christian ouillet

Comment une école supérieure d’agriculture s’engage pour prévenir le suicide paysan

Une école supérieure d’agriculture, l’Ihedrea (qui se présente sur son site internet comme « la seule école d’agro management en Europe »), lance des stages « agri-solidaires » pour ses jeunes, pour aider des agriculteurs en difficulté financière et morale.

L’Ihedrea (institut des hautes études de droit rural et d’économie agricole), est une école d’agro-management qui existe depuis 1950. Les jeunes y sont formés aux métiers de l’agriculture, de la ruralité, de l’agro-alimentaire et du développement des territoires. Les diplômes sont de niveau bac + 4 et bac + 5, et ouvrent à différents métiers dans le management d’entreprises proches du monde agricole (en fin d’article, deux schémas explicatifs de ce que propose cette école). 60 % des jeunes sont issus du milieu agricole.

« Le diplôme s’obtient sur 4 ou 5 années, précise Christian Ouillet, directeur de l’Ihedrea. Avec une particularité, l’expérience en entreprise fait partie de l’enseignement. Laquelle entreprise peut être agricole, en agroéquipement, dans l’agroalimentaire, une banque, la MSA… Il peut aussi s’agir d’une entreprise familiale.« 

Lancement des stages agri-solidaires

Cette année, en réaction (entre autres) au film de cinéma Au nom de la terre et à la tragédie paysanne qu’il décrit, l’Ihedrea a décidé de lancer des stages « agri-solidaires », qui consistent à former les jeunes dans l’entreprise agricole tout en participant à aider celle-ci si elle se trouve dans une passe difficile, que ce soit par les tâches physiques, ou à travers des connaissances de gestion ou autres.

« L’idée, précise Christian Ouillet, consiste à ce que deux jeunes étudiants (nous préférons un binôme) puissent à la fois donner un coup de main, et être à l’écoute. L’exploitant en a besoin. Et pour le jeune cette expérience lui servira à comprendre les difficultés du métier auxquelles il ne s’attend pas, et sa réflexion commencera dès lors pour y faire face. Le stage peut durer entre 15 jours et un mois, entre mai et septembre, mais de préférence au début ou alors à la fin de cette période, car l’enseignement y prévoit deux stages pour les jeunes, il faudra donc caler le deuxième en conséquence.« 

Dans cette optique, l’Ihedrea s’est engagé avec le réseau Agri Sentinelles. Pour autant, des stages pourraient être organisés dès cette année (dès ce mois de mai donc). Le profil des agriculteurs est le suivant : ils doivent réellement être en difficulté économique pour avoir besoin d’aide, mais pas encore à un stade trop avancé en terme de détresse : « Nos jeunes ne peuvent pas se substituer à un psy ou autres, le double objectif est qu’ils apportent une aide et qu’eux-mêmes puissent apprendre de la situation. Nous sommes dans la prévention par rapport à la problématique du suicide des agriculteurs, en amont. Quelqu’un qui a déjà fait une tentative, nos jeunes ne sauraient pas répondre à son attente, il lui faut autre chose.« 

Les agriculteurs qui souhaiteraient accueillir pour un stage deux jeunes sur leur exploitation peuvent s’adresser auprès de leur réseau Agri Sentinelles (le plus souvent abrité par les Chambres d’agriculture départementales) ou alors s’adresser directement par mail à Christian Ouillet.

Les explications de la démarche en vidéo

Pendant le salon de l’agriculture, le stand Le Siècle Vert a accueilli Christian Ouillet qui a expliqué sa démarche, voici l’enregistrement vidéo de cette interview, avec également sur le plateau Victor Geeraerts (étudiant à l’Ihedrea) et Stéphane Devillers (pour parler du réseau Agri Sentinelles).

L’Ihedrea en deux schémas

(issus d’un document de présentation interne).

Schéma 1 :

Schéma 2 :

 

En savoir plus : http://www.ihedrea.org (site internet de l’Ihedrea).


Ci-dessous, Christian Ouillet (au centre) répondant aux questions de Patrice Moyon (Ouest-France) lors du dernier salon de l’agriculture.

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