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Cultivez la diversité

Comme dit le dicton, ne mettons pas tous nos œufs dans le même panier. C’est aussi vrai pour les prairies où les implantations multi-espèces font leur preuve pour amortir les variations annuelles

L’utilisation d’une espèce pure permet de conduire la parcelle selon les stades physiologiques optimales, mais, l’association de plusieurs espèces permet de mieux faire face aux aléas, par complémentarité biologique. Des essais menés dans le cadre du projet Optialibio (http://www.abiodoc. com/sites/default/files/2015_autonomie_alimentaire_bovins_optialibio.pdf) ont montré un gain de 20 à 30% de rendement sur les 3 ans de suivi pour les prairies associant plus de deux graminées et de deux légumineuses par rapport à celles ne comprenant que du Ray Grass anglais et trèfle blanc.

Les jeunes prairies apportent au système fourrager leur vigueur permettant un rendement élevé et souvent une bonne valeur alimentaire. Mais elles peuvent être plus sensibles aux aléas climatiques. Les prairies plus âgées, donc bien installées, seront plus résistantes, par exemple en cas d’été sec. La composition de ces prairies se diversifie naturellement au fil des années et leur coût d’implantation sera mieux amorti.

Se poser les bonnes questions

Semer une prairie c’est investir pour plusieurs années. Le choix des espèces qui la composeront se fera selon le type de sol, la valorisation du fourrage, pâturage, fauche ou les deux et la durée pendant laquelle on pense la garder.

On affinera ses choix sur des critères plus précis :

  • Souplesse d’exploitation : c’est la durée entre le départ en végétation et le début d’épiaison, plus elle est longue, plus on peut exploiter une herbe feuillue
  • Remontaison : les variétés non remontantes produisent des repousses feuillues, plus appétentes,
  • Ploïdie : les variétés tétraploïdes sont plus adaptées au pâturage, les diploïdes à la fauche,
  • Résistance aux maladies les plus fréquentes dans son contexte pédo-climatique,
  • Alternativité pour les RGI : une variété non alternative semée au printemps n’épiera qu’au printemps suivant.

Deux grandes familles d’espèces fourragères se distinguent :

  • les graminées (Poacées), plantes qui apportent principalement l’énergie et les fibres de la ration telles que les ray-grass, fétuques, dactyles, bromes, etc.
  • les légumineuses (Fabacées) qui sont riches en protéines comme la luzerne, les trèfles, le sainfoin.

Les mélanges Ray grass anglais et trèfle blanc restent la base pour le pâturage, ray grass hybride et trèfle violet pour la fauche. Dans les parcelles les plus portantes, des associations ray-grass hybride/ trèfle violet ou ray-grass d’Italie/ trèfle incarnat, démarrent tôt et permettront un pâturage précoce.

Certaines espèces résistent mieux en cas de sécheresse et aux fortes chaleurs : fétuque élevée, brome et dactyle. Au contraire, le ray grass est plus sensible à la chaleur : sa productivité ralentit au-delà de 23°C et s’arrête à 25. Pour les légumineuses, la luzerne est la plus résistante aux stress estivaux, alors que les trèfles violet et blanc sont plus sensibles au manque d’eau. Le rendement des légumineuses dépend de leur capacité à s’implanter rapidement. Pour faciliter leur levée, il ne faut pas les associer avec des graminées trop agressives.

Un herbe book en ligne

Pour vous aider à bien choisir vos variétés, le GNIS a rendu accessible sa base de données des variétés fourragères sur www.herbe-book.org et un outil d’aide à la décision sur www.prairies-gnis.org.

Caractéristiques de quelques espèces prairiales

Source «programme Optalibio Idele/ITAB

Faire régulièrement son bilan fourrager

Au moins une fois par an, plus si les récoltes ne sont pas à la hauteur de ses attentes, il faut prendre le temps de faire son bilan fourrager en calculant d’une part ses stocks, engrangés et sur pied, les surfaces à pâturer ; de l’autre les besoins de son cheptel, et de planifier ses besoins sur l’année. Pensez à vous garder une marge de sécurité pour faire face aux aléas, comme un printemps pluvieux qui retarderait la mise à l’herbe.

Si le bilan s’annonce déficitaire, c’est le moment d’anticiper des achats, par exemple du maïs sur pieds, de la paille ou des co-produits pour compléter les rations. Cela peut être intéressant de miser sur une valorisation des couverts hivernaux. S’ils sont réglementairement obligatoires, ils représentent aussi des ressources fourragères, avec par exemple des colzas fourragers qui poussent vite ou un mélange ray grass d’Italie et trèfle incarnat qui peut être pâturé à l’automne et ensilé en sortie d’hiver.

On peut aussi jouer sur les effectifs. Entre anticiper des réformes ou vendre des animaux moins finis et devoir acheter des aliments, le calcul mérite d’être posé !

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