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Derrière l’hypothèse du Brexit « hard », un possible embargo américain

Si le Royaume-Uni sort de l’Union européenne, la France perdrait 500 millions d’euros d’exportations de produits agricoles et alimentaires dès la première année. Toutes les régions seront impactées par un Brexit « hard ». Mais cet automne, les Etats-Unis pourraient aussi fermer leur marché aux importations européennes en réaction au contentieux industriel qui oppose Airbus à Boeing. 

Ce n’est pas le Brexit qui pose problème mais l’option qui sera finalement  retenue. S’agira t-il d’un Brexit avec accord commercial, et une éventuelle adhésion à l’Union douanière, ou d’un Brexit « hard » sans accord ? Dans ce second cas de figure, le Royaume-Uni serait alors assimilé à un pays tiers au titre de l’Organisation mondiale du commerce, sans période de transition.

Le Brexit occulte un enjeu géo-politique et commercial majeur. Selon Ralph Ichter, président d’Euro consultants, Donald Trump pourrait fermer, l’automne prochain, le marché américain aux importations de vins et de fromages en réaction au contentieux industriel qui oppose les deux consortiums aéronautiques Airbus et Boeing.

« Je ne suis pas persuadé que nos secteurs agricoles aient bien compris demain, on a un risque important de fermeture total du marché américain sur un tas de produits du secteur agro-alimentaire lié au contentieux avec Airbus », déclarait le 19 juin dernier l’expert. Il intervenait durant la conférence organisée par l’Apca (Chambres d’agriculture) sur le Brexit.

Or si cet embargo est imposé, il interviendrait concomitamment avec la sortie du Royaume-Uni de l’UE.

« Le président américain est du reste favorable à un Brexit « hard » pour conclure ensuite un accord commercial « phénoménal » avec le Royaume-Uni », a ajouté l’expert. Mais toujours selon ce dernier, les milieux d’affaires américains plaident plutôt pour l’adhésion du Royaume-Uni à l’Union douanière de l’UE afin d’avoir librement accès au marché européen. Des investissements massifs ont été réalisés sur le sol britannique pour exporter plus facilement des produits américains sur le continent.

Donald Trump souhaite au contraire une relocalisation de l’économie étatsunienne et le rapatriement, sur le sol américain, des capitaux investis en Europe et au Royaume-Uni, en particulier.

Toutefois, dans l’hypothèse d’un Brexit dur, l’UE n’aurait pas à redouter que les Etats-Unis deviennent le cheval de Troie européen. Et tout sera mis en œuvre pour que  le Royaume Uni ne soit pas non plus une plateforme commerciale américaine et même mondiale. Des droits tarifaires et des mesures non tarifaires seront fixés pour restreindre l’accès des produits importés par le RU au marché européen.

73 % des produits importés du continent européen

Mais restons quelque peu pragmatiques. Les Britanniques continueront à s’alimenter. Les vins de Bordeaux sont bus depuis la Rome Antique. Et surtout, 73 % des importations agricoles et alimentaires britanniques sont des produits continentaux !

Le Royaume Uni ne peut pas s’affranchir d’un jour à l’autre du marché européen. C’est pourquoi la politique douanière annoncée par le gouvernement britannique est très conciliante. Ses tarifs sont plus faibles que ceux appliqués actuellement par l’UE aux nations les plus favorisées. Or cette dernière soumettra en revanche les produits britanniques à des tarifs douaniers très élevés.

En fait, le Brexit « hard » est différemment redouté, selon les filières et les produits en jeu. Sur le marché britannique, le porc européen sera en concurrence avec le porc canadien moins cher à produire. Or les droits de douane pénaliseront les achats de porcs européens (4 millions d’euros pour la France).

Pour leur part, les responsables professionnels agricoles britanniques vont probablement demander au gouvernement britannique de revoir sa grille tarifaire pour favoriser la relance de la production agricole insulaire. Les exportateurs européens ne sont pas non plus à l’abri de nouvelles mesures britanniques non tarifaires.

Politique commerciale du Royaume-Uni

Par ailleurs, le Royaume Uni sera appelé à signer ses propres accords commerciaux. Mais s’il adhère à l’Union douanière, sa politique commerciale sera liée à celle de l’Union européenne. Il devra même verser une contribution au budget européen après 2020.

En attendant, les contingents de denrées importées, accordés à l’Union européenne dans le cadre de l’organisation mondiale du commerce, devront être répartis entre le Royaume-Uni et l’Union à Vingt-sept.

Quoi qu’il en soit, la Commission européenne a affirmé qu’elle débloquera des fonds pour atténuer les impacts et les pertes des filières causées dans l’éventualité d’un le Brexit « hard ». Pour autant, ses moyens sont faibles et pas à la hauteur des enjeux économiques soulevés. Aucune ligne budgétaire spécifique n’est ouverte pour couvrir ces dépenses.

Mais surtout, « hard » ou « soft », le premier impact du Brexit sera monétaire. Le Royaume-Uni n’échappera pas à une nouvelle dévaluation de sa monnaie, comme au lendemain du référendum en 2016. Les prix des denrées alimentaires importées vont donc de nouveau augmenter. Les Britanniques devront alors dépenser plus pour se nourrir !


Notre illustration ci-dessous est issue de Adobe.

1 Commentaire(s)

  1. le libre échange (entre gens libres), pire des régimes, à l’exception de tous les autres……

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