A Obterre, dans l’Indre, Olivier Morin a repris en 2022 l’exploitation familiale de ses grands parents (20 ha) pour y relancer une activité agricole. Il y produit 5 000 volailles bio (poulets, pintades, canards) par an qu’il vend en circuit court.
Adepte de l’économie circulaire, Olivier cultive lui-même les céréales et le méteil nécessaires pour nourrir ses animaux. Sur son exploitation, il tient à être à la foi autonome pour créer de la valeur tout en jouant collectif: l’aviculteur est membre de plusieurs Cuma et préside l’abattoir coopératif où il livre ses volailles tous les mois. La mutualisation du parc matériel réduit ses coûts de production.
Une fois élu député européen à Bruxelles, la politique agricole d’Olivier s’appuiera sur son expérience de polyculteur-éleveur acquise dans l’Indre.
Au Parlement européen, il rejoindra la commission agriculture et développement rural où y siègeront de nombreux agriculteurs députés comme lui. Le dossier majeur de la prochaine mandature sera la Pac post 2027.
Selon Olivier, l’agriculture doit rémunérer le travail des paysans. « Aussi, les prix des produits agricoles doivent être fixés en fonction des coûts de production et les aides Pac versées à l’actif et non plus à l’hectare », affirme-t-il.
Ce changement de paradigme n’inciterait plus agriculteurs européens à être toujours plus productifs et à s’agrandir pour réduire leurs coûts de production. Autrement dit, ils ne seraient plus livrer à la vindicte de la concurrence internationale.
La nouvelle répartition des aides PAC à l’actif promue par Oliver facilitera aussi la transition agro-écologique de l’agriculture européenne et sa décarbonation. L’Union européenne se donnera les moyens d’être plus souveraine en renonçant à produire des céréales pour les exporter et en cultivant les oléo-protéagineux nécessaires pour renforcer son autonomie en protéines végétales.
Aujourd’hui, les aides Pac sont des trappes à bas revenus. « Elles représentent 195 % des revenus des éleveurs ovins viande et 152 % des producteurs de bovins viande », souligne Olivier Morin. Les aides Pac donnent aussi aux industriels les moyens de négocier l’achat de produits agricoles en tirant les prix vers le bas ».
Dans l’immédiat, pas d’intégration de l’Ukraine dans l’UE
Ecophyto 2030 : « ce programme doit être appliqué. Il en va de la santé des paysans. Mais lorsque des substances sont supprimées, il ne faut pas laisser les paysans sans solution », soutient l’aviculteur.
« Si les NBT sont des atouts pour renforcer la souveraineté alimentaire de l’Union européenne, pourquoi pas, ajoute Olivier. Mais là encore, il faut s’assurer qu’ils ne sont pas nuisibles pour la santé des hommes ».
En fait, la recherche agronomique doit être mobilisée pour innover et aider les pays à être souverains afin de renforcer la sécurité alimentaire de leurs populations.
« Les accords de libre échange : les paysans ne s’y retrouvent pas, affirme Olivier. Tels qu’ils sont négociés, ils conduisent à une perte de souveraineté puisqu’ils font la promotion de produits bon marché qui ne respectent pas les normes environnementales européennes. En conséquence, des pans entiers de l’agriculture européenne sont sacrifiés ».
En attendant, le rejet par le Sénat du Ceta, le traité de libre échange avec le Canada, révèle la faiblesse de la majorité présidentielle pour mener sa politique agricole.
« L’Ukraine, il faut tout faire pour parvenir à la Paix, soutient Olivier. En fait, le parti communiste défend le retour de la paix sur tous les conflits ». Mais dans l’état de la situation actuelle, il est opposé à l’intégration du pays dans l’Union européenne et aux importations de blé qui concurrencent directement les producteurs européens.
Par Frédéric Hénin
