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Céréales à paille, une année douce et sèche

Le point sur le climat et l’état des cultures, au niveau des adventices et des maladies.

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Les implantations de céréales ont eu lieu cette année majoritairement sur une période assez groupée au cours de la deuxième quinzaine d’octobre. Quelques implantations avaient eu lieu début octobre de façon assez marginale. A l’opposé des semis complémentaires, notamment de blé dur dans les marais, ont eu lieu partiellement sur la dernière décade de novembre et tout début décembre puis surtout fin décembre durant les périodes plus froides à l’occasion des quelques jours de gelées.

En dehors de ces quelques épisodes assez froids, les températures ont été en tendance remarquablement douces notamment en novembre (figure 1). Les cumuls relevés depuis le 20 octobre sont parmi les plus élevés, se situant à un niveau proche de l’année record 2012 (-60 ° cumulés environ) et sensiblement supérieur à 2014 (figure 2).


Figure 1 : températures moyennes décadaires – Poste de Niort


Figure 2 : sommes de températures depuis le 20 octobre, cumuls de pluies depuis le 1er septembre – Valeurs observées depuis 1960 – Poste de Niort (les traits bleus représentent les médianes de pluies et de températures)


Côté pluie, si le début des mois d’octobre et de novembre ont été très arrosés, les cumuls restent faibles depuis la fin de l’été : le mois de septembre est remarquablement sec, décembre très en dessous des valeurs habituelles. Les cumuls relevés se situent ainsi parmi les plus faibles observés depuis 50 ans dans la région (figure 3). Cette situation est pour l’instant peu préoccupante du point de vue de la ressource en eau, celle-ci ayant terminé la campagne à des niveaux particulièrement élevés.


Figure 3 : cumuls de pluie par décade – Poste de Niort

Quels impacts ?

Ces conditions ont eu diverses conséquences sur l’état des cultures et le contexte agronomique de l’année.

Les températures très douces ont permis une levée et une croissance très rapide. Les pluies peu abondantes ont limité le lessivage mais, réparties dans le temps et accompagnées de la douceur ont permis une très forte minéralisation d’automne.

Ainsi, malgré des reliquats d’azote souvent peu élevés en raison des bons rendements de l’ensemble des cultures, la croissance des céréales n’a pour l’instant jamais été limitée par un défaut d’alimentation minérale.

Les semis du mois d’octobre sont actuellement en plein tallage, leur développement végétatif est souvent important voire exubérant, les cultures recouvrent très souvent intégralement les inter-rangs. Les semis de fin novembre atteignent le stade 2-3 feuilles, les derniers semis sont en cours de levée. Dans les parcelles les plus avancées, en raison de la très forte croissance, les cultures sont en train de se redresser. Toutefois, les tiges sont encore loin de « décoller », le redressement est lié à la forte concurrence qu’exercent entre elles les différentes talles. Celles-ci ont tendance à se relever pour aller « chercher » la lumière.

Côté mauvaises herbes

Beaucoup de désherbages d’automne – principalement anti graminées – ont pu être réalisés, avec généralement d’assez bonnes efficacités. En revanche, on assiste à des levées et des développements rapides de dicots notamment gaillets et vivaces. Il faudra être vigilant sur les rattrapages : les doses et choix de produits devront être adaptés soigneusement aux flores visées et au développement des mauvaises herbes les plus avancées.

Côté maladie

Le début de campagne est favorable au maintien d’une pression importante de maladies foliaires. Les semaines à venir seront déterminantes sur la pression en cours de montaison. Si le temps reste assez doux et humide, il faudra surveiller les rouilles : la rouille brune est très fréquemment observée sur variété sensible. La rouille jaune a été signalée ponctuellement, toutefois en l’absence de confirmation par analyse attention, elle peut facilement être confondue avec la rouille brune. A l’inverse, une période sèche et froide peut très fortement limiter la pression. Il est donc prématuré d’envisager une adaptation spécifique des protections envisagées, mais il faudra rester attentif sur le suivi de ces maladies. Enfin ce contexte climatique est très favorable aux maladies des racines et des pieds notamment au piétin échaudage.

Thibaud DESCHAMPS, Céline DRILLAUD, Jean-Louis MOYNIER, Benjamin POINTEREAU (ARVALIS – Institut du végétal)

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