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Campagne 2022-2023 : une production mondiale de céréales déficitaire de 28 Mt

Hors riz, le CIC annonce une production mondiale 2022-2023 de grains de 2 251 Mt. L’Ukraine resterait potentiellement exportatrice malgré le repli attendu de 42 Mt de la production ukrainienne.

Au cours de la prochaine campagne 2022-2023, le Conseil international des céréales (CIC) estime la production mondiale de grains (hors riz) à 2 251 millions de tonnes (Mt) et sa consommation mondiale à 2 279 Mt. La campagne 2022-2023 serait donc déficitaire de 28 Mt.

Le déficit de la production mondiale de grains attendu au cours de la prochaine campagne est réparti à parts égales entre toutes les céréales. Le CIC estime la production 2022-2023 de blé à 769 Mt alors que la demande mondiale serait de 781 Mt. Le Conseil fait l’hypothèse que la Russie produirait 85 Mt de blé (+10 Mt sur un an). Le retour du Canada (32 Mt) compensera le recul attendu de la production ukrainienne (19 Mt ; -14 Mt). Pour sa part, l’Union européenne produirait 135 Mt de blé et en exporterait jusqu’à 40 Mt vers les pays tiers en puisant quelques millions de tonnes dans ses stocks.

La récolte potentielle de maïs (1180 Mt) serait inférieure de 35 Mt à celle de la campagne qui s’achève mais le déficit de production ne serait que de 4 Mt. En 2022-2023, seule la production d’orges serait à l’équilibre (148 Mt).

La campagne d’orges sera marquée, là encore, par le retour du Canada (10 Mt, +3 Mt) et par une excellente récolte russe (19,5 Mt; +2 Mt) mais l’Ukraine (6Mt) abandonnera 3 Mt.

Selon l’USDA, le déficit (4 Mt) attendu de la production mondiale de riz (514 Mt produites) impactera aussi l’équilibre des marchés des céréales. Les importations de la céréale  dans le monde augmenteront (54 Mt ; + 2 Mt). Les stocks de report diminueront. Une partie du riz produit en moins pourrait être compensée par du blé ou du maïs importés.

A première vue, l’effondrement attendu de la production de grains en Ukraine explique le déficit de la production mondiale de 28 Mt. Le pays récolterait moitié moins de céréales que l’an passé (45 Mt ; -41 Mt). Pour autant, il serait en mesure d’en exporter 21 Mt.

Sans la Chine, la planète serait excédentaire de près de 30 Mt. Hors riz, la production mondiale de grains est en effet estimée à 1 833 Mt et la demande à 1804 Mt.

La Chine chef d’orchestre

L’empire du milieu produira 418 Mt de tonnes de grains, soit autant que l’an passé, alors qu’il s’apprête à en consommer 474 Mt. Or dans le même temps il dispose des stocks de blé et de maïs pléthoriques (312 Mt), équivalents à près 10-12 mois de consommation.

Mais pour compenser partiellement le déficit attendu au cours de la prochaine campagne, la Chine importera 48 Mt de grains et elle puisera une petite dizaine de millions de tonnes dans ses stocks faramineux (312 Mt hors riz).

En conséquence, les pays exportateurs majeurs de céréales de la planète mobiliseront une partie de leurs stocks pour exporter les grains que l’empire du milieu n’est pas en mesure de produire en quantités suffisantes pour nourrir sa population. Et surtout, pour ne pas contrarier sa politique de stockage.

Aussi, une détente prochaine des marchés des céréales ne repose pas dans l’immédiat sur la résolution du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine mais sur la politique commerciale de l’Empire du milieu qui prend, dans le contexte actuel une dimension géostratégique et géopolitique particulière.

Les pays exportateurs majeurs de céréales de la planète ont les moyens de compenser le déficit de l’Ukraine comme ils avaient, l’an passé, surmonté celui du Canada (20 Mt) survenu subitement lorsque le pays ait été victime d’un dôme de chaleur. Mais ils n’ont pas les moyens de faire face à la Chine structurellement déficitaire depuis des années sans mettre en danger l’approvisionnement du reste de la planète. 

Outre les questions de production et de prix, se pose celle de la disponibilité des grains.

Au cours de la prochaine campagne, les échanges commerciaux (404 Mt) se contracteraient de 12 Mt.

Toute entrave aux échanges commerciaux conduira à une nouvelle flambée des prix. La Russie pourrait limiter ses exportations et agiter l’arme alimentaire.

Par ailleurs, aucun pays occidental n’est à l’abri d’un accident climatique majeur d’ici la prochaine récolte. En France, la sécheresse inquiète.

Légende photo: Champs de céréales en Ukraine et silos de grains (@Sergii Mostovyi)

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