Il est bien souvent préférable d’augmenter la largeur de la faucheuse plutôt que sa vitesse d’avancement.
Qu’il s’agisse de récolte par voie sèche ou par voie humide, le choix du stade de récolte et l’appréciation d’un temps clément suffisamment long font de la fauche une étape clé. Quels sont alors les critères de choix d’une faucheuse pour garan- tir un débit suffisant et une préservation de la qualité du fourrage ? Qu’il s’agisse d’ensilage de méteil, de fauche de foin de prairie ou d’une récolte de protéagineux fourrager, la largeur de l’outil ne doit pas guider uniquement votre choix de modèle. Dressons les points à considérer en amont d’un projet d’investissement.
Les faucheuses ne dérogent pas à la règle d’investissements parfois irrationnels. Ne souhaitant pas se laisser embarquer dans les détails technologiques d’une sécurité renforcée ou d’une toute nouvelle suspension, il est essentiel de revenir aux fondamentaux qui encadrent le choix d’une faucheuse. Ainsi, avant toute sollicitation de fournisseurs, il est nécessaire d’établir la liste exhaustive des conditions de travail spécifiques à votre structure de production ou de prestation de services.
Le châssis impacte aussi la puissance nécessaire
C’est bien évidemment le débit nécessaire pour couvrir la totalité de surface de fenaison durant la fenêtre de travaux qui va déterminer la largeur optimale de votre faucheuse ou combinaisons de faucheuses. Les largeurs inférieures à quatre mètres sont disponibles en châssis portés ce qui limite considérablement le coût à l’inves- tissement. Attention toutefois à ne pas contrebalancer cette économie par un tracteur trop puissant nécessaire pour sa capacité de levage. Les faucheuses portés, lorsqu’elles sont utilisés seules, concernent trop souvent des exemples d’inadéquation de puissance. La combinaison avec une faucheuse frontale ou latérale améliore consi- dérablement ce ratio et le coût de revient du chantier. Le repliage des modèles portés se réalise verticalement pour les largeurs les plus importantes. Des versions à repliage horizontal persistent mais accentuent le porte à faux sur le relevage du tracteur. On peut retrouver des conditionneurs également sur des faucheuses portés, ce qui les rend encore plus polyvalentes. Enfin, leur maniabilité en fait des outils à privilégier lorsque les parcelles sont exiguës ou de formes complexes.
Pour les faucheuses traînés, elles sont presqu’exclusive- ment munies d’un conditionneur. Souvent limités par leur largeur de transport, les plus grands lamiers peuvent s’aligner en longueur sur un essieu porte outil. His- toriquement équipées d’un timon latéral, ces versions présentent l’inconvénient de travailler la parcelle en planche, et d’augmenter les temps en annexe. Malgré leur maniabilité fournie par une tête girondine, leur conduite en fourrière et en courbe requiert un temps d’adaptation. Les constructeurs de faucheuses traînés proposent des versions à timon central qui atténuent les limites de ces châssis. L’économie de puissance de traction peut être une motivation première pour ce type de configuration. Le temps gagné à l’attelage est également à considérer lorsque la faucheuse est en uti- lisation partagée.
Les faucheuses frontales, souvent combinés n’excluent pas une utilisation en solo ou simultanément à du chargement d’un fourrage en vert. Cette configura- tion impose d’utiliser un tracteur muni d’une prise de force frontal dont le régime et le sens de rotation sont adaptés au modèle de faucheuse. Leur gabarit de transport limite également leur largeur de travail mais valorise tout aussi bien la puissance du tracteur que son équilibre. La facilité de réglage de hauteur de coupe et de suspension du lamier est un axe de décision décisive lors d’un futur achat.
Le meilleur rendement énergétique est obtenu par l’utilisation d’une faucheuse trainé à assiettes et permet l’utilisation de tracteurs de faibles puissances (inférieur à 20 chevaux/mètre de largeur.
Des technologies de coupes éprouvées
Le marché des faucheuses est très majoritairement repré- senté par des lamiers à assiettes munies de couteaux. Cette technologie est certainement le meilleur compromis entre poids et capacité de fauche. Considérer uniquement le nombre de couteaux par assiette ne permet de juger la qualité de fauche. Il faut également contrôler leur régime de rotation et le diamètre des plateaux qui les supporte. Le lamier à assiette est léger et peu encom- brant ce qui facilite l’augmentation de largeur et l’ajout d’un conditionneur. En revanche, en présence de fourrage très sensible à l’effeuillage ou lorsque la végétation est très haute et dense, d’autres technologies sont à privilégier.
Les faucheuses à tambours sont plus robustes et admettent des volumes de fourrages importants. Leur poids et gabarit ne permettent pas une grande polyva- lence en termes de formation d’andain, conditionnement et réduction de puissance. Malgré tout l’entraînement des tambours par le haut de la faucheuse rend le réglage de hauteur de coupe plus facile et réduit bien souvent les coûts d’entretien.
Les faucheuses à barre de coupe fonctionnent par cisail- lement comme sur une moissonneuse-batteuse. On les rencontre presqu’exclusivement pour des travaux de fauches de légumineuses fourragères en raison de leur préservation des feuilles. Il s’agit du mode de fauche le plus doux, qui trouvera ses limites dans des graminées fibreuses ou des volumes de fourrages denses.
Le passage du fourrage entre les tambours ne permet pas un étalement sur toute la largeur pour accélérer la dessiccation.
Agresser sans effeuiller
A l’instar des types d’assiettes, les conditionneurs offrent une variété importante entre les constructeurs et au sein d’une même gamme. Son rôle est de blesser les fibres de la plante fauchée pour améliorer son séchage et ainsi espérer gagner 20 à 30% de temps sur la récolte qu’elle soit sèche ou humide. Même si l’on privilégie les conditionneurs à rouleaux pour les légumineuses plus sensibles, les autres technologies sont plus polyvalents par leur plage de réglage.
Que les rouleaux soient métalliques ou en matière polymère, leur forme crénelé ou en chevrons s’imbriquent pour pincer le flux de récolte. En plus du choix de régime de rotation c’est surtout le rendement de la parcelle et la vitesse d’avancement qui déterminera l’épaisseur du flux à traiter. Cette technologie de conditionneur est donc prin- cipalement dépendante du débit de fourrage en tonne par heure de fauche.
Si votre profil d’utilisation concerne majoritairement des plantes ligneuses, les conditionneurs à fléaux ou à doigts sont les plus adaptés. Les doigts, plus rigides et au profil étroits, frictionnent le flux de récolte le long d’une tôle plus ou moins nervurée pour freiner le fourrage et ainsi l’agres- ser. Les fléaux articulés sont pivotants et frappent la récolte avec davantage d’inertie. C’est plus souvent un peigne réglable qui ralentit le flux de récolte qui se retrouve pincé par les fléaux. L’intensité de conditionnement est plus étendue par le réglage du régime du rotor ou de l’abaisse- ment du contre conditionneur (tôle ou peigne). Il s’agit du traitement de fourrage qui offre le débit le plus important.
Les conditionneurs à rouleaux sont aussi réglables en intensité de serrage.
Anticiper la géométrie des andains
Sans conditionneur, une faucheuse formera un andain plus large recherché pour une récolte en voie sèche. Le mode de récolte impactera donc le besoin de réaliser un andainage ou non. Si la faucheuse en est équipée, la rotation de l’organe de conditionnement fournie une inertie au flux de récolte qui peut être dirigé par des tôles pour resserrer les andains. Ces déflecteurs, lors- qu’ils sont animés par un vérin hydraulique permet d’alterner le côté du dépôt et ainsi les recentrer les andains par deux. Dans cette configuration, la largeur de travail ainsi que celle de l’andain doivent correspondre au pick-up large souvent rencontré sur les ensileuses. Enfin, les groupeurs d’andains, sont des accessoires animés par des tapis ou des vis pour canaliser la récolte en un seul et même cordon. On retrouve souvent cette solution sur les groupes de fauches lorsque le pick-up de récolte est de largeur limité. L’alourdissement de la faucheuse ainsi que le débit hydraulique néces- saire peuvent être des contraintes à anticiper selon le tracteur à atteler.
Les déflecteurs ou groupeurs d’andains sont surtout valorisés en récolte en voie humide lorsqu’aucune opération n’est réalisée depuis la fauche jusqu’à la récolte.
Quel que soit le modèle ou la technologie de faucheuse privilégiée, la facilité de réglages est déterminante. La hauteur de fauche, dépendante de l’angle de piquage sur les faucheuses à assiettes doit être facilement modi- fiable. La réactivité de la suspension est également une variable qui doit être accessible et facile à modifier selon la configuration du parcellaire. N’hésitez pas à solliciter votre fournisseur sur son parc pour tester ces paramètres en statiques. Même si l’analyse la plus pertinente ne se réalise pas sur un béton d’un parc de concession, une faucheuse n’a pas deux fois l’occasion de vous faire une première bonne impression.
Textes: Julien Hérault