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Céréales à paille, après deux années précoces, retour à la normale

Après deux années avec des automnes et débuts d’hivers doux et relativement humides, favorables à de très fortes croissances en début de cycle, la campagne 2017 retrouve des conditions de températures plus normales. La croissance et le développement des céréales ont repris du même coup des rythmes plus habituels.

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Rappel sur le climat passé : relative fraîcheur en début de cycle et temps sec

Si les sommes de températures relevées cette année sur la région sont très proches des normales, l’impression de fraîcheur a dominé sur le début de cycle contrastant avec une série de campagnes particulièrement douces.

Figure 1 : cumuls de T°C base 0°C depuis le 31/10/16 et cumuls de pluie depuis le 1/09/16, poste Météo France Niort de 1960 à 2017

1er quintile : 2 années les plus froides ou les plus sèches sur 10 ans, 4e quintile : 2 années les plus chaudes ou les plus humides sur 10 ans


A l’heure actuelle, les cumuls de températures à partir du 30 octobre sont très proches des médianes trentenaires pour l’ensemble des postes météorologiques de la région. Ils sont inférieurs de 100°C et même 250°C par rapport aux valeurs relevées respectivement en 2015 et 2016 comme l’illustre la figure 1, le poste de Niort étant très représentatif de la situation globale de la région.

Côté pluviométrie, les pluies cumulées depuis le 1er septembre sont extrêmement faibles. Les hauteurs ne dépassent guère les 220 à 230 mm pour les postes les plus arrosés. Cette période très sèche poursuit la tendance amorcée en début d’été : le second semestre 2016 est couramment le plus sec depuis le début des années 60 !

Quelles conséquences pour les cultures ?

â–º Les conditions très sèches d’octobre ayant souvent retardé de 8 – 10 jours les semis puis les levées, les cultures ont pris du retard en début de cycle. Celui-ci s’est légèrement résorbé avec les températures plus clémentes de fin novembre. A l’heure actuelle, la grande majorité des blés sont entre 1 et 2 talles. Les écarts entre semis plus précoces (15-20 octobre) et semis de début novembre sont faibles, c’est la date de levée qui est la plus explicative cette année. En moyenne sur les 20-25 dernières campagnes, ce niveau de développement est relativement normal pour la saison mais le retard est spectaculaire par rapport à la campagne 2016 : à cette même date les blés avaient souvent 2 à 3 talles primaires de plus que cette année. Ce retard relatif ne préjuge en rien de la suite de la campagne, il est prématuré d’envisager des prévisions de stade de fin tallage/début montaison : ce sont la deuxième quinzaine de février et le début du mois de mars qui détermineront la précocité de la campagne.

â–º L’état sanitaire des cultures est très satisfaisant pour l’instant, la sécheresse et les températures fraîches ont fortement limité l’installation des parasites telluriques (piétin échaudage, mosaïques…) et permettent d’aborder la suite de la campagne dans de bien meilleures conditions que l’année dernière.

â–º Les vols de pucerons, vecteurs de la Jaunisse Nanisante de l’Orge (JNO), ont été beaucoup plus modérés que l’an dernier et leur impact d’autant plus faible que les semis très précoces étaient pratiquement inexistants. Peu de parcelles étaient levées avant le 5 novembre et les conditions plus fraîches sur la première décade de novembre ont pu freiner les colonisations des parcelles par les pucerons. La pression de JNO sera très nettement plus faible que l’an dernier. La période de froid qui débute et devrait perdurer plusieurs jours mettra un terme à l’activité de ces ravageurs cette année quelle que soit la date de semis.

â–º Côté désherbage, les levées ayant souvent tardé, le nombre de parcelles désherbées très tôt est moins important que d’habitude. D’autre part les applications réalisées après le 20-25 novembre ont reçu très peu de pluie et l’efficacité des produits racinaires est souvent perturbée d’autant que les adventices continuent malgré tout à se développer. Certaines parcelles sont relativement sales à l’heure actuelle. Après la période de froid, un tour de plaine pour évaluer l’efficacité finale des désherbages d’automne et la pression des adventices est à prioriser.

â–º A de rares exceptions près, malgré des conditions de levées parfois difficiles (froid et sécheresse), les peuplements sont très satisfaisants : les cultures sont homogènes, régulières et correctement développées. A l’exception du désherbage, pour les cultures d’hiver, les clignotants sont au vert.

Que penser de l’épisode froid annoncé ?

Les températures ont amorcé leur chute et devraient atteindre leurs valeurs les plus basses en cette fin de semaine (20 janvier 2017). Les minimas sous abris annoncés restent à des niveaux suffisamment modérés pour être peu préoccupants dans notre région. L’effet du froid sera d’autant plus limité que son arrivée est très progressive et qu’il survient sur des sols bien ressuyés. Les seules parcelles qui pourraient éventuellement être malmenées sont les semis d’orge de printemps ou de blé dur réalisés très tardivement (deuxième quinzaine de décembre) qui sont entre coléoptile et 1 feuille à l’heure actuelle si les minimas franchissent le seuil des -6/-7°C. Ces cas sont assez rares dans les secteurs les plus froids qui pourraient être concernés par de telles températures.

Que faire ?

A l’heure actuelle, aucune intervention n’est envisageable avant la fin de l’épisode froid. Il faudra programmer les désherbages de rattrapage dans les parcelles sales dès le retour de conditions favorables, y compris dans les parcelles qui auraient été désherbées à l’automne avec des produits racinaires si ceux-ci n’ont pas atteint leur pleine efficacité.

Concernant la fertilisation azotée, un prochain message fera le point sur les recommandations 2017 en fin de semaine prochaine.

 

Thibaud Deschamps, Céline Drillaud, Jean-Louis Moynier (Arvalis – Institut du végétal)

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