Cultures énergétiques et eau, les recherches pointues d’une étudiante

Ou comment le travail d’une étudiante peut servir à tous, sur un sujet agronomique peu ou pas abordé jusqu’alors : les besoins en eau de plusieurs cultures énergétiques.

Les sujets de stage des futurs ingénieurs agronomes reflètent souvent des thématiques liées à l’innovation dans le domaine agricole. Manon Libert, étudiante à Bordeaux Sciences Agro, basée à la station Arvalis de Baziège (Haute-Garonne), s’intéresse aux besoins en eau de trois cultures énergétiques afin de préciser les potentiels de production de ces plantes pour différents contextes régionaux.

La valorisation de la biomasse agricole à des fins énergétiques revêt un intérêt important, dans un contexte de réduction des émissions de gaz à effets de serre et de limitation de la dépendance aux carburants fossiles. Manon Libert, 24 ans, a répondu à l’offre de stage proposée par Arvalis-Institut du Végétal pour étudier pendant 6 mois les besoins en eau de trois cultures énergétiques : le miscanthus, le panic érigé ou switchgrass, et la canne de Provence. La spécialisation « agroécologie-gestion des ressources » qu’elle a suivie lors de son cursus, lui a fourni les bases nécessaires pour effectuer cette mission. « Après deux stages en protection des cultures, j’ai décidé de changer de thème. Je ne connaissais pas très bien les cultures énergétiques pérennes ni leurs enjeux, et je souhaitais faire de l’agronomie fondamentale, en étudiant la physiologie du stress hydrique des plantes par exemple », précise Manon Libert.

Le Réseau Mixte Technologie (RMT) « Biomasse énergie« , dont Arvalis fait partie, a produit un rapport très complet sur les cultures ligno-cellulosiques (le « Lignoguide »), qui ont un débouché biomasse énergétique. Mais les besoins en eau des cultures y sont peu, ou pas abordés. Or, c’est un point essentiel dans une logique de durabilité des productions : « D’un part, Il est intéressant de savoir s’il est possible de cultiver ces plantes en fonction de leurs besoins en eau, dans un contexte pédo-climatique donné. Et puis, écologiquement parlant, il y a déjà des restrictions d’eau dans certaines régions pour les cultures alimentaires. Cela ferait polémique si on irriguait des cultures énergétiques !

Recherche bibliographique

Manon Libert a commencé par une recherche bibliographique pour mieux connaître les espèces étudiées. « Le miscanthus est la seule plante qui fasse l’objet d’une implantation importante en France. Des essais sur le switchgrass ont été menés en Amérique du Nord mais son implantation en France reste très discrète, et la canne de Provence, cueillie dans des gisements sauvages et traditionnellement utilisée pour fabriquer les anches de saxophone, n’est pas valorisée pour la production d’énergie en France », explique la stagiaire.

Le cœur de son stage est l’analyse de données hydriques, comme les relevés d’état hydrique su sol, en faisant appel à des fonctions de production. L’objectif est de savoir si la plante produit suffisamment par rapport à la quantité d’eau qu’elle consomme. « Par exemple, si j’ai telle réserve utile dans le sol au moment de la croissance de la plante, on pourra s’attendre à tel rendement, et donc peu à peu savoir quelles plantes peuvent être implantées dans une région donnée », illustre-t-elle. Au final, il s’agit de construire un modèle de croissance de la plante, applicable n’importe où, pour savoir si la culture sera rentable ou non.

Son seul regret : très peu de terrain, beaucoup de temps derrière l’ordinateur. « C’est un long travail, très exploratoire car il y a peu de références sur le sujet et c’est très compliqué pour savoir où on va. Mais c’est passionnant ! » Diplômée en septembre, la future ingénieure souhaiterait, pour son premier poste, coordonner des projets sur la thématique de l’agronomie dans des instituts techniques. Pourquoi pas chez Arvalis ?

Nos photos d’illustration ont été prises par Arvalis. Ci-dessous, canne de Provence.

Ci-dessous, switchgrass et canne de Provence.

Ci-dessous, récolte de miscanthus.