A Trelleborg, Mads Pedersen renonce à cultiver cet hiver des tomates bien trop chères à produire. La flambée des prix du gaz et de l’électricité rend son modèle de production totalement caduque. Cet hiver, les consommateurs suédois ne consommeront que des tomates importées.
En Suède, la crise énergétique ne rend pas les consommateurs plus sobres dans leur assiette….pour l’instant! Les Suédois ne sont pas prêts de renoncer à avoir quelques tranches de tomates dans leur assiette au petit déjeuner. Or aucune tomate ne sera cultivée cet hiver à Trelleborg comme les années passées. Aussi, en consommeront-ils importées du Maroc ou des Pays Bas.
Mads Pedersen, producteur de tomates en Suède a renoncé à produire, comme les années passées, des tomates dans une partie de ses serres car il sait que les consommateurs suédois refuseront de les acheter deux, trois ou même quatre fois plus chères que leurs concurrentes marocaines ou hollandaises,
Quoi qu’il en soit, les 30 tonnes qu’il aurait récoltées chaque semaine n’auraient couvert que 3 % de la consommation suédoise de tomates.
En Suède, le « locacalisme » en agriculture repose plus qu’ailleurs, sur une source d’énergie abondante et bon marché pour être rentable afin de compenser la froideur du climat et le faible ensoleillement durant les mois d’hiver.
Mais là, comme dans le reste de l’Union européenne, la crise énergétique rend impossible certaines activités économiques.
Dans les serres de Mads, la production de tomates en plein hiver fait dorénavant partie de ces activités qui ne sont plus rentables. Le prix de l’urée employé pour le traitement de l’oxyde d’azote dégagé par les chaudières a flambé, celui du kilowattheure a été multiplié par six. Et comme des entreprises de fabrications d’engrais azotés ont cessé leurs productions, Mads ne parvient plus à se procurer du CO2, accélérateur de croissance des plantes en milieu fermé.
L’an passé encore, Mads Pedersen avait produit ses 30 tonnes de tomates hebdomadaires sur une partie de son parc de serres de 160 000 mètres carré. Les premières tomates d’hiver avaient été récoltées 6 semaines avant noël.
Alors qu’en été, les plantes profitent pleinement de la lumière du soleil jusqu’à 20 h par jour, l’hiver, les tomates sont cultivées dans une serre à hauts plafonds éclairées par des lampes LED de 1000 watts. Et pour accélérer la croissance des tomates, Mads injectait aussi du CO2, sous produit de l’ammoniac élaboré à partir de gaz.
Les productions de légumes et de fruits en Suède sont concurrencées par des produits importés du monde entier. Mais Mads n’était pas peu fier de montrer que la Suède est un jardin de Cocagne.
Le site internet de Sud vert https://sydgront.se/vara-produkter montre du reste la panoplie de fruits et de légumes produits en Suède.
L’arrêt de la production de tomates en hiver est provisoire. Pour relancer son activité hivernale, Mads doit repenser l’ensemble de son modèle économique.
Sans atteindre les montants actuellement observés, les prix du kilowattheure restera suffisamment élevé pour rendre rentable la production d’électricité et de gaz par cogénération. En intégrant la production de tomates en économie circulaire, produire des tomates en hiver sera de nouveau bénéfique même si elles coûteront plus chères à l’achat. Mais Mads fait aussi le pari que les prix des produits importés seront aussi plus chers à l’avenir.
Légende photo: pied de tomates dans une serre de Mads Pedersen