–stop–
Le mois de juin a bénéficié de conditions relativement sèches et surtout d’un fort ensoleillement qui ont favorisé la couverture du sol. Toutefois l’épisode caniculaire de la fin juin pourrait devenir préoccupant pour les rendements, notamment s’il se poursuit trop longtemps en juillet. La situation sanitaire de ce mois est relativement calme, peu de parasitisme, un peu de mildiou, pas de maladies foliaires habituelles. La surveillance est à poursuivre cet été.
Bilan climatique
Ce mois de juin a bénéficié de conditions anticycloniques dominantes une grande partie du mois. Il en résulte sur les zones betteravières une température moyenne de 16,7°C, légèrement supérieure de 0,7°C aux normales saisonnières. La pluviométrie est revenue avec les orages en deuxième quinzaine du mois. Elle est déficitaire pour le 3ème mois de suite avec 37 mm de moins que les normales saisonnières égales à 59 mm. Le déficit accumulé depuis le début de l’année est inférieur de 65 mm au cumul des normales saisonnières de 273 mm. L’ensoleillement a quant à lui été supérieur de 35 %.
Il est à signaler la mise en place d’un épisode caniculaire au 30 juin qui devrait persister début juillet.
Développement foliaire
Après une vitesse de couverture foliaire proche de 2014 au mois de mai, le développement des feuilles a été ralenti en juin à cause du manque de pluviométrie. Pour un sol moyen de 150 mm de réserve utile, l’état des réserves hydriques était proche de la réserve de survie dans toutes les régions à la fin du mois de juin. Cette situation rappelle celle de 2011, avec néanmoins un stress hydrique qui avait commencé plus tôt dès la mi-mai.
Prévisions de rendement
Comme en 2011, le stress hydrique affecte pour le moment essentiellement les feuilles. Les ratios « poids de Racine/poids des Feuilles » mesurés dans quelques expérimentations sont plus élevés qu’en année normale.
La prévision de rendement réalisée le 27 juin avec le modèle Previbet reste donc optimiste avec un rendement en sucre théorique qui atteint 14,0 t/ha au niveau national en considérant un climat normal jusqu’au 20 octobre. La pluviométrie de juillet va toutefois être déterminante.
Montées à graines
Les premières montées à graines sont signalées dans toutes les régions. Ces montées sont issues de pollutions des semences ou de plantes très sensibles à la vernalisation.
Le processus physiologique de « vernalisation » permet à la plante de passer du stade végétatif au stade reproductif et donc de fleurir puis monter à graine. Il nécessite dans un délai de 90 jours après le semis des températures inférieures à 5°C pendant dix-sept jours, consécutifs ou non. La « dévernalisation », qui permet d’inhiber la vernalisation et donc la montée à graines, est un processus qui nécessite des températures supérieures à 25°C pendant 7 jours, consécutifs ou non, entre 60 jours à 120 jours après le semis.
Betterave montée à graines dans une parcelle : on remarque la hampe florale qui dépasse la végétation.
Les semis de mars ont vernalisé. La dévernalisation est partiellement atteinte en juin pour toutes les régions.
L’installation de la canicule devrait limiter les montées à graines.
Situation sanitaire
Ravageurs
Noctuelles : les premières chenilles de noctuelles sont signalées en quantité très limitée. Pour rappel, le seuil d’intervention est atteint lorsque 50 % des plantes portent des traces de morsures. Attention, il est important de vérifier la présence active du ravageur par l’observation de traces de déjections ou de chenilles dans la parcelle.
Chenille de noctuelle sur une feuille de betterave et dégâts sous forme de trous.
Pucerons : les vols de pucerons noirs se sont intensifiés depuis le début juin sur l’ensemble des régions avec l’élévation des températures. Cependant, les auxiliaires en pleine expansion depuis la mi-juin permettent de réduire ces populations de pucerons et aucun traitement chimique n’est donc nécessaire.
Larve de coccinelle dévorant un puceron vert.
Maladies, virus
Mildiou : la présence de betteraves portant un bouquet central rabougri avec un feutrage gris violacé est signalée dans toutes les régions. On peut également observer des jaunissements du feuillage. Le pourcentage de plantes atteintes est faible cette année. Aucun traitement fongicide n’est justifié sur cette maladie.
Dégât de mildiou : bouquet central rabougri avec un feutrage gris violacé.
Symptômes de jaunissement d’une betterave suite à une attaque de mildiou.
Maladies foliaires
La surveillance des maladies foliaires a débuté dans le réseau de surveillance RESOBET-FONGI, inclus dans le SBT (Suivi biologique du Territoire).
Le climat de juin a permis de limiter le développement des maladies foliaires, les premières taches apparues avec le retour des orages ne se sont pas développées suite à l’absence d’humidité des jours suivants.
Suivi de l’état sanitaire
Connectez-vous sur le site internet de l’ITB (www.itbfr.org) pour accéder :
• aux Bulletins de Santé du Végétal dans la rubrique « Actualités / conseils de saison / BSV » pour une analyse de risque régionale.
• aux notes d’informations régionalisées dans la rubrique de chaque région qui complètent l’analyse de risque par des conseils de nos experts régionaux. Vous pouvez également vous abonner à ces notes d’informations dans la rubrique « les Avis par courriel ».
Programmes d’action nitrates
Le ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie (MEDDE)a soumis à consultation publique un projet d’arrêté relatif aux actions renforcées qui seront d’application obligatoire dans des parties de zones vulnérables nécessitant une protection renforcée des eaux vis-à-vis de la pollution par les nitrates. Ces mesures renforcées pourront inclure en particulier la déclaration des quantités d’azote apportées aux cultures sous toutes formes, engrais minéraux et produits organiques, et l’enregistrement des parcelles d’épandage qui les ont reçus. Ces quantités épandues feront l’objet d’une surveillance à l’échelle de la zone d’action renforcée.
Elles pourront inclure l’obligation d’un calcul sur l’exploitation de la balance globale azotée (BGA), dont l’excédent ne devrait alors pas dépasser la valeur de 50 kg/ha (40 kg/ha dans l’Eure), selon un calcul annuel ou moyenné sur 3 ans. Les régions concernées par un calcul BGA en zone d’action renforcée (ZAR) sont l’île-de-France, la Haute Normandie, et l’Alsace. Le ministère a tenu une réunion de concertation le 17 juin avec différents représentants d’organismes de recherche et organismes du développement pour un avis technique sur les modalités de calcul.
Publications
La Technique Betteravière N°1022 du 23 juin 2015 disponible sur le site Internet de l’ITB (www.itbfr.org) en nouveauté fait le point sur la gestion des maladies foliaires en végétation.
Les maladies foliaires peuvent entraîner des pertes importantes de rendement lorsqu’elles sont mal maîtrisées. Pour raisonner au mieux la protection fongicide en betteraves, il est important de valoriser un ensemble de leviers disponibles.Le choix variétal doit entrer en jeu dans la gestion des maladies foliaires : des variétés très productives ayant des caractéristiques remarquables de résistances aux maladies foliaires sont aujourd’hui disponibles.
Le bon positionnement de la protection fongicide, par l’intermédiaire du réseau d’observation de parcelles de référence, RESOBET FONGI, et le respect des seuils de déclenchement des traitements sont essentiels pour la réussir.
Pérenniser l’efficacité des fongicides : en complément du choix variétal et du positionnement des applications, veiller à préserver l’efficacité des molécules fongicides en intégrant la gestion des modes d’actions, en adaptant le bon produit et la dose efficace.
Focus : l’ITB partenaire des Culturales 2015
Les 24 et 25 juin dernier, à Villers Saint-Christophe (02), s’est déroulée la 11e édition des Culturales, organisée par ARVALIS-Institut du végétal entouré de 31 partenaires et soutenue par le Conseil Départemental de l’Aisne et l’Agence de l’Eau Artois-Picardie. Près de 15 000 visiteurs sont venus découvrir, comparer et choisir les techniques les plus adaptées à leurs besoins : 200 exposants et plus de 30 espèces végétales réparties sur 19 pôles techniques animés par plus de 100 experts !
En tant que partenaires de l’évènement, les spécialistes de l’ITB ont présenté des solutions pour améliorer les performances techniques et environnementales de la betterave : des choix de variétés de mieux en mieux adaptées aux conditions de la parcelle ainsi que des techniques innovantes telles que le désherbage mécanique, la localisation de l’azote au semis, ou le strip-till.
Au sein de l’espace technique, l’ITB présentait un semoir équipé d’un dispositif d’incorporation de l’azote en localisé et une herse étrille en démonstration statique, et répondait aux questions techniques des visiteurs en quête d’information.
Les spécialistes de l’ITB, Pascal Amette (ici au micro) et Rémy Duval, accompagnés de leurs homologues d’Arvalis-Institut du végétal et de Terres Inovia, ont présenté la technique du Strip Till lors du « Show des Innovations ».
Lors de la visite officielle de l’évènement, l’espace de démonstrations de l’ITB a été présenté aux pouvoirs publics et représentants institutionnels, et Franck Wiacek, responsable du département « actions régionales » chez Arvalis-Institut du végétal, a rappelé les innovations majeures réalisées dans la filière betterave-sucre, ainsi que l’importance de penser en termes de systèmes intégrés pour une agriculture plus performante et respectueuse de l’environnement.
Journées de rencontres et d’échanges, les Culturales 2015 ont encore une fois tenu leur promesse et l’ITB se réjouit d’avoir participé à mettre en valeur les recherches, les réflexions et les technologies nécessaires à la construction de l’agriculture de demain !