Il est loin le temps de la récolte 2014 où l’ensemble de la filière craignait que les blés français ne trouvent pas preneurs du fait de la mauvaise qualité, ce qui aurait alourdi les stocks. Aujourd’hui, grâce à la chute de l’euro et aux efforts des opérateurs physiques pour trouver de nouveaux marchés, le blé, tant français qu’européen, s’exporte fortement dans le monde.
En France, le blé dans les silos était de qualité extrêmement variable. Face au manque d’Hagberg, critère observé pour la panification, la filière s’inquiétait au-delà de cet afflux de blé fourrager, du blé qui n’était pas meunier ni tout à fait fourrager, mais intermédiaire.
C’est la raison pour laquelle cette année, les exports à destination de l’Egypte, moins exigeante sur le temps de chute d’Hagberg dans ses appels d’offres, sont plus importants que les années précédentes au détriment de ceux vers l’Algérie qui recherche du blé meunier.
Dans le panel des pays importateurs de blé français cette année, les pays européens prennent moins d’importance, à la faveur de pays tiers. FranceAgriMer a d’ailleurs réduit ses prévisions d’export vers l’UE de 7,9 à 7,5 Mt pour cette campagne, par rapport au mois dernier. Tandis que les exports de blé vers des destinations extra-UE, étaient augmentés de 0,6 Mt à 10,4 Mt par rapport à février 2015.
Le premier élément qui a conduit les exports français sur ces niveaux meilleurs qu’attendus est que d’autres exportateurs majeurs de blé ont été pénalisés par des problèmes de qualité à la récolte au fur et à mesure que la campagne avançait. Aussi, après les Etats-Unis, les récoltes canadiennes dégradées par des pluies au mois de septembre ont surpris les opérateurs par leur qualité également médiocre. Tandis qu’à l’échelle européenne, la qualité récoltée a été plus qu’hétérogène selon les pays, permettant aux exportateurs du Vieux Continent de répondre à l’ensemble des différents cahiers de charges des pays importateurs. Les certificats export octroyés par Bruxelles ressortent cette semaine en très forte hausse à 1,59 Mt de blé sur la semaine tandis que l’USDA revoyait à la hausse le potentiel total d’export à 31,5 Mt de blé, ce mardi.
Récemment, l’annonce de la Russie de mettre des taxes à l’exportation sur son blé à partir du mois de février 2015 a réduit le nombre de concurrents pour ces mêmes exports dans un contexte où l’origine européenne est toujours compétitive. En effet, cette année aurait pris une tout autre tournure sans la baisse de l’euro.
Entre mai 2014 et aujourd’hui, la parité euro-dollar est passée de niveaux proches de 1,38 à 1,05 $/€ cette semaine. Avec un prix du blé affiché autour des 190 €/t sur l’échéance rapprochée d’Euronext et une parité de 1,05 $/€, le prix de ce même blé avec une parité à 1,40 $/€ serait de 142,50 €/t.
Aidé d’un cout du fret bas, la France exporte vers des pays d’Asie du blé notamment fourrager, pour la première fois depuis plus de 20 ans car même l’Inde annonce ne pas pouvoir être compétitive.
L’euro favorise donc les exports de blé avec des prix compétitifs en dollars mais toujours rémunérateurs en euros pour les producteurs.