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Choisir sa coupe spéciale colza

Pour éviter les pertes lors de la récolte du colza, le choix du matériel est déterminant. Une rallonge de coupe spécifique permet d’absorber rapidement la masse végétative de la culture et d’éviter les expulsions de graines. Les réglages de la machine peuvent également permettre de diminuer drastiquement les pertes.

Rallonge de coupe, coupe télescopique ou encore coupe à tapis… Le marché des solutions de récolte pour le colza est foisonnant et propose une multitude d’équipements. Pour Jean-Louis Lucas, ingénieur innovation et performance chez Terres Inovia, il est primordial de s’équiper avec l’un de ces outils spécifiques lors de récolte du colza, afin d’éviter les pertes. « Avant, les exploitants utilisaient surtout des coupes américaines conçues pour un débit important et une végétation faible sans trop de biomasse. Ce ne sont pas des outils adaptés pour le colza. À l’inverse, aujourd’hui, les équipements spécifiques colza peuvent être utilisés sur les blés quand ils sont hauts » relève-t-il. Dans un document publié en 2020 sur le site de l’institut technique, il reprend les données d’essais réalisés entre 2004 et 2008. Ces chiffres mettent en évidence une différence de rendement de minimum 1 q/ha pouvant aller jusqu’à 3 q/ha avec une rallonge de coupe par rapport à une coupe classique. 

Parmi la liste des équipements disponibles sur le marché, l’expert cite évidemment les rallonges à colza. « Il y a un grand intérêt à récolter avec une rallonge de coupe spécifique colza. Pour cette culture, il s’agit d’extensions spécifiques qui sont les plus longues du marché, pouvant aller jusqu’à 1,10 m. Plus les colzas sont hauts et plus la coupe doit être profonde pour recevoir la biomasse » évoque-t-il. Le spécialiste en matériel pour la culture des oléagineux liste dans ce même document les constructeurs qui proposent les équipements les plus longs : Zürn et Cheval sont cités à 1,46 m, Tort à 1,35 m, Biso Shrattenker à 1,25 m ou encore Deutz Fahr à 1,2 m.

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Rallonge de coupe de marque Zurn. © Zurn

Plus de rapidité avec les rallonges télescopiques

Le marché des rallonges télescopiques permettant la récolte du colza a vu un beau développement ces dernières années. « Ce sont des équipements intéressants par leur praticité de mise en œuvre sur la machine de récolte. En effet, elles ne nécessitent pas d’installation ou de démontage de rallonge » témoigne Jean-Louis Lucas. Dans un tableau récapitulatif des caractéristiques des barres de coupes pour le colza, il indique que le temps d’adaptation avant fonctionnement est « instantané » pour la grande majorité des rallonges télescopiques, alors qu’il se situe plutôt entre 10 et 15 min pour les rallonges spécifiques colza. 

Cependant, les coupes télescopiques ont l’inconvénient de proposer une profondeur de l’ordre de 0,80 à 0,90 m, inférieure aux modèles spécifiques colza.

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Rallonge télescopique conçue par le constructeur Claas pour récolter céréales et colza. © Claas

Les coupes à tapis récentes donnent satisfaction

Pour Jean-Louis Lucas, la technologie des coupes à tapis est arrivée à maturité pour le colza dans les années 2010. « Les coupes à tapis transversaux qui amènent les colzas de l’extérieur vers le milieu de la machine de manière horizontale, puis qui les déposent sur un tapis longitudinal, permettent d’éviter les expulsions de grain » précise-t-il. Il met cependant en garde contre les fuites lors du transfert entre les tapis horizontaux et longitudinaux. « Pour éviter ce phénomène, il faut que la végétation soit acheminée rapidement vers le batteur » recommande-t-il.

L’ingénieur innovation et performance chez Terres Inovia est moins convaincu par les modèles de coupe à tapis, arrivés sur le marché dans les années 2000, qui tournent dans le sens d’avancement de la machine. « Elles ont une faible profondeur plus axée sur les céréales que sur le colza. Ce sont des équipements qui permettent d’accélérer le débit, mais ne respectent pas la biomasse du colza, car elle est comprimée et pas assez contenue. Ce type de coupe provoque des éjections de graines avec des pertes importantes » observe-t-il.

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Barre de coupe à tapis du constructeur canadien MacDon. © MacDon

Ne pas négliger le réglage de la machine

Si le choix de la barre de coupe est important, la configuration de la moissonneuse-batteuse l’est tout autant. « Le réglage de la vis d’amenée, en fonction de la hauteur du colza, doit limiter au maximum le temps passé par la végétation dans la coupe » évoque Jean-Louis Lucas.

Il explique que tous les réglages doivent être réalisés afin de gérer l’avancement de la végétation pour assurer un débit suffisant sur la vis et le batteur. « Par contre, il faut tourner le plus lentement possible, car le colza s’éclate bien et n’est pas difficile à battre » résume-t-il.

Attention aux pertes

Plusieurs facteurs de pertes se jouent sur le réglage de la machine. « L’écartement du batteur et contre-batteur doit être suffisant. Si cet écart est trop réduit et la récolte en sous maturité, il y a un risque de graines cassées important » détaille l’expert. Il met en garde à ce sujet : « Si le chauffeur constate quelques graines cassées dans la trémie, c’est qu’il y a une perte beaucoup plus importante derrière, c’est un point de vigilance à vérifier ».

La ventilation est également un point d’attention majeur. « Attention à ne pas chercher à avoir un colza trop propre, il faut bien sûr être en dessous de 2 % d’impuretés. Mais viser 0,5 % ça peut être trop. En cherchant à gagner 0,5 % d’impuretés, on augmente les pertes de 100 % » analyse Jean-Louis Lucas.

 A NOTER : Recourir à un andainage préalable

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Andainage de colza semence en Vendée © TL

Lorsque la culture de colza est trop humide, la récolte peut se faire en deux étapes. Concrètement, il s’agit d’andainer la parcelle puis de la récolter quelques jours plus tard avec une moissonneuse-batteuse. Cette méthode, couramment utilisée en agriculture biologique pour la gestion des adventices ou en colza semence, peut également être utile en culture conventionnelle. 

L’andainage est réalisé avec du matériel spécifique. Il peut s’agir par exemple de barre de coupe andainneuse à tapis. Sur le marché français, la marque canadienne Honey-Bee est bien présente. Toujours en provenance du marché nord-américain, les fameuses « sauterelles » peuvent également servir à andainer le colza. Les modèles les plus connus sont produits par les constructeurs américains et canadiens John Deere et MacDon.

Pour la récolte des andains, Terres Inovia préconise une barre de coupe spéciale colza. « La végétation coupée sur une largeur importante se trouve regroupée en andain, la densité de siliques est supérieure à celle d’une culture récoltée en plein et l’éjection de graines est en proportion » précise une note technique écrite en juin 2020.

Timothée Legrand

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