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Epis de blé, des conditions favorables aux fusarioses

La majorité des parcelles de blé de la région est en cours d’épiaison. Dans la foulée, la floraison prendra le relais d’ici une petite semaine. A ce stade, les céréales sont exposées au risque de contamination des épis par les fusarioses. La météo actuelle, avec des pluies répétées, est plutôt favorisante.

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Les températures fraîches étaient jusque-là plutôt favorables à des fusarioses de type Microdochium. Toutefois, le réchauffement des jours à venir peut aussi permettre l’installation des Fusarium roseum, plus dommageables, en particulier vis-à-vis de la qualité sanitaire des grains (mycotoxines DON).

Les pluies régulières enregistrées depuis début mai ont favorisé la maturation des périthèces – fructification du champignon présent sur les résidus au sol. Les spores alors émises sont susceptibles de coloniser les épis dès lors que les conditions leurs sont favorables à la floraison des céréales. Or ce temps perturbé avec des averses orageuses est annoncé pour les 10 jours à venir. La vigilance s’impose donc et une protection spécifique vis-à-vis de la fusariose est à prévoir sur les parcelles à risque.

Le risque agronomique de présence de résidus infectieux dépend du précédent cultural et de la gestion des résidus de récolte (enfouissement ou non). Ce risque parcellaire est également à moduler selon la sensibilité variétale.

Figure 1 : échelle de sensibilité au risque DON des variétés de blé tendre 2015/2016


Pour rappel, la grille de risque ci-après permet de décider ou non d’une intervention spécifique selon la situation.


Figure 2 : grille d’évaluation du risque d’accumulation du déoxynivalénol (DON) dans le grain de blé tendre et d’aide au traitement contre la fusariose sur épi (F. graminearum et F. culmorum)


Recommandations
1 et 2 : Le risque fusariose est minimum et présage d’une bonne qualité sanitaire du grain vis-à-vis de la teneur en DON. Pas de traitement spécifique vis-à-vis des fusarioses quelles que soient les conditions climatiques.
3 : Le risque peut être encore minimisé en choisissant une variété moins sensible. Traiter spécifiquement vis-à-vis des fusarioses en cas de climat humide (cumul de pluie > 40 mm pendant la période entourant la floraison).
4 et 5 : Il est préférable d’implanter une variété moins sensible ou de réaliser un labour pour revenir à un niveau de risque inférieur. A défaut, effectuer un broyage le plus fin possible et une incorporation des résidus rapidement après la récolte. Pour ces deux niveaux de risque, envisager un traitement spécifique vis-à-vis des fusarioses, sauf si le climat est très sec pendant la période de floraison (cumul de pluie < 10 mm pendant les +/- 7 jours entourant la floraison).
6 et 7 : Modifier le système de culture pour revenir à un niveau de risque inférieur. Labourer ou réaliser un broyage le plus fin possible des résidus de culture avec une incorporation rapidement après la récolte sont les solutions techniques les plus efficaces et qui doivent être considérées avant toute autre solution. Choisir une variété peu sensible à la fusariose. Traiter systématiquement avec un traitement* anti-fusarium efficace.

* Traitements efficaces contre F. graminearum et F. culmorum : principalement produits à base de prothioconazole, tébuconazole ou metconazole, utilisés début floraison à une dose suffisante (60 à 80 % de la dose homologuée minimum, selon le produit utilisé).

Positionner le traitement au début de la floraison

Le traitement fusariose doit être positionné dès le début de la floraison (1ères étamines visibles). Choisir des produits à base de prothioconazole, ou metconazole et tébuconazole. Passé début floraison, l’efficacité décroit rapidement. La décision d’intervenir ne concerne donc aujourd’hui que les parcelles les plus tardives.

Pour rappel, les protections sur épis nécessitent des volumes de bouillie importants, pour une bonne efficacité, viser plutôt de l’ordre de 150 l/ha. Nos essais ont montré que le volume de bouillie est plus important que le choix des buses ou le recours à d’éventuels adjuvants. Néanmoins, ce volume peut être réduit en présence de forte rosée très tôt le matin.

 

Luc Pelce (Arvalis – Institut du végétal)

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