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Céréales, une passion française

Malgré la crise connue par certaines filières agricoles en 2015, le secteur des céréales tire son épingle du jeu et continue d’être une filière d’excellence de l’agriculture française.

L’année qui s’achève a été à coup sûr une année difficile pour l’agriculture française, tout particulièrement pour certaines filières, comme l’élevage bovin ou porcin ou encore le secteur laitier. Cela ne doit pas nous amener à oublier pour autant les réussites de l’agriculture française et ses filières d’excellence, au premier rang desquels figure la filière céréalière.

2015, une année de crise

D’après les comptes prévisionnels de l’agriculture pour 2015 établis par l’INSEE et divulgués mi décembre, la production agricole (hors subventions) a très légèrement progressé en valeur, de l’ordre de 0,4 % par rapport à l’année précédente, avec de forts contrastes entre productions animale et végétale. La seconde est en hausse de 1,4 milliard d’euros, tandis que la première, elle, est en baisse de 1,1 milliard d’euros. En revanche, en volume, la production agricole française a baissé de 1,5 % en 2015, avec là aussi des contrastes entre productions animale et végétale. En volume, la première a progressé de 1,3 %, tandis que la seconde baissait de 3,4 % (graphique 1).

Graphique 1 : évolution de la production agricole entre 2014 et 2015, en pourcentagesSource : INSEE.

La variable déterminante semble donc avoir été l’évolution des prix, qui a été très divergente en fonction des secteurs, notamment entre productions animale et végétale : + 7 % en moyenne pour les produits végétaux et – 5,7 % pour les produits animaux (graphique 2).

Graphique 2 : évolution des prix agricoles entre 2014 et 2015, en pourcentagesSource : INSEE.

Cela a été bien entendu l’une des principales causes des mobilisations agricoles qui se sont produites durant l’été. La crise peut se lire, en effet, à travers l’évolution des prix de certains secteurs entre 2014 et 2015 : – 1,2 % pour les volailles et les œufs, – 3 % pour le bétail et jusqu’à – 10,7 % pour le lait et les autres produits de l’élevage (graphique 3).

Graphique 3 : évolution des prix agricoles (productions animales) entre 2014 et 2015, en pourcentagesSource : INSEE.

Au total, cela aboutit à des évolutions très contrastées entre les productions en volume et en valeur. Ainsi, du côté des productions végétales, la production a souvent baissé en volume, mais a progressé en valeur compte tenu de l’accroissement des prix, tandis que du côté des productions animales, on a pu observer une tendance plutôt inverse (graphique 4).

Graphique 4 : évolution de la production agricole par secteur entre 2014 et 2015, en pourcentagesSource : INSEE.

La réussite de la filière céréalière française

Ce contexte dans l’ensemble plutôt morose pour l’agriculture française ne doit cependant pas masquer la réussite de certaines filières, en particulier de la filière céréalière. Ainsi, si la production de céréales augmente à peine en volume en 2015 (+ 0,5 %), celle de blé tendre bat tous les records après quatre années consécutives de hausse, notamment en raison de conditions climatiques favorables. Le Figaro publiait d’ailleurs le 17 août dernier un article intitulé « A l’opposé de la crise du porc, la bonne santé des céréaliers » en mentionnant « une production record, des cours satisfaisants, et une excellence française dans le domaine, les céréales ne connaissent pas la situation de crise insoluble de leurs homologues de la filière porcine ».

Le spécialiste des questions agricoles Sébastien Abis a d’ailleurs publié en 2015 un ouvrage intitulé Géopolitique du blé. Un produit vital pour la sécurité mondiale (Armand Colin – Iris Editions) dans lequel il explique que le blé a souvent joué un rôle fondamental dans l’histoire du pays : « au cours de l’histoire, la stabilité de la France a coïncidé, toujours ou presque, avec une production de blé stable et suffisante pour nourrir la population ». Le blé représente également en enjeu économique très important puisque selon ses estimations, « près de 60 % des céréales cultivées en France sont des blés » et même « environ 9 % des sols de la France sont couverts en blé », en l’occurrence il s’agit bien de la superficie totale du pays, et non des surfaces agricoles.

Selon Sébastien Abis, le blé en France représente par conséquent « un atout pour son économie et son territoire, mais aussi pour son influence et sa diplomatie ». Grâce à des conditions climatiques exceptionnelles, à la différence d’autres gros producteurs comme l’Australie, les Etats-Unis ou la Russie, qui peuvent connaître des épisodes de gel ou de sècheresse, « la France possède la chance de pouvoir produire des céréales avec constance » et « la production hexagonale varie peu en quantité et en qualité ». Il estime ainsi que la France peut « se prévaloir d’un certain « land power« . Il s’agit […] d’un facteur de puissance non négligeable quand il s’agit de dresser la liste des atouts géopolitiques du pays et qui s’inscrivent dans des temps longs » et qu’en tant que « production nationale non délocalisable, le blé est un des éléments permettant à la France de participer activement aux dynamiques de la mondialisation ». Il en conclut que le blé serait « l’un des meilleurs ambassadeurs d’une diplomatie économique à la française, capable de conjuguer performances commerciales, coopérations techniques et responsabilités géopolitiques ».

La filière céréalière française en quelques chiffres

Les données récemment divulguées par Passion Céréales, une association créée par l’interprofession céréalière (Intercéréales), tendent à conforter cette idée d’excellence de la filière céréalière française qui peut se résumer en dix chiffres.

70 000 000

C’est le nombre de tonnes de céréales produites en France. 53 % des exploitations françaises cultivent des céréales. Celles-ci représentent également 51 % des terres arables hexagonales. Les principales céréales produites en France sont le blé tendre, devant le maïs grain, l’orge et le blé dur. 45 % de cette production de céréales est exportée, 15 % est utilisée pour l’alimentation animale (la France est le second producteur européen d’aliments pour animaux après l’Allemagne), 12 % pour une autoconsommation et un stockage à la ferme et 9 % pour l’alimentation humaine. Il est à noter que 3 % des céréales produites sont utilisées pour produire du bioéthanol. La France produit d’ailleurs 25 % de l’éthanol carburant en Europe. En 2012, le bioéthanol représentait près de 6 % de l’énergie consommée dans la filière essence. Au total, il faut 280 kg de céréales pour produire 100 litres de bioéthanol. Enfin, la production française de riz couvre un tiers de la consommation. Un Français consomme en moyenne 5 kg de riz blanc chaque année. Dans le monde, la consommation de riz est en moyenne de 65 kg par personne par an.

A l’échelle mondiale, la production de céréales s’élevait en 2012-2013 à 2,259 milliards de tonnes. Le maïs est la première céréale produite dans le monde devant le blé et le riz. En 2012-2013, les plus gros producteurs mondiaux de céréales étaient la Chine, devant les Etats-Unis, l’Union européenne, l’Inde et le Brésil. Au sein de l’Union européenne, les céréales les plus produites en 2012 étaient le blé tendre, devant le maïs et l’orge.

11 000 000

C’est le nombre d’hectares utilisés pour produire des céréales en France. Cela représente 20 % du territoire national. A l’échelle mondiale, 5,4 % des terres émergées sont utilisées pour cultiver des céréales. Il est à noter qu’un hectare de céréales permet de produire 13 tonnes d’aliments pour animaux et par extension 4,5 tonnes de viande.

10 000 000

C’est le nombre de tonnes de céréales produites par la première région productrice en France, à savoir l’Alsace-Champagne Ardenne-Lorraine (voir carte ci-dessous). Elle est suivie de près par l’Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (9,5 Mt), puis à égalité par le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et le Centre-Val de Loire (9 Mt). La région métropolitaine où l’on produit le moins de céréales est la région PACA avec seulement 400 000 tonnes. L’Alsace-Champagne Ardenne-Lorraine est en France la première région productrice d’orge et la seconde de blé tendre et de maïs grain.

Source : cette carte a été fournie à la presse par Passion Céréales.

7 300 000

C’est le nombre de tonnes de blé tendre produites par la première région productrice française, le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, qui arrive assez loin devant le Centre-Val de Loire (4,9 Mt) et l’Alsace-Champagne Ardenne-Lorraine (4,8 Mt). En 2010, plus de 200 000 exploitations agricoles françaises cultivaient du blé tendre. En 2012-2013, plus de 48 % de la production était exportée. Il est à noter qu’un hectare de blé tendre permet de produire 25 000 baguettes de pain de 250 grammes, alors qu’un Français consomme en moyenne plus d’une demi-baguette par jour, mais aussi 900 000 biscuits petit-beurre (la consommation de biscuits en France correspond en moyenne à près de 4 petits beurres par jour, soit 8,39 kg par personne).

450 000

C’est le nombre d’emplois dans la filière céréalière française. Ces emplois se concentrent principalement sur l’amont et l’aval : on trouve ainsi 45 % des emplois dans les exploitations agricoles et les agrofournitures et 45 % dans la seconde transformation des céréales (boulangerie, biscuiterie, brasserie, etc.). Les boulangeries artisanales emploient en France plus de 150 000 personnes et les boulangeries industrielles, 35 000 personnes. La collecte, le stockage et la commercialisation des grains ne représentent que 3 % des emplois de la filière et la première transformation (meunerie, malterie, amidonnerie, alimentation animale, etc.) seulement 7 %.

54 000

C’est le nombre d’emplois de la filière céréalière en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, la région dont les effectifs sont les plus importants en France avec 12 % des effectifs totaux, devant le Nord-Pas-de-Calais-Picardie (51 000 emplois) et l’Alsace-Champagne Ardenne-Lorraine (49 000). C’est également dans la région PACA que ces effectifs sont les plus faibles en métropole avec 20 000 emplois, soit 4 % des effectifs nationaux (graphique 5).

Graphique 5 : les effectifs de la filière céréalière en France

Source : graphique fourni à la presse par Passion céréales.

20 000

C’est le nombre de tonnes de céréales biologiques produites dans la première région productrice française, à savoir le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. En France, près de 9 000 exploitations cultivent des céréales en mode biologique.

2

C’est le classement mondial de la France en matière d’exportations de céréales. En 2012-2013, la France a exporté 31,5 millions de tonnes de céréales pour une valeur de 8,4 milliards d’euros, ce qui était équivalent en valeur de la vente de 10 Airbus A320 par mois.

En 2011, les plus gros exportateurs mondiaux de céréales étaient les Etats-Unis, devant la France, l’Argentine, l’Australie et le Canada. Les plus gros importateurs étaient le Japon, devant l’Egypte, le Mexique, la Corée du Sud et l’Indonésie. La France est également le second exportateur mondial d’orge brassicole (et le premier producteur de l’Union européenne) et de malt.

1

C’est le classement européen de la France en matière de production de céréales, et notamment de blé. En 2012, dans la production de céréales au sein de l’Union européenne, la France devançait l’Allemagne, la Pologne, Le Royaume-Uni et l’Italie. La France est à la fois le premier producteur et exportateur européen de blé tendre. Elle est le second producteur de blé dur, après l’Italie. Il est à noter qu’un hectare de blé dur permet de fabriquer 7 700 paquets de pâtes de 500 grammes. En moyenne, un Français consomme 8 kg de pâtes par an. La France est le quatrième producteur de pâtes en Europe et le douzième pays consommateur de pâtes dans le monde, l’Italie arrivant en tête dans les deux cas (un Italien consomme en moyenne 26 kg de pâtes par an).

1

C’est le classement européen de la France en matière de production de maïs semence. Elle est également le premier exportateur mondial de maïs semence, le premier producteur européen de maïs grain et le second producteur et exportateur de maïs doux en conserve. Les Français consomment en moyenne 1 kg de maïs doux par an. Il s’agit du quatrième légume de conserve le plus consommé en France.

 

En savoir plus : www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1577/ip1577.pdf (Comptes prévisionnels de l’agriculture pour 2015 de l’INSEE publiés au mois de décembre) ; www.armand-colin.com/geopolitique-du-ble-un-produit-vital-pour-la-secutite-mondiale-9782200611736 (informations relatives à l’ouvrage de Sébastien Abis paru en 2015 chez Armand Colin / Iris Editions, Géopolitique du blé. Un produit vital pour la sécurité mondiale) ; http://publications.passioncereales.fr/content/des-chiffres-et-des-c%C3%A9r%C3%A9ales-%C3%A9dition-2014 (infographie de Passion céréales consacrée à la filière céréalière française qui a servi de base aux dix chiffres mentionnés dans l’article).

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