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Blé, d’où viennent les pucerons ?

Depuis quelques semaines, des pucerons sur feuilles de blé tendre d’hiver sont signalés sporadiquement dans la région. Ce phénomène est atypique et pose la question de leur origine : s’agit-il de reliquats des populations d’automne, ou bien de vols récents ?

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La détermination du type de pucerons peut nous aider à mieux comprendre cette origine et à identifier un éventuel risque pour la culture.

Les colonies de larves présentes sont principalement composées d’adultes aptères. Selon les parcelles, plusieurs espèces de pucerons peuvent être présentes.

Identifier l’espèce

Rhopalosiphum padi est le puceron le plus répandu en automne et responsable de la transmission de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO). Ce pucerons ne résiste pas à des gels inférieur à – 4°C : il n’a donc logiquement pas pu supporter les températures de – 10°C observées fin janvier en Lorraine. Sa présence sur feuilles au printemps pourrait présenter un risque de transmission de la JNO seulement sur orge de printemps.

Quant à Sitobion avenae, puceron d’automne présent dans les régions à hiver doux, il a été observé en Lorraine en automne 2014 et participe pour une petite part au transfert du virus de la JNO. Comme il a la capacité à résister à des températures de – 10°C, sa survie et sa multiplication ont pu être possibles sur les céréales durant tout l’hiver 2015-2016.

Ce puceron se développe essentiellement sur épi, mais il n’y a pas d’élément, ni dans la bibliographie ni dans nos références historiques, qui indiquent que des Sitobion en quantité importante sur feuilles entraînent forcément une pullulation sur épis.

Enfin, Metopolophium dirhodum se développe essentiellement sur les feuilles de graminées et ne passe pas sur les épis. Ses vols se produisent plutôt au mois de mai. Dans nos travaux historiques, même lors de fortes pullulations, sa nuisibilité n’a jamais été mise en évidence.

Tableau 1 : clés de reconnaissances des principaux pucerons sur feuilles au printemps

Quels risques ?

Quelle que soit l’espèce, la nuisibilité directe des pucerons sur feuilles par succion de la sève n’a pas été mise en évidence, ni la relation de passage systématique entre les feuilles et les épis. Il faut adapter ses interventions en conséquence.

S’il y a présence de R. padi : le traitement insecticide pour protéger éventuellement les orges de printemps du risque JNO ne peut se justifier que s’il y a une très forte pullulation et en début de levée de la culture de printemps.

S’il y a présence massive et en majorité de S. avenae, surveiller l’évolution des colonies de pucerons et des auxiliaires et aviser lors de l’épiaison.

S’il y a essentiellement présence de puceron des feuilles de graminées M. dirhodum : ne rien faire.

En résumé

Puceron d’avril, restons tranquille
Puceron de mai, dormons en paix
Pucerons de juin, surveillons bien

Restons curieux du développement de ces pucerons et des auxiliaires qui vont sans doute s’en nourrir et restons vigilants, car nous sommes devant une situation assez exceptionnelle.

 

Yves Messmer (Arvalis – Institut du végétal)

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