion qui ont une utilité sociale puisqu’arrivent en tête les cadres de la fonction publique, les agriculteurs, les enseignants, les artisans et commerçants et les médecins.

En termes d’activités professionnelles, l’argent ne semble donc pas faire le bonheur, mais il y contribue tout de même… Le bonheur au travail est ainsi corrélé au niveau de revenus. S’estiment heureux 68 % des actifs gagnant moins de 1 000 € net mensuels et 68% de ceux gagnant entre 1 000 et 1 500 € net, 74 % de ceux qui gagnent entre 1 500 et 2 000 € net, 79 % de ceux qui gagnent entre 2 000 et 3 000 € net et 82 % de ceux qui gagnent plus de 3 000 € net. Figurent également en bas du classement, les professions les moins bien rémunérées, les moins qualifiées, les moins considérées socialement et celles dont les activités sont les plus répétitives et les moins valorisantes, à savoir les ouvriers, les employés ou encore les agents d’entretien.

Un certain nombre d’études ont montré, en effet, que, pour les catégories à faibles revenus et a fortiori pour les chômeurs, le travail apparaît comme une nécessité visant à assurer un revenu afin de subvenir à ses besoins quotidiens. C’est avant tout un moyen d’assurer une sécurité financière. En revanche, pour les catégories à revenus plus élevés, le travail constitue d’abord une source d’épanouissement personnel, à partir du moment où les besoins de sécurité sont assurés. A compter d’un certain niveau de revenus, le sentiment de bien-être semble ne plus être vraiment lié à l’argent, mais bien à d’autres facteurs, comme le sens de son travail et son utilité pour la société. D’ailleurs, plusieurs études ont montré a contrario que les personnes qui se concentrent uniquement sur des objectifs d’enrichissement matériel et d’ascension sociale éprouvent un moindre sentiment de bien-être que les autres. Il est ainsi intéressant de noter que, dans l’étude menée par Viavoice, les actifs les plus heureux sont aussi ceux qui travaillent le plus grand nombre d’heures – 79 % pour ceux qui travaillent plus de 45 heures, contre 70 % pour ceux qui travaillent moins de 35 heures – et ceux qui travaillent seuls. On retrouve là aussi des caractéristiques typiques des agriculteurs, qui sont des bosseurs qui ne comptent pas leurs heures… pour reprendre le titre d’une page Facebook bien connue maintenant dans le monde agricole.

En savoir plus : www.institut-viavoice.com/docs/Les-palmares-du-bonheur-professionnel_Viavoice-pour-Le-Nouvel-Observateur.pdf (étude Viavoice sur le palmarès du bonheur professionnel), http://tempsreel.nouvelobs.com/le-dossier-de-l-obs/20131024.OBS2621/prof-agriculteurs-fonctionnaires-ces-8-metiers-qui-rendent-heureux.html (dossier du Nouvel Observateur sur les métiers qui rendent heureux), www.fnsea.fr/media/778418/communique%20gaspillage%20alimentaire.pdf (communiqué de presse de juin 2013 de la FNSEA), https://fr-fr.facebook.com/pages/Les-AGRICULTEURS-sont-des-BOSSEURS-qui-ne-comptent-pas-leurs-heures-/260070846500 (page Facebook « Les agriculteurs sont des bosseurs… qui ne comptent pas leurs heures ! »).

2 Commentaire(s)

  1. heureux d’être agriculteur et fier de nourrir la planète

    mais de plus en plus inquiet pour l’avenir de notre métier qui devient de plus en plus administratif et de moins en moins au contact de la nature … et dire que cela vient des écolos !!!! qui plus est d’écolos qui ne connaissent que le béton de la ville ….

    enfin heureux d’être libre dans mes champs malgré tout.

  2. heureux dans le boulot oui ; après ce qui gravite autour ;réglementation ,contrôle commence a usé un paquet de personnes ;surement plus que la volatilité des cours ou des intrants .

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