Betteravenir, salon européen de la betterave, a lieu en ce moment dans l’Oise. L’occasion d’un zoom sur la filière betterave. Comme pour l’ensemble des cultures en France, les rendements en betteraves sucrières s’annoncent décevants. Mais le redressement durable des cours mondiaux du sucre offre de bonnes perspectives et rend la fin des quotas moins périlleuse.
La fin des quotas betteraviers en 2017, ce n’est pas un saut dans l’inconnu ! Selon François Thaury, directeur Soft commodities à Agritel, les planteurs sont mieux préparés pour franchir le cap que ne l’ont été les éleveurs laitiers en 2015. « L’organisation de la production permet de maintenir une filière structurée avec des partenaires qui ont l’habitude de travailler ensemble. »
« Par ailleurs, la conjoncture du marché mondial du sucre facilite cette transition. Les cours ne sont plus à leur niveau d’août 2015 et tout porte à croire qu’ils resteront fermes jusqu’à la fin de 2017. La production mondiale restera vraisemblablement déficitaire pour la troisième campagne successive », explique l’expert d’Agritel.
La sécheresse générée par l’effet El Nino a affaibli les capacités de production de sucre de canne en Inde et en Thaïlande, deuxième et quatrième producteurs mondiaux de sucre. La régénération des plantations victimes d’importants déficits pluviométriques prendra 2-3 ans et d’ici là, le marché n’est pas à l’abri d’un accident climatique.
Toutefois, la forte réaction des marchés au cours des derniers mois est quelque peu surprenante car les stocks mondiaux de sucre restent importants. Mais les stocks détenus en Inde ne seront pas remis sur le marché compte tenu du déficit actuel dans le pays. En Chine, la politique de constitution de stocks importants soustrait également d’importantes quantités de sucre du marché mondial. Dans de nombreux pays, les stocks ne sont pas disponibles à l’export car la sécurisation du marché intérieur est une priorité. En conséquence, toute situation de déficit est brutalement ressentie sur le marché mondial, augmentant ainsi les difficultés d’approvisionnement des pays importateurs, d’où la flambée des cours. L’activité des fonds spéculatifs, qui ont très largement parié sur la hausse des cours, a également profité à l’envolée des cours mondiaux.
En 2016-17, dernière année des quotas, les producteurs de betteraves français sont assurés de recevoir un prix minimum de 25,40 € par tonne. Et pour la première fois depuis deux/trois ans, ils devraient percevoir un complément de prix à la fin de 2017.
Les prix communiqués par l’Observatoire au niveau de l’Union européenne n’ont pas encore reflété la hausse des cours mondiaux compte tenu de l’inertie liée au mode de contractualisation entre les fabricants de sucre et leurs clients. Cette hausse devrait être perceptible dans les tous prochains mois. Par ailleurs, l’Union européenne sera cette année encore limitée dans ces capacités d’exportation. A partir de l’an prochain, les fabricants de sucre auront toute liberté pour exporter les éventuels excédents de production.
A partir du 1er octobre 2017, et les années suivantes, une fois les quotas abolis, un nouvel accord interprofessionnel prendra le relais. Ces derniers mois, les négociations interprofessionnelles entre les représentants des producteurs et des transformateurs puis, au niveau de chaque entreprise avec les planteurs de betteraves, se sont conclues par des accords bien accueillis par l’ensemble de la filière. Des engagements de prix ont permis aux sucriers d’offrir de la visibilité à leurs planteurs qui se sont en contrepartie engagés à produire davantage.
Les contrats pluriannuels proposés prévoient un prix de base fixe et un complément de prix, dont le mode de calcul est propre à chaque entreprise.
« La compétitivité de l’ensemble de la filière impose un allongement de la durée de campagne, une saturation de l’outil de transformation des industriels et par conséquent, un accroissement des surfaces de betteraves cultivées », explique François Thaury. Cette stratégie de saturation, partagée par les acteurs de la filière, permet d’amortir sur de plus grandes surfaces et sur un volume de betteraves plus important, les matériels agricoles et les équipements industriels. Dans un contexte de déficit, les planteurs et les industriels pourraient donc bénéficier d’un bon environnement économique pour produire plus.
Cette année, la stratégie de la CGB d’inciter les planteurs de betteraves à accroître leurs surfaces de 4,7 % dès cette année était la bonne. Mais la production française 2015-16 (4,450 Mt) progressera faiblement (+ 0,2 Mt ?). Les rendements en betteraves sont en-deçà de la moyenne quinquennale en raison des conditions climatiques défavorables tout au long de la campagne de culture. Toutefois, les planteurs pourront heureusement compter sur le marché pour compenser la faiblesse des rendements et surtout, atténuer les pertes subies en céréales par les producteurs de grandes cultures.
Dans les autres pays européens, les récoltes de betteraves sont bonnes. Selon FranceAgriMer, la production européenne de sucre disponible pour la dernière campagne sous régime de quotas pourrait s’inscrire en progression sensible à 17,3 Mt d’après les dernières estimations (14,9 Mt en 2015), grâce à l’augmentation de 7,5 % des surfaces en betteraves dans l’Union européenne.
Les producteurs profiteront pleinement de la conjoncture favorable.
En savoir plus : http://www.betteravenir.com (site du salon Betteravenir).
Notre photo montre des betteraves sucrières, et est issue du site Fotolia, lien direct https://fr.fotolia.com/id/45193673.