Selon l’Institut de l’élevage, leur résultat courant de leur exploitation par unité de main d’œuvre oscille entre 12 400 € et 28 200 €. L’organisme s’est appuyé sur le réseau Inosys et sur un échantillon recentré de 205 exploitations d’élevage pour établir ses prévisions.
Parmi les quatre systèmes de production identifiés par l’Institut de l’élevage, les producteurs de veaux sous la mère sont ceux qui dégagent toujours le résultat courant par UMO le plus faible. Il est estimé à 12 400 € en moyenne. Mais un quart d’entre parviennent à dégager un revenu de 20 000 € environ.
Les éleveurs naisseurs intensifs (>1,2 UGB/ha) profitent davantage des prix élevés de la viande que leurs collègues extensifls (<1,2 UGB/ha). Selon l’Idele, il est en moyenne de 18 200 €/UMO contre 15 900€/UMO. Mais les éleveurs les plus performants dégagent tous un résultat courant supérieur à 20 000 €/UMO.
Ce sont les éleveurs naisseurs-engraisseurs tirent partie de la bonne conjoncture du marché de la viande bovine en produisant davantage de valeur ajoutée dans leur exploitation. Leur résultat courant par UMO est en moyenne de 28 200 €. Pour les meilleurs d’entre eux, il est supérieur à 40 000 €. Mais cette catégorie d’éleveurs est la seule à dégager un résultat courant supérieur à 2 smic par UMO.
Les céréales bien plus rentables
Depuis deux ans, la conjoncture céréalière permet aux Naisseurs et aux naisseurs-engraisseurs qui sont aussi agriculteurs de dégager des résultats courants les plus élevés parmi la filière bovins-viande. Il atteint 72 400 €/UMO dans les élevages de naisseurs-engraisseurs et même plus de 80 000 € pour les meilleurs. Toutefois, le résultat courant d’un quart des éleveurs naisseurs-engraisseurs n’excède pas 45 000 €/UMO. Pour les polyculteurs naisseurs, leur résultat courant de 55 600 € est compris entre celui des naisseurs-engraisseurs à temps plein et les naisseurs-engraisseurs producteurs de céréales.
Cette année, tous les agriculteurs paient chers leurs intrants. L’an passé certains avaient anticipé l’augmentation de leurs prix en ayant passé de bonne heure leurs commandes.
Mais les prix de la viande devraient restés élevés car les effectifs de bovins viande et de bovins lait vont encore diminuer en France et dans toute l’Union européenne.
Toutes catégories d’animaux confondues, le nombre d’animaux abattus diminuera de 1,5 % par rapport à l’an passé. Un peu moins 1,3 millions de tonnes équivalent carcasse d’animaux sera produite. Or dans le même temps, la consommation ne fléchira que de 0,5 % et atteindra environ 1,4 million de tonnes équivalent carcasse.
Or dans le même temps, la demande reste soutenue car les prix à la consommation restent attractifs comparés à ceux de la volaille.
Ovins viande : jusqu’à 50 % de perte de revenu
« Des résultats alarmants qui font craindre le pire », titre le communiqué de la Fédération nationale ovine (FNO) après avoir pris connaissance de l’estimation des revenus des producteurs d’ovins viande et d’ovins lait de 2022 publiée par l’Institut de l’élevage (Idele).
Pour les élaborer par système d’élevage, l’Idele s’est appuyé sur les 300 fermes de référence des réseaux d’élevage Inosys.
En 2022, les revenus moyens des différents systèmes se situent dans une fourchette allant de 10 500 € par unité de main d’œuvre (UMO) pour les systèmes « spécialisés ovins viande herbagers » à 36 000 €/ UMO pour les systèmes « mixtes ovins viande grandes cultures ».
Ce n’est pas tant l’écart de 25 500 €/ UMO entre ces deux systèmes extrêmes qui est effrayant puisqu’en 2021, il était déjà de 23 600 €/UMO. Mais la chute de ces revenus observée en un an.
En effet, le revenu moyen par UMO des éleveurs en systèmes «ovins viande spécialisés herbagers » était de 19 300 €/UMO en 2021 (+ 8 800 €/UMO) et celui des éleveurs en systèmes mixtes ovins viande grandes cultures de 42 900 €/UMO (+ 6 900 €/UMO). Autrement dit, la conjoncture de prix de la viande (+ 8 % à 10 % sur un an selon les bassins de production), du lait (de 2 % à 3,5 % selon les bassins) et des agneaux laitiers (+ 18 %) n’a pas profiter aux éleveurs d’ovins viande pour stabiliser leurs revenus.
Même les systèmes mixtes ovins viande grandes cultures affichent une baisse importante de leurs revenus alors que le produit de la vente de leurs grains a crû de 17 % sur un an!
Mais c’était sans compter la hausse vertigineuse de tous les intrants : + 72 % des engrais ; jusqu’à +64 % des carburants et + 24 % des aliments d’engraissement et compléments laitiers.
En conséquence, les revenus moyens par UMO des systèmes « Ovins lait Pyrénées Atlantique » (12 700 €/UMO ; – 4 700 €/UMO) et « ovins viande spécialisés herbagers » (10 900 €/UMO ; – 8 400 €/UMO) étaient l’an passé inférieurs à 15 000 €/UMO. Du jamais vu depuis plus de huit ans!
Des résultats démotivants
Les éleveurs des systèmes « ovins viande – bovins viande » (16 900 €/UMO ; – 7 100 €/UMO) et des systèmes « ovins lait-nord Occitanie » (16 200 €/UMO ; – 5 900 €/UMO) sont juste au-dessus du seuil de 15 000 €.
Les producteurs d’ovins viande « spécialisés ovins viande fourragers » (28 100 €/UMO ; – 9 500 €/UMO sur un an) et « spécialisés ovins viande pastoraux » (26 700 €/UMO ; – 7 800 €/UMO sur un an) sont parvenus à dégager un revenu moyen par UMO supérieur à 20 000 €.
Les seuls revenus supérieurs à 30 000 €/UMO sont ceux des éleveurs des systèmes mixtes ovins viandes-grandes cultures » (36 300 €/UMO). Mais sur un an la perte est de plus de 6 600 €/UMO.
En 2023, les éleveurs restent pénalisés par des prix des intrants à l’achat qui restent très élevés et par une décapitalisation importante opérée l’an passé (- 6 % des effectifs). La production de viande pourrait baisser de 5 %.
Selon la FNO, seule la prise en compte de l’évolution des coûts de production permise par la loi Egalim 2 dans le prix d’achat de la viande et la contractualisation obligatoire depuis le 1er janvier dernier permettront un redressement rapide des comptes d’exploitation.