Les coopératives agricoles complètent leur gamme de services en mettant à disposition de ses adhérents Protélis (www.protelis.fr), un outil d’épargne de précaution et de gestion des risques. Ces derniers ont ainsi la possibilité de verser directement sur un compte dédié une partie ou la totalité de leur revenu fiscal, pour se constituer une épargne de précaution.
Prenons l’exemple de la filière porcine. Dans cette filière, le prix du porc restera artificiellement élevé tant que la Chine ne retrouvera pas son niveau de production d’avant la crise de la peste porcine.
Quand ce moment arrivera, des dizaines de millions de tonnes de porcs exportés d’Union européenne ou des Etats-Unis seront alors sans débouchés. Et le prix du kilogramme alors s’effondrera.
En attendant, les éleveurs français de porcs s’attachent à assainir les comptes de leur exploitation et à se constituer une épargne de précaution pour avoir les moyens de faire face à leurs échéances lorsqu’ils produiront alors à pertes. La dernière crise du porc a montré que les cours pouvaient rester durablement bas.
Pour se constituer cette épargne de précaution, les éleveurs ont accès à plusieurs outils d’épargne, avec pour commencer la thésaurisation.
La déduction pour épargne de précaution (DEP) offre la possibilité aux éleveurs, après avoir clôturé leur compte de résultat de leur exercice, de défiscaliser une partie ou la totalité du bénéfice réalisé.
Pour développer de nouveaux services auprès de ses adhérents, Protélis, fondé par Groupama, NatUp et Bioline, donne aux coopératives la possibilité de proposer à leurs adhérents d’ouvrir un compte d’épargne de précaution auprès d’elles. Et il reviendra alors à ces adhérents d’abonder leur compte en y versant une partie ou la totalité de leur bénéfice fiscal.
Un Gaec (2 associés) a livré 4 000 porcs charcutiers (poids de 94 kg/porc) à sa coopérative en 2019. Le résultat fiscal constaté à la clôture 31 mars 2020 est de 110 000 euros. Ses associés ouvrent un compte d’épargne Protélis auprès de sa coopérative.
Le Gaec a 6 mois après sa clôture pour prendre une décision et constituer son épargne de précaution (règle du Code général des impôts).
Avec un résultat de 110 000 €, la DEP maximum est de 82 800 € (règle du Code général des impôts). Cette DEP de 82 800 €, exercée en totalité, entraîne l’obligation d’une mise en épargne de précaution d’au moins 41 400 € (règle du Code général des impôts : épargne de précaution entre 50 et 100 % de la valeur de la DEP). Mais le résultat imposable, DEP déduite, sera de 110 000 € – 82 800 € = 27 200 €.
En plus d’être un produit d’épargne, Protélis est un outil de gestion des risques.
Au début de chaque exercice, la plateforme propose à chaque détenteur de compte de déterminer le montant potentiel de son épargne de précaution en fonction de la conjoncture des marchés agricoles.
Cette dimension pédagogique donne tout son sens à ce produit d’épargne.
Détermination de la capacité d’épargne en €/kg
Pour estimer la capacité d’épargne de l’éleveur, l’indicateur de marché faisant référence dans la filière porcine, est le Marché du porc breton (MPB) de Plérin. Et chaque 1er janvier, on détermine :
– la référence – moyenne olympique sur 5 ans (2015- 2019 ) – qui est par exemple égale à 1,300 €/kg ;
– la valeur annuelle du marché de la production. Au 1er janvier 2020, on calcule la moyenne annuelle sur 2019 (1er janvier 2019 – 31 décembre 2019) du MPB : 1,496 €/kg ;
Puis on déduit la capacité d’épargne (0,196 €/kg) qui n’est autre que la différence entre le prix moyen sur 5 ans du kilogramme de porc et la valeur annuelle du marché à la production.
En vendant 4 000 porcs durant toute l’année 2020, le potentiel d’épargne de l’éleveur pris en exemple, via Protélis, est de 73 696 € (4 000 x 94 kg x 0,196).
Avant de commencer l’exercice 2020, l’éleveur a ainsi une estimation de sa capacité d’épargne. Et celle-ci est potentiellement défiscalisable puisqu’elle est inférieure au seuil de 82 800 €.
Une fois l’exercice clos, l’éleveur a évidemment la possibilité de faire plusieurs arbitrages en déduisant une somme inférieure à 82 800 €. Il peut aussi répartir sur plusieurs comptes d’épargne de précaution souscrits dans plusieurs banques.
Par ailleurs, l’éleveur restera le donneur d’ordre et l’argent versé est conservé sur le compte « Protélis » de la coopérative.
Celle-ci ne pourra puiser de l’argent sur ce compte pour épurer les comptes déficitaires de ses adhérents à leur insu. Même s’il va de soi que le coopérateur cherchera d’abord à rembourser ses dettes avant d’épargner.
De même, les recettes des ventes de porcs ne peuvent pas approvisionner le compte d’épargne de précaution. Elles sont directement créditées sur le compte de l’exploitation.
En cas de coup dur, l’agriculteur puise librement sur son épargne quand nécessité fait loi.
Habituellement, le fonds de roulement des exploitations bien gérées représente une année de chiffre d’affaires ou tout au moins le chiffre d’affaires équivalent à la durée du cycle de production de leurs activités : 1 an pour les céréales mais quelques mois en production laitière puisque le lait est vendu tous les mois.
En production porcine, c’est l’équivalent de deux années d’échéances de prêt qui doit être épargné pour parer aux périodes de crises, telle que celle qu’a connue la filière porcine avant l’émergence de la peste porcine en Chine.
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