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Demain, quelle production laitière voulons-nous ?

Cette tribune vient de Belgique. Elle est signée Xavier Bourgeois, qui fut vice-président des JA belges de 2004 à 2008 et a siégé au Ceja (conseil européen des jeunes agriculteurs) pendant la même période. Un point de vue « européen » sur la production laitière.

Objectifs :

– Avoir une production de lait durable et viable

– Maintenir la production laitière dans les différents territoires

– Répondre à une attente des citoyens

Moyens :

– Lier la production de lait aux herbages et pâturages.

Juridiquement (via la PAC) :

– Avoir une superficie minimum de surface fourragère pâturée par vache laitière.

Le système de régulation de la production par le marché est néfaste et inefficace. Le retour à une gestion « étatique » de type quota est utopique. Il faut donc trouver des solutions. La régulation volontaire subventionnée telle que la Commission envisage de la proposer mi juillet est nécessaire, mais n’agira qu’à court terme et pas spécialement là où il faut.

Pourquoi donc rajouter une norme ? Le citoyen souhaite que les vaches mangent de l’herbe et le système maïs-soja 365 jours/an ne correspond pas à l’agriculture familiale telle qu’on la rencontre dans chaque pays d’Europe.

Par sa nature, l’élevage bovin est lié à une production d’herbe et c’est grâce à lui que de nombreuses régions plus reculées et/ou aux terres plus ingrates ont pu se développer. Dans ces zones, l’élevage reste un acteur économique important. Si, aujourd’hui, la production laitière se développe de manière intensive dans certaines zones, c’est bien souvent à cause de choix politiques. Subsides pour le biogaz, dumping social pour la main-d’œuvre… Relier la production à l’herbe est donc nécessaire.

A première vue, on pourrait évidemment dire qu’aujourd’hui la production se développe fortement en Irlande et aux Pays-Bas et que, dans ces zones, un lien à l’herbe ne changerait pas grand-chose. En effet, mais est-ce réellement un problème si un agriculteur Irlandais qui possède des prairies peut enfin développer son entreprise ? D’ailleurs que pourrait-il produire d’autre ? Il faut donc viser là où la production a augmenté « contre nature » ces dernières années et où parfois le lait n’est qu’un sous-produit.

Cette mesure y aiderait. Politiquement c’est défendable car l’Allemagne, qui serait la première visée, a pour bonne partie des citoyens sensibles à la cause environnementale. Et il serait assez facile d’avoir l’aide d’ONG pour défendre l’idée de « vaches à l’herbe et pas dans des usines ». On concilie donc le premier et le troisième objectif. De plus dans les différents Länder se côtoient de gigantesques exploitations et des fermes d’une cinquantaine de vaches. Les inconvénients que ressentiraient les grosses entreprises seraient donc largement compensés par la continuité durable des moyennes.

Le deuxième challenge est de maintenir la production sur les différents territoires. C’est bien entendu fondamental. Mais quand on constate aujourd’hui le regroupement très important des groupes laitiers, on peut réellement s’inquiéter d’avoir demain du fromage de montagne produit en plaine. Cette norme permettrait donc de maintenir les laiteries là où on en a besoin. C’est en appréciant la force de chacun de ces terroirs que l’Europe s’en sortira.

Ce n’est bien entendu qu’une idée, mais la PAC 2020 c’est dans 4 ans ,et préparer une réforme de la PAC à Bruxelles ça dure 3 à 4 ans ; c’est donc le moment de réfléchir et de faire des propositions. C’est article a donc aussi pour but de vous faire réfléchir à demain et que, pour la prochaine PAC, les idées des agriculteurs ne soient pas entendues à Bruxelles comme des revendications, mais bien écoutées comme des propositions.

Xavier Bourgeois
Créateur de agribrussels.com

Notre illustration est issue du site Fotolia, lien direct https://fr.fotolia.com/id/90587795.

1 Commentaire(s)

  1. « là où la production a augmenté « contre nature » ces dernières années et où parfois le lait n’est qu’un sous-produit« . Ce sont clairement les élevages industriels qui sont stigmatisés: ils sont dépendants d’un « Ager » fourrager centré notamment sur le maïs et le soja (importé). L’élevage extensif sur pâturage naturel ou semi-naturel de type « Saltus » est présenté comme le garant d’une production durable et viable. Pour défendre ces idées, je cite l’outil de patrimonialisation par l’Unesco et l’exemple du paysage culturel de l’agropastoralisme méditerranéen des Causses et des Cévennes. Le rapport établi à ce sujet par Charles DEREIX et Jean-Luc GUITTON est disponible en pdf à l’adresse [http://agriculture.gouv.fr/perennisation-des-pratiques-agropastorales-extensives-sur-le-territoire-unesco-des-causses-et-des]

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