Le potentiel de croissance des exportations de viande bovine repose en partie sur la création de filières d’engraissement de jeunes buffles males. La « cueillette » de bufflonnes de réformes ne suffira plus pour accroître les débouchés de viande à l’export.
Le dernier dossier le l’Institut de l’élevage intitulé « L’Inde, leader émergent sur le marché mondial de la viande » analyse les ressorts de l’expansion fulgurante des exportations de viande bovine ou plus précisément, bubaline (issue de l’abattage de buffles).
Selon ses auteurs, « le secteur de la viande bovine indienne semble promis à un bel avenir à l’export pour répondre avant tout à la faim de viande bovine des pays émergents ».
A ce jour, la viande est en Inde un sous-produit bon marché sans valeur marchande particulière sur le marché intérieur (les Indiens consomment en moyenne 1,3 kg par an). Le secteur de la viande bovine est confronté aux interdits religieux hindous et aux répréhensions.
Il n’existe pas, à proprement parlé, d’exploitations d’élevage de bovidés destinés à la production de viande. La quasi majorité des paysans détient moins de trois animaux.
L’expansion des exportations provient essentiellement de l’abattage, autorisé dans la plupart des bassins de production, de bufflonnes réformées d’une dizaine d’années (élevées pour la traction et pour la production de lait) et de males de plus de trois ans. L’exportation massive de carcasses crée des nouvelles structures d’abattage et organise la « cueillette » des bufflonnes réformées et des males dans les fermes.
Les débouchés à l’export de la viande bubaline valorisent ainsi un produit sans coût de revient et sans réel prix sur le marché intérieur. Une véritable situation de rente ! La viande bovine indienne est la moins chère au monde !
A 2,4 €/kg équivalent carcasse en moyenne en 2014, les découpes de viande étaient 30 à 50 % moins chères que ses principales concurrentes, selon l’Institut de l’élevage.
En 5 ans, l’Inde détrône le Brésil et devient le 1er exportateur mondial de viande de bovidés (les ventes de viande de zébus et de croisés alimentent un marché souvent informel vers le Bengladesh). « Toutefois, le potentiel d’animaux valorisables, malgré l’existence de marges d’augmentation du taux de collecte, semble se réduire », analyse l’Institut de l’élevage. A l’avenir, l’essor des exportations de bovidés repose sur l’élevage des bufflons males.
Chaque année, 14 à 18 millions de jeunes mâles sont abandonnés. Ils ne sont pas gardés pour être élevés et ensuite être utilisés comme animal de trait. Le pays est déficitaire en fourrages (350 M2 par bovin disponible dans les exploitations).
Mais créer de toutes pièces une filière d’élevage de jeunes bufflons de 12 mois (100 kilos de carcasse) suppose des prix de vente attractifs, plus élevés qu’à ce jour pour couvrir les charges des éleveurs. Toute production supplémentaire de fourrages se fera en effet aux dépens des cultures vivrières ou destinées à la vente. L’essor de la filière indienne sera donc davantage lié à la conjoncture mondiale.
En 2013 (dernière année connue), un buffle de 300 kilos vif était payé 1,15 €/kg de carcasse (140 à 150 kilos) à l’éleveur. Le transport des animaux est le poste de charges le plus important : 1,40 €/kg de carcasse de la ferme vers l’abattoir et ensuite vers les ports d’embarquement. En revanche le coût de l’abattage et la découpe n’est que de 2 à 3 centimes d’euro par kilo de carcasse, en raison du coût de la main-d’œuvre (les salariés sont parfois payés moins de 100 € par mois).
En savoir plus : http://idele.fr/services/librairie-technipel/publication/idelesolr/recommends/linde-leader-emergent-sur-le-marche-mondial-de-la-viande-bovine-dossier-economie-n-463-p.html (où se procurer le document source à notre article).
Ce schéma est issu du dossier de l’institut de l’élevage sur l’Inde.
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